[Société] La culture du viol à La Réunion : Les langues se délient de plus en plus 

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Chaque année, plus de 20 000 personnes sont victimes de violences sexuelles en France. À La Réunion, le phénomène est également très présent. Mais ces dernières années, de plus en plus de victimes osent prendre la parole.

 

Pauline Bénard

Dans l’un des bureaux de la police judiciaire de Nantes, l’ambiance est pesante. Le silence est entrecoupé par l’échange formel entre un policier au polo sombre et cheveux grisonnants et Marie, 20 ans. Sa voix a été modifiée pour garder toute trace d’anonymat, mais elle est brisée. Car Marie est venue déposer plainte pour un viol commis par le petit ami de sa tante, la veille. Le dialogue a des allures de match de tennis : le policier lui pose des questions, même celles qui fâchent, et Marie répond aussitôt. Il la rassure même de son innocence. «Je n’y crois pas trop», lâchera-t-il plus tard, après l’audition de la jeune femme…

 

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Dans son documentaire intitulé «Elle l’a bien cherché», sorti en juillet 2019 sur Arte, Laetitia Ohnona a cherché à comprendre pourquoi une plainte sur dix seulement arrive jusqu’aux assises en France. Une statistique qui révèle l’ampleur du problème de la violence sexuelle dans notre pays. Selon le dernier rapport Insécurité et délinquance du ministère de l’Intérieur, les gendarmes et les policiers ont constaté pas moins de 24 800 viols en 2020, soit une hausse de 11 % par rapport à 2019. Plus inquiétant encore : le nombre de viols constatés en France a augmenté d’un tiers en deux ans, passant de 18 800 faits en 2018 à 24 800 aujourd’hui.
À La Réunion, la parole des victimes de violences sexuelles se fait entendre de plus en plus. Les langues se délient peu à peu… Pour Pierrette Mira, directrice de l’association Femmes Solid’Air, «ce sont des situations encore un peu tabou, explique-t-elle, mais nous recevons des femmes fortes qui osent venir parler de leur état, de ce qui leur est arrivé.»

 

Le réseau est encore balbutiant

Sur le territoire, des dizaines de structures prennent en charge des femmes, hommes et enfants victimes de violences intrafamiliales, dont le viol revient presque dans toutes les plaintes déposées. «Beaucoup de femmes se font violer dans le cadre de leur parcours avec un conjoint, poursuit Pierrette Mira, une grande majorité d’entre elles ne verront pas un rapport sexuel forcé comme un viol parce qu’il s’agit de leur mari et qu’il s’agit de leur devoir.»
Pour autant, «il n’y a pas d’associations qui s’occupent essentiellement des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants, déclare le docteur Christine Visnelda Douzain, responsable de l’unité psychotrauma à l’EPSMR, le réseau est encore balbutiant.» Au sein de l’unité NOÉ (Nord-Ouest-Est), une équipe de soignants prennent en charge les personnes victimes de viol et depuis une dizaine d’années, «c’est non-stop, peut-être même plus à La Réunion qu’ailleurs», s’insurge le Dre Visnelda Douzain.
Selon le rapport du ministère de l’Intérieur, le taux de violences sexuelles sur le territoire réunionnais a augmenté de 1,1% en 2020. Un chiffre stable selon le rapport, mais qui reste déroutant pour la responsable de l’unité psychotrauma. «Le nombre de personnes qui se présentent ne cesse de monter, se désole-t-elle, quand on les prend en charge, les souffrances sont à tous les niveaux. Quand on est victime de violences sexuelles, c’est toute notre vie qui est détruite. Il n’y a rien, rien et rien qui justifie une agression sexuelle sur un enfant, sur une femme ou sur un homme. Les agressions sexuelles et les violences sexuelles sont interdites par la loi, vous ne pouvez pas voler quelqu’un, vous ne pouvez pas lui prendre sa parole, et encore moins son corps, vous ne pouvez pas vous servir de son corps comme un objet comme cela vous chante. Et la culture du viol c’est cela, on pense qu’on a encore le droit de se servir du corps des femmes comme on en a envie. Et le pire, c’est qu’on se sert aussi du corps des enfants.» 

 

Le documentaire « Elle l’a bien cherché » de Laetitia Ohnona est disponible sur arte.tv pour une année supplémentaire, à savoir jusqu’au 29/04/2022.

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