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Ces actions ne datent pas d’hier. Depuis plusieurs années, en Afrique du Sud, aux États-Unis, au Ghana et dans plusieurs pays européens, des militants anti-racistes déboulonnent les statues de figures historiques liées au colonialisme et/ou au racisme. La statue de Mahé de Labourdonnais située dans le jardin en face de la préfecture à Saint-Denis, déjà prise pour cible en 2011 et en 2015 est de nouveau dans le viseur des militants anticoloniaux.
Ces statues trônent la plupart du temps dans des lieux très passants. Bien en vue, elles sont le rappel d’un passé douloureux, d’un système qui a perduré durant des décennies et qui était basé sur le racisme, l’exploitation de femmes, d’hommes et d’enfants considérés inférieurs à cause de leur couleur de peau.
Un passé que nombre de pays peinent encore à assumer. Tandis que cette idéologie basée sur la haine de l’autre et la méconnaissance perdure. Pour les afrodescendants, voir ces statues dans l’espace public est un rappel quotidien d’une période sombre de l’histoire, d’une période où ils n’auraient pas eu leur place dans la société, où ils auraient été considérés comme un bien meuble.
Pour les militants antiracistes, ce rappel douloureux est insoutenable et condamnable car pour eux, il implique également l’État. Les activistes considèrent que les gouvernements, en laissant ces statues d’esclavagistes dans les rues sont complices d’une histoire tronquée « l’Histoire est racontée par les colons et non les colonisés ». Pour les militants, mettre en avant ceux qui ont instauré, participé, fait perdurer le système colonialiste est révélateur d’un état d’esprit général ou plutôt d’un racisme systémique.
Alors que les statues de figures du colonialisme trônent fièrement dans les rues, celles d’esclaves, qui, pour la majorité sont restés anonymes sont rares, très rares. Alors l’argument de la mémoire collective que mettent en avant les défenseurs de ces statues de personnages controversés pose question.
Aujourd’hui, les militants antiracistes et anticoloniaux passent à l’action. Le 22 mai dernier, jour de l’abolition de l’esclavage en Martinique, deux statues de Victor Schœlcher ont été détruites. « Libérateur des Noirs » pour certains tandis que pour d’autres, la lecture de l’histoire est toute autre « les Noirs se sont libérés eux-même de l’esclavage » affirme certains militants anticoloniaux.
Statue de « Victor Schoelcher » détruite aujourd’hui en Martinique. #22Mé pic.twitter.com/99ZQAr12di
— 🌴La page tweet des antilles🌴 (@antilles97x) May 23, 2020
Le meurtre de George Floyd, asphyxié par un policier blanc qui a appuyé son genou sur son cou durant près de neuf minutes le 25 mai dernier à Minneapolis a provoqué l’indignation et le soulèvement des antiracistes du monde entier. En marge des rassemblements, des marches pour dire « stop aux violences policières », « stop au racisme » et que « les vies des Noirs comptent », des militants anticoloniaux ont déboulonné la statue d’un marchand d’esclave à Bristol.
Anti-racism protesters tore down and threw a bronze statue of 17th century slave trader Edward Colston into a river in Bristol, England on Sunday as thousands demonstrated across the UK over George Floyd’s death https://t.co/aWXfAaMujd pic.twitter.com/1ZLwYdOjU3
— CBS News (@CBSNews) June 8, 2020
En Belgique, une statue de l’ancien roi Belge Léopold II – resté dans les mémoires pour avoir colonisé le Congo – a été dégradée, dans le jardin du Musée de l’Afrique à Tervuren. Et mardi, la ville d’Anvers a décidé d’enlever cette statue de l’espace public. Elle finira sans doute dans un musée.
Une statue de l’ex-roi des Belges Léopold II, figure controversée du passé colonial de la Belgique, a été retirée d’un square aujourd’hui à Anvers pour être entreposée dans les réserves d’un musée local #AFP pic.twitter.com/uYcOkfmXzF
— Agence France-Presse (@afpfr) June 9, 2020
Ces actions ont fait ressurgir la controverse autour de la statue de Mahé de Labourdonnais qui se trouve dans le jardin en face de la préfecture. Jusqu’ici, les militants anticoloniaux n’ont pas déboulonné la statue mais en 2011, un drap a été installé sur la statue symbolisant l’ « enterrement de Mahé de Labourdonnais ». Le collectif Réyoné Soubat Kont Profitèr, à l’initiative de cette action l’avait expliquée ainsi « pour venger notre histoire ». L’objectif était d’enterrer « un bourreau, un colon ».
Une action du même genre avait eu lieu en 2015, une action symbolique sans dégradation avait été menée. Sur la même statue, deux pancartes avaient été installées, sur l’une, on pouvait lire « je suis raciste », sur l’autre « je suis esclavagiste ».
Aujourd’hui et au vu de l’actualité, la question de la statue de Mahé de Labourdonnais revient sur le tapis. Les militants anticoloniaux réunionnais ne comptent pas s’avouer vaincus dans ce combat qui vise à décoloniser l’espace public.
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