[Société] Les pénitents privés de Cavadee

SAINT-BENOîT. Pour la première fois dans l’histoire du temple de La Marine, il n’y aura pas de Cavadee cette année, crise sanitaire oblige. Et c’est via les réseaux sociaux que les fidèles suivent les cérémonies, filmées en direct.

La ferveur, la foule en moins. Ce mardi, ce sont des centaines de personnes qui auraient dû se rendre depuis très tôt au temple Siva Soupramanien pour assister aux premières cérémonies de la fête des 10 jours. Un moment intense dans la vie des fidèles, marqué le dernier jour par la procession du Cavadee. Le 4 juin, ces sont plus de 500 pénitents qui devaient porter cette année l’arche fleurie, le corps transpercé pour certains d’aiguilles en l’honneur du dieu Mourouga. Avec la famille et les proches qui accompagnent les pénitents, c’est un défilé de plus de 2 000 personnes qui devaient rejoindre le temple depuis les berges de la rivière des Roches. Tout simplement impossible à organiser regrette le président, Marc Cadivel. Impossible de faire respecter une distanciation d’un mètre entre toutes les personnes. Les regroupements de plus de 10 personnes sont de toute façon interdits sur la voie publique, dans l’attente des annonces du Premier ministre aujourd’hui. Mais difficile d’imaginer que les regroupements de centaines de personnes soient autorisés dans les prochaines semaines ! Et impossible de modifier la date. Quand d’autres temples organisent leur Cavadee en janvier (Saint-André, Saint-Louis) ou en août (Saint-Denis), le temple bénédictin a historiquement (depuis plus de 80 ans) choisi l’étoile Visaagam, célébrée à cette période, pour honorer Mourouga. Un crève-cœur pour le président et les pénitents qui se préparent depuis des mois. “Le Cavadee est l’un des moments les plus importants dans la vie du croyant, c’est à ce moment là qu’il fait les plus grands sacrifices, c’est un moment de purification et de remerciement”, commente-t-il. 

Le prêtre et un caméraman

Alors que des centaines de personnes devaient partager chaque jour de grands repas dans le réfectoire, même annulation cette année. Ce qui aura un impact pour les finances du temple, la fête s’accompagnant de dons des fidèles pour aider au fonctionnement. Pour les cérémonies, le temple a également fait le choix de limiter à 10 personnes le nombre de personnes présentes, incluant le prêtre et un caméraman pour les retransmettre en direct sur les réseaux sociaux. 

Des vidéos qui connaissent un franc succès depuis le déconfinement. Pas de procession de la divinité à l’extérieure du temple non plus. Placée sur un chariot à roulettes, elle a lieu chaque jour dans l’enceinte du temple. Port du masque, nettoyage des mains, parcours fléché… Tout a été mis en œuvre par le temple pour permettre à la fête de se dérouler, même si c’est en petit comité. 

Par groupe de 5 maximum, les fidèles peuvent ainsi déposer leurs offrandes aux divinités. C’est le cas de Gaëlle, venue faire une offrande accompagnée de son mari. Elle devait faire le Cavadee. Si elle regrette la situation, elle dit la comprendre également. Privée de ses grands rassemblements, la fête des 10 jours n’aura jamais été aussi spirituelle pour les fidèles… Le dernier jour, le Cavadee du temple sera porté au sein de l’enceinte au nom de tous les pénitents.  

P.M.