[Société] “Foi et raison sont indissociables” : les responsables religieux intiment aux fidèles de respecter le confinement en cette période de fêtes

Il a réuni pour l’occasion l’évêque de La Réunion Mgr Gilbert Aubry, mais aussi Omar Issop, le secrétaire du groupe départemental interreligieux. Une intervention qui rappelle que le confinement doit être respecté en dépit du calendrier religieux, qui pour plusieurs communautés s’annonce chargé les prochaines semaines. 

En effet, le ramadan doit commencer dans deux semaines pour les musulmans ; la communauté tamoule elle, doit célébrer le nouvel an dans quelques jours. Et bien sûr, les fêtes de Pâques, ce week-end, sont d’une haute importance pour les chrétiens. 

“Le confinement sera soumis à une rude et belle épreuve” dans les prochains jours, en terme de fêtes religieuses, a souligné le préfet.  

“Ce moment doit être transformé en moment de réflexion, de lecture, de recherche du savoir”

Omar Issop, le secrétaire du groupe départemental interreligieux a ensuite pris la parole. “Le confinement fonctionne très bien, mais il ne faut pas baisser la garde, surtout en cette période de fêtes religieuses”, a-t-il dit, évoquant un “enjeu crucial de santé publique”. 

“Ce moment, si compliqué soit-il, doit être transformé en moment de réflexion, de lecture, de recherche du savoir, de confinement du cercle familial autour de la patience et de l’amour”. Ainsi, dans la perspective des différentes fêtes religieuses à venir, Pâques, le ramadan, le Nouvel an tamoul et Pessah, il faut respecter les distanciations dit-il. “Foi et raison sont indissociables”. Les portes de la “miséricorde divine sont toujours ouvertes”, termine-t-il. 

Un protocole d’accompagnement des familles de malades hospitalisés

Mgr Aubry lui, s’est adressé aux catholiques en cette veille de Pâques. Il s’est dit “très attentif aux consignes de sécurité et gestes-barrière”, prônant le confinement strict. Toutes les églises sont fermées, et tout se traite par téléphone rappelle-t-il. “Nous avions de grands événements qui ont été reportés”, dit-il, parlant notamment de la messe chrismale. 

“Pas de présentation de condoléances devant les églises”, à la fin des obsèques rappelle-t-il. “Nous pensons aussi aux malades et à la situation où des malades pourraient décéder au CHU. Nous avons un protocole d’accompagnement des familles et en cas de décès“. Dans cette situation, le médecin avertit la famille, qui avertit l’aumônier, qui prend contact avec la famille, mais n’intervient pas dans le processus de l’hôpital et prie par téléphone avec la famille. 

Une messe pour les personnes décédées

La liste des noms des personnes qui décéderaient du coronavirus sera communiquée dans chaque paroisse du diocèse, et une messe sera célébrée pour eux, si décès il devait y avoir, a annoncé Mgr Aubry. Rappelons qu’à ce jour, aucun décès du coronavirus n’est à déplorer sur notre île.

En cette semaine Sainte, une messe est diffusée sur Radio Arc en Ciel, depuis le monastère de la colline du Rosaire, poursuit l’évêque. Une messe télévisée est aussi diffusée le dimanche, depuis la petite chapelle de la Salette, rappelle Mgr Aubry. “C’est un soutien pour les familles, nous recevons beaucoup de demandes de prières”. 

“Confinement, confinement, confinement ! Rest zot kaz !”

“Confinement, confinement, confinement ! Rest zot kaz !” a enjoint l’évêque. “Mais ress aussi en relation les uns avec les autres, soutient les personnes âgées, laisse pas zot tout seul, mette pas out vie en danger, mette pas la vie des autres en danger”. 

L’évêque rappelle aussi que La Réunion a déjà connu et survécu à plusieurs épidémies par le passé, dont le choléra, ou la grippe espagnole qui a décimé le quart de la population à l’époque. “Faut pas nous arrive là, faut nous bloque a li là”. Il évoque aussi l’épidémie de polyomélite, la dengue, le chikungunya. “Il ne faut pas que notre pays devienne un pays de fous. Combinons la raison, la liberté, et la responsabilité”. 

Il prévient toutefois que la vie ne pourra pas recommencer normalement après le confinement. “Il faut qu’on découvre la sobriété, déjà maintenant. Nous sommes dépendants les uns des autres, il faut qu’on inscrive tout ça dans une économie verte. Parce que c’est quand on pille la planète, qu’on ne se respecte pas les uns les autres, que les virus se réveillent. Nous pouvons nous aimer les uns les autres. Aide-toi, et le ciel t’aidera. Dis pas bon dieu va faire toute et nous nous fait rien, li la besoin de nous comme collaborateurs”. 

“Notre foi ne dépend pas uniquement d’un calendrier”

Quant au Pasteur Christophe Cousinie pour l’Eglise protestante, il a invité à “vivre la Pâques par une fête de retrouvailles, de libération”, après le confinement. “Notre foi ne dépend pas uniquement d’un calendrier, elle dépend de cette envie d’annoncer que la vie triomphe toujours”, a-t-il insisté, citant l’Evangile. Il faut se préoccuper, dit-il, de l’autre, de nous, et respecter le confinement strict et les gestes-barrière. “Ces temps sont difficiles, comme des temps de ténèbres, mais même le plus noir nuage a toujours sa frange d’or”.