[Société] L’instinct paternel, ça existe ?

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Plus présents et plus démonstratifs, les nouveaux papas s’impliquent davantage dans l’éducation de leurs enfants. Pourtant, si le terme “instinct maternel” est régulièrement utilisé, celui “d’instinct paternel” paraît encore étrange. Il est temps de bousculer les stéréotypes.

Erigée comme la norme, puis déconstruite, la notion d’instinct maternel est régulièrement utilisée pour décrire le lien qui unit la mère à l’enfant. Mais son pendant masculin, l’instinct paternel, existe-t-il ? Pour Serge Lebon la réponse est oui. Le formateur en parentalité, le définit comme “une capacité à s’impliquer et à se connecter à l’enfant qui se développe au fur et à mesure”. Il ne serait donc pas forcément inné. “Qu’il s’agisse de l’instinct paternel ou maternel, on a tendance à le sacraliser. On a l’impression que c’est quelque chose qui devrait être là, quand on devient parent. Or, c’est un amour qui se cultive”, nuance-t-il. Même si le père ne porte pas l’enfant, l’attachement peut se créer avant la naissance. En accompagnant la maman aux rendez-vous gynécologiques par exemple, en échangeant avec la sage-femme ou simplement en achetant le matériel pour accueillir le bébé. “C’est comme ça que l’homme se prépare à être père, de façon consciente et inconsciente”, poursuit Serge Lebon. En 2017, l’observatoire de la parentalité a réalisé une étude auprès d’un échantillon de Réunionnais sur le rôle et la place du père dans notre île. 31 % des hommes interrogés ont déclaré se sentir père pendant la grossesse, 28 % au moment de la naissance, 17 % avant la conception du 1er enfant et 14 % progressivement après la naissance. “Dans le champ de la sociologie, l’instinct paternel se traduit dans les relations sociales, dans la participation à l’éducation et dans le ressenti. Aujourd’hui, la tendance sociale montre que le papa s’épanouit dans son rôle, sans tabou. Il n’a plus honte de dévoiler son affection. C’est une forme de libération”, souligne Thierry Malbert directeur de l’observatoire et enseignant-chercheur en sciences sociales à l’université.

Selon le chercheur, une rupture s’est matérialisée entre la nouvelle génération et leur père et grand-père. Traditionnellement, ces derniers ne s’impliquaient pas dans la période de la petite enfance. Ils intervenaient dans l’éducation des enfants plutôt vers l’âge de 7 ans, “au second sevrage”. Ils s’occupaient de leurs pré-ados et adolescents, qui les aidaient dans les champs ou le commerce. “Avant la femme était la seule à se concentrer sur la naissance pendant la grossesse et elle restait seule avec bébé après. C’est un phénomène sociétal qui se voit encore dans les maternités : on parle généralement de pôle mère-enfant et pas parents-enfant”, pointe Serge Lebon. Lors de ses ateliers, il rencontre des futurs papas qui s’éloignent du modèle d’éducation qu’ils ont connu. “Ils se demandent comment faire autrement, mais sans forcément juger. Chacun fait avec les outils qu’il a. Les papas d’aujourd’hui peuvent mieux s’informer.”, explique-t-il. D’ailleurs, dans l’enquête de l’observatoire, 85% des répondants ont déclaré que l’éducation qu’ils donnaient à leur enfant était “totalement” ou “plutôt” différente de celle qu’ils avaient reçue de leur père. Selon les hommes sondés, leur propre père était très peu ou pas du tout impliqué dans leur éducation (55%), ou dans la gestion des tâches quotidiennes liées à la scolarité, aux loisirs ou encore à la santé.

Les nouveaux papas veulent donc s’investir dès les premiers instants de vie de leur bébé. Ils veulent être présents et participer équitablement aux actes de la vie quotidienne. “Le père d’aujourd’hui souhaiterait prendre pleinement sa place dans l’éducation de ses enfants, à condition que la mère lui concède un pan de son territoire « traditionnel », leur confère leur place légitime, et le soutienne dans son rôle de partenaire éducatif, qu’il soit en couple ou séparé”, peut-on lire dans l’étude. “Auparavant la distribution des rôles était plus stricte et plus genrée”, abonde Thierry Malbert. Désormais, les futurs papas se préparent lors d’ateliers comme ceux dispensés par Serge Lebon. “Ils ont envie d’en savoir plus, ne serait-ce que pour apprendre les soins ou les petits gestes comme changer les couches”, précise-t-il. Au sein du couple, l’investissement grandissant du papa amène une meilleure répartition des tâches. “Les mamans sont ravies dès que les papas ont plus de connaissances, et eux, ont des outils pour l’après et se sentent encouragés. Ça rééquilibre les savoirs. Les papas montrent qu’ils peuvent aussi être aimants, attentionnés et sensibles. Ces traits ne leur retirent pas leur masculinité, un homme peut montrer sa vulnérabilité.”, explique Serge Lebon avant d’ajouter “Devenir parent, ça prend du temps, on apprend tous les jours”. C’est pourquoi, les réseaux de soutien à la parentalité se tournent de plus en plus vers l’accompagnement des papas. De même, la CAF de La Réunion et l’observatoire de la parentalité ont travaillé en commun sur une action de valorisation de la place et du rôle du père dans la société réunionnaise et dans la famille. Même si l’égalité avec les mères est encore loin et que le congé paternité français reste l’un des plus courts d’Europe, les nouveaux papas font bouger les lignes.


A lire

Dans «l’instinct paternel, plaidoyer pour des nouveaux pères», la sociologue Christine Castelain-Meunier parle d’une génération de papas de plus en plus engagée dans l’éducation et plaide pour plus d’égalité entre les parents.

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