[Société] VIDÉO – L’Université épargnée par le mouvement “Balance Ta Fac”

COVID-19. Alors qu’en métropole de nombreux étudiants s’indignent des conditions sanitaires mises en place dans leur faculté, sur l’île le climat est apaisé.

Amphithéâtres bondés, couloirs saturés, salles de travaux dirigés surchargées… Réunis sous le hashtag “Balance Ta Fac”, les photos, vidéos et messages d’étudiants métropolitains en colère contre leur université pullulent sur les réseaux sociaux. “Ma fac est située en zone rouge. Mes cours pourraient largement se faire en distanciel. Pourtant, on nous entasse dans de toutes petites salles sans aération et sans aucune distance. Le distanciel “c’est compliqué”, mais mettre nos vies en danger, no problem !”, rapporte par exemple Aymeric, passablement énervé.

À La Réunion, la situation est beaucoup plus calme. Sur le campus niché en plein cœur du Moufia, à Saint-Denis, les étudiants doivent obligatoirement porter le masque. À l’entrée de chaque amphithéâtre et de chaque salle de classe, des affiches plastifiées, éditées par l’organisme Santé et sécurité au travail, indiquent le nombre de personnes maximum autorisées à y pénétrer. Des flacons de gels hydroalcooliques sont disséminés aux quatre coins de l’université, dans les couloirs, les bureaux d’accueils ou à l’entrée des salles.

Des rondes spéciales Covid

“C’est extrêmement bien fait, se réjouit Jean-Daniel, étudiant en première année d’info-com. On est séparés par un siège de distance et pour les cours où toute la classe ne peut pas rentrer dans l’amphi, on les fait en distanciel, sur Zoom, ce qui permet de nous protéger de tout contact”. “Je suis dans une salle de classe avec une personne par table, témoigne quant à elle Ana, une étudiante allemande de 20 ans spécialisée en écosystèmes tropicaux. Après une heure dans la classe, on fait une pause pour s’aérer et il y a aussi des désinfections régulières.” Tee-shirt orange pétant sur le dos, des étudiants volontaires organisent aussi des rondes pour vérifier que les distances et le port du masque sont respectés.

Pour être en règle avec la distanciation sociale, l’Université a dû profondément s’adapter. En cours magistraux comme en travaux dirigés, tous donnés par des profs masqués, les effectifs ont été scindés en deux. “En Paces, notre rentrée a été reportée plusieurs fois”, expliquent Aline et Céline, inscrites en première année et déjà en pleine révision. La raison ? “Nos professeurs doivent préparer nos cours, qui seront tous à distance.” Pas toujours facile. “Des fois les logiciels rament, des fois des étudiants font n’importe quoi et mettent de la musique, peste Ben, étudiant en Sciences sociales. C’est désagréable et du coup, on n’arrive pas bien à suivre. On préfère le présentiel mais on n’a pas le choix, on doit faire avec.”

“Tout le monde se colle”

Dans son Université, Océan, inscrit en science de la vie, se sent “assez en sécurité.” Mais pour lui, le bât blesse lors de l’entrée dans les amphis. “Les étudiants ne respectent pas les distances de sécurité parce qu’on n’a pas la place, les entrées sont très petites et souvent, il n’y en a qu’une donc tout le monde se colle.” Au restaurant universitaire, si du rubalise, des marques au sol et des écriteaux invitent à la distanciation et à emprunter un sens de circulation bien précis, cela n’empêche pas Ben de “flipper un peu. On est assis presque tous à côté, il n’y a pas vraiment de séparation”, regrette-t-il, sans pour autant manger ailleurs.
Bien loin des tumultes de certaines facultés hexagonales, cette rentrée péi à la sauce Covid plombe quand même l’ambiance. “C’est un peu froid, pointe Lisa, qui n’aura pas le droit à sa traditionnelle soirée d’intégration. Même à l’extérieur, on est très distancé, il n’y a plus de groupes.” “Il y a beaucoup moins de personnes qui restent après les cours, poursuit Jean-Daniel, un brin déçu. Chacun rentre chez soi, c’est dommage mais c’est comme ça.”

Kilian Kerbrat