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Auparavant absents de l’éducation des enfants, les pères réunionnais tendent aujourd’hui à occuper une place plus importante aux côtés de leurs marmailles. Ils s’impliquent davantage et tissent des liens plus importants que ceux qu’ils ont pu entretenir avec leur propre père.
Jeune papa, Sébastien est aussi impliquée que la maman dans la vie de leurs deux filles âgées de 7 et 1 ans. Il s’occupe d’elles le week-end lorsque sa femme travaille, se charge de les déposer et de les récupérer à l’école et à la crèche, s’occupe des devoirs de l’une, des couches et des biberons de l’autre… De l’avis de sa compagne, il excelle dans son rôle de papa modèle, alors même qu’il n’a pas eu un père particulièrement présent dans sa vie.
“Mais c’est l’époque qui voulait ça, fait-il remarquer. Auparavant, les pères se contentaient de travailler pour laisser les mères s’occuper seules du foyer et des enfants. Heureusement que les mentalités ont évolué !“
A l’image de Lionel, de plus en plus de papas s’investissent dans les tâches de la maison et ne tolèreraient plus de rester écartés de la vie de leurs enfants. D’après une étude de l’Observatoire de la Parentalité à la Réunion, parue en 2017, les pères d’aujourd’hui veulent être pleinement acteurs de leur éducation. Dans une île où les familles monoparentales sont trois fois plus nombreuses qu’en métropole, une donnée en dit d’ailleurs long sur l’implication des pères : 74% d’entre eux seraient favorables à une garde alternée en cas de séparation.
“Depuis la fin des années 1990, émergent les nouveaux pères qui changent le modèle de leur propre papa et s’impliquent dès la petite enfance, rappelle l’Observatoire. Ce sont ces nouveaux pères qui amèneront la loi de la co-éducation en 2002. Des associations et des voix de pères ont ainsi commencé à bouger les lignes en affirmant que même divorcés, ils voulaient s’occuper de leurs enfants. Le père est donc à la croisée des chemins pour trouver sa place“.
Des vidéos pour valoriser la place du père
Comment s’incarne cette nouvelle figure paternelle ? Sur un échantillon de 300 pères interrogés, 74% indiquent avoir modifié leur temps de travail pour s’occuper de leurs enfants. Alors que 55% des répondants affirment que leur père était très peu ou pas du tout impliqué dans leur éducation, 85% des interrogés disent élever leurs enfants différemment d’eux. 42% des pères avouent même s’inspirer de leur sœur, de leur mère ou de leur compagne afin de se construire une figure paternelle. Ici, il n’est nulle question de copier les femmes de la famille, mais de s’inspirer d’elles pour se réinventer en tant que pères.
Inscrite dans une politique de soutien à la parentalité, la Caf mène depuis l’année dernière une campagne pour valoriser la place du père et assurer plus d’égalité avec la mère. De cette impulsion sont nées une dizaine de vidéos, visibles sur la page Internet de l’Observatoire de la Parentalité de la Réunion. D’une durée de 3 minutes, elles donnent la parole aux jeunes parents et en particulier aux jeunes pères. Plusieurs thèmes sont explorés comme leur rôle dans le développement de l’enfant, la manière de s’y prendre avec un enfant ado, la place qu’ils doivent occuper en tant que parents isolés…
Mais comme le rappelle l’Observatoire dans son compte-rendu, “quel que soit son mode d’être, le père d’aujourd’hui a besoin de reconnaissance et elle se manifeste à trois niveaux : la reconnaissance de l’enfant, de la mère (conjointe ou non) et de la société“.
Nathalie Techer
En bref
• Parmi les tâches perçues comme les plus difficiles, les pères citent : à 75% le suivi de la scolarité, à 29% le coucher et à 26% la préparation des repas. Les difficultés rencontrées concernent surtout le manque de patience et le manque de pratique et/ou de savoir-faire.
• À la question “Pensez-vous avoir suffisamment de temps avec vos enfants ?”, 63% répondent oui et 22% non.
• 85% des hommes interrogés disent élever leurs enfants différemment de leur propre père. Ce changement de paradigme dans la figure du père et son rôle d’une génération à l’autre marque une rupture. Celle-ci peut s’expliquer par les rapides mutations sociétales vécues par la société réunionnaise.
• Un tiers des pères interrogés se sont sentis père pendant la grossesse (31%) et au moment de la naissance (28%). Pour 17%, ce sentiment est apparu avant la conception du premier enfant et pour 14%, de manière progressive après la naissance.
• La fonction économique a un effet indéniable sur la construction de la figure du père, et sur son sentiment d’efficacité parentale. Le fait de ne pas travailler joue sur l’estime de soi.
• 1 père sur 2 affirme que le regard positif de la mère sur leur rôle est déterminant et renforce leur sentiment d’efficacité.
(Source : l’Observatoire de la Parentalité de la Réunion)
Etre un bon père, c’est quoi ?
Voici les réponses les plus fréquemment données par les pères :
– Être présent (pour les enfants, pour la famille)
– Satisfaire leurs besoins, subvenir aux besoins de la famille
– Donner de l’amour, être à l’écoute et communiquer tout le temps.
– Transmettre des valeurs humanistes
– Participer aux loisirs
– Conseiller, donner l’exemple
– Protéger
Quelques mots d’amour…
Vous avez été quelques-uns à nous avoir écrit pour nous parler de votre père, des moments de complicité que vous avez partagé avec lui, et de l’amour que vous lui portez. Voici vos messages.
Guilaine Laurent : “Des moments de complicité avec mon père, il y en a eu énormément. Un souvenir m’a particulièrement marquée : une chasse aux cailles qui s’est transformée en cuites de géranium (la fabrication de l’essence, ndlr). Un samedi ordinaire, mon père prévoyait d’aller à la chasse aux cailles. Tout avait été minutieusement préparé, mais rapidement je me suis aperçue que le planning était en train de changer. Ainsi, au lieu d’aller à la chasse, mon père s’est mis à préparer une cuite de géranium ! La délicieuse plante avait déjà été coupée. Il fallait faire des paquets, les transporter sur la tête, puis les mettre dans l’alambic, jusqu’à ce que ce soit plein à craquer. Une fois les serres-joints vissées, il faut attendre 3 heures avant de pouvoir récolter de l’essence. Quand il faisait beau, on pouvait récupérer 1 litre, qui avait beaucoup de valeur. Ce jour-là, comme il y avait encore du géranium par terre, on a continué à en transporter et c’est ainsi qu’une deuxième cuite a été programmée. Il faut savoir qu’avant d’en remettre dans la cuve, il faut vider avec une énorme fourchette ce qui a été cuit. Mon père avait démarré à 7 heures du matin et un peu avant 15 heures, les 2 cuites étaient bouclées. Entre-temps il avait préparé à déjeuner directement sur les braises, champignons et saucisses grillées !
Bien sûr, j’avais compris qu’il n’y aurait pas de chasse aux cailles quand, épuisé, mon père est allé se reposer dans la cabane qui abritait du matériel, quelques petites marmites, poêles et objets divers. On est rentrés vers 18 heures. Quelques semaines plus tard, les grosses bonbonnes d’essence bien remplies, il m’invita comme très souvent à venir avec lui à la Coopérative pour la vente. Je voyais des liasses d’argent défiler et je me disais que j’aimerais aussi en avoir beaucoup plus tard. Après la vente et avant de rentrer, il m’a emmenée faire les magasins en ville, acheter de beaux vêtements, de belles chaussures, des poupées, des petits bijoux en argent… On a fait une balade sur le front de mer de Saint-Paul. Ça a été merveilleux, du pur bonheur. Par la suite, j’ai beaucoup travaillé à l’école, mon objectif étant d’avoir des sous comme mon père. C’est grâce aux petites annonces que j’ai trouvé mes premiers petits boulots, dans la publicité d’abord, puis dans un magasin de vaisselles à Saint-Denis. Ensuite j’ai brillamment réussi un concours dans l’audiovisuel. C’est à mon père (mais aussi à ma mère) que je dois tout ce que j’ai entrepris avec succès dans la vie. Il restera pour toujours mon guide spirituel. Merci papa, je t’aime”.
Christelle Chan-Food : “Je me rappellerai toujours des quelques mots qu’il m’a tenus, un jour. Il m’a dit : “Quoi que tu fasses, tu seras toujours mon enfant. Je te pardonnerais toujours mon bébé”.
Laurent : “Mon cher papa, je n’ai pas eu la relation rêvée avec toi, mais je t’ai toi et c’est précieux. On ne peut pas tout faire bien, mais tu as fait bien ce que tu savais faire et je m’en inspire à mon tour pour faire du mieux que je peux. Merci papa, je t’aime. Bonne fête”.
Céline P. : “Mes parents étant séparés, j’ai grandi avec ma mère et très peu côtoyé mon père. Je n’ai pas connu les câlins d’un papa lorsque j’étais enfant, ni les remontrances d’un père qui s’inquiète pour sa fille à l’adolescence, et je n’ai pas non plus bénéficié de ses conseils à mon entrée dans l’âge adulte… Pour autant, et malgré la distance, il a toujours veillé sur moi, à sa manière, de loin. Il a chargé des personnes de son entourage de me rendre service quand j’en avais besoin, il s’est démené pour me trouver un appartement pendant mes études, puis plus tard pour démarrer dans la vie active, et aujourd’hui il rattrape avec mes enfants, ce qu’il n’a pas connu avec moi… Je n’ai réellement appris à le connaître qu’à l’âge adulte. C’est un peu tard, peut-être, pour créer des liens forts. On ne se parle pas beaucoup, mais je sais que je pourrais toujours compter sur lui, comme il pourra toujours compter sur moi. Bonne fête papa”.
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