[Société] Piton de la Fournaise: une crise sismique qui rappelle l’éruption du siècle

Depuis lundi, le volcan connait une crise sismique qualifiée d’exceptionnelle par l’équipe de l’observatoire volcanologique du piton de La Fournaise. Aline Peltier, directrice de l’OVPF, revient sur ce phénomène semblable à celui observé lors de l’éruption du siècle en avril 2007.

En quoi cette crise sismique est si exceptionnelle ?

Aline Peltier, directrice de l’OVPF : “Elle est exceptionnelle d’abord par sa durée. 48 heures de crise sismique et depuis la fin de la crise, une sismicité qui est toujours présente à la fois sous le sommet et le flanc Est. Des déformations importantes dans le flanc Est, 70 cm enregistrés sur notre réseau GPS, voire plus dans des secteurs non couverts par les stations permanentes (les données satellites à venir nous le préciserons). Cela n’était pas arrivé depuis 2007 et l’éruption d’avril qui avait été qualifiée à l’époque d’éruption du siècle.”

Pouvez-vous nous faire un point en cette fin de semaine ?

Même si l’activité sismique et de déformation à fortement diminué, elle persiste encore aujourd’hui.

Ces nombreux séismes impliquent-ils obligatoirement une éruption ?

Pas forcément. Une crise sismique indique une intrusion de magma en profondeur, mais pas forcément une éruption. Si la pression n’est pas assez forte ou si une obstruction se produit, la lave ne va pas sortir. Le dernier exemple est le 3 juillet où une crise sismique n’avait pas aboutit à une éruption.

Si une éruption devait avoir lieu, elle serait plutôt sur le flanc Est ?

L’intrusion est actuellement sous le flanc Est en haut des Grandes Pentes.

Deux foyers sismiques sont observés : sur le sommet et sur le flanc Est. Un lien existe entre eux ?

Le premier essaim est localisé sous le sommet. Il reflète le départ de l’intrusion depuis le réservoir de magma superficiel qui est localisé aux alentours de 2km sous le sommet. Ces séismes sont provoqués par la rupture du toit de ce réservoir qui a permis à l’intrusion de s’échapper de ce dernier. Le deuxième foyer sous le flanc Est est issu de la propagation du magma sous ce flanc, ils ne traduisent pas forcément une arrivée de magma à ce niveau mais une contrainte qui s’accumule à ce niveau du fait de la propagation du magma dans cette direction. Les deux essaims sont encore actifs aujourd’hui ce qui montre qu’il y a encore une circulation de magma à ces deux niveaux.

Le séisme de 4,4 sur l’échelle de Richter ressenti le lundi 21 septembre sur l’île a-t’il un lien avec cette crise sismique ?

Non, ce sont des processus, des localisations et des profondeurs différentes. La sismicité sous la Fournaise avait d’ailleurs repris avant le séisme de M4.4.

Ces séismes provoquent des effondrements. Où sont-ils situés ? Sont-ils très importants ? Faut-il les craindre ?

Difficile à dire car les signaux sont de faibles amplitudes et donc difficiles à localiser d’après leur signature sismique. Il peut s’agir de petits éboulements en surface ou d’affaissement dans le sous-sol sous la surface, en lien avec l’intrusion du magma. Nous sommes en relation quotidienne avec les services de l’EMZ et le SAG/PGHM, et dès qu’il sera possible une reconnaissance sera faite dans le secteur pour voir si il y a eu des éboulements visibles en surface suite à cette intrusion.

Le volcan de Mayotte bouge aussi. Le 25 septembre dernier a été observé un séisme de 4,4 sur l’échelle de Richter. Est-ce que les différents séismes entre les deux îles peuvent avoir un lien ?

Non pas de lien, les deux îles sont distances de plus de 1 400 km.

Concernant le volcan de Mayotte, une nouvelle campagne scientifique de mesures sismiques se déroule du 02/10 au 31/10. L’équipe de l’OVPF sera de la partie ou seulement le BRGM ?

Il n’y a pas de personnel de l’OVPF sur cette mission, mais du personnel de l’OVPF embarquera sur la prochaine campagne en mer.
 

Recueillis par Véronique Tournier

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