[Société] Attention brouteurs : tomber amoureux va vous revenir cher !

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Coucou ! Bonne soirée, bisous…

Derrière ces quelques mots en apparence innocents, un profil. Celui d’une belle femme blonde au décolleté plongeant et au sourire enjôleur qui se présente sous le nom de Marie-Claire Mercier. Postée sur une page Facebook fréquentée par plus de 100 000 Réunionnais, elle attire les réponses au rythme des secondes. Essentiellement masculines. “Bonsoir madame, vous êtes très charmante“, “Agréable soirée à toi aussi“, “J’aimerais bien faire votre connaissance“… À tous les hommes, elle laisse le même message : “Envoyez-moi une demande d’invitation“. 

Et voilà, l’appât est lancé. Le temps que l’administrateur se rende compte de cette présence toxique et l’éjecte de la page, une quantité d’hommes ont déjà mordu à l’hameçon. Tout heureux d’avoir capté l’attention d’une si jolie femme, ils ne se doutent pas que derrière Marie-Claire se cache en fait Mamadou, Adama, Moussa ou Souleymane, un brouteur africain qui gagne sa vie en arnaquant les célibataires en mal d’amour sur Internet. Ce type d’individu se retrouve aussi sur les sites de rencontres ou s’invite dans les mails professionnels et personnels en se faisant passer pour des femmes esseulées en quête du grand amour.  

Les femmes sont tout autant victimes de cette escroquerie que les hommes. Mais avec elles, l’approche est différente. Elle se traduit le plus souvent par un compliment laissé sous une publication ou une demande d’amis. Certains brouteurs vont même jusqu’à mettre en vente des articles féminins (sacs, chaussures…) et engager une conversation plus intime pendant la transaction en ligne. 

 

 

Plus c’est gros, plus ça passe

 

Si la manière d’aborder sa proie diffère, la finalité est la même : faire miroiter le grand amour à sa victime pour pouvoir lui soutirer de l’argent. La grande majorité des personnes harponnées finit par ouvrir les yeux sur les manigances du brouteur, dès lors qu’il est question d’argent. Mais combien, plus sensibles aux compliments et à l’intérêt qu’on leur manifeste, se laissent gagner par les frémissements de l’amour et vivent passionnément leur bonheur illusoire sans se douter du réveil brutal qui les attend ?

Car ces “arnacœurs” africains, tels qu’on les appelle, savent s’y prendre pour maintenir les célibataires sous leur coupe. Ils leur parlent d’amour, promettent monts et merveilles, évoquent mariage et vie à deux… Et entre deux déclarations enflammées, glissent une demande d’aide financière urgente. Et tant pis si les messages sont écrits dans un français approximatif et truffés de fautes ! On ne voit que l’amour qui suinte entre les lignes. Ici, ce faux riche homme d’affaires en voyage à l’étranger se dit dans l’incapacité d’accéder à son compte en banque. Mais promis, il rendra l’argent une fois de retour chez lui, en France. Là, cette infortunée jeune femme a eu un grave accident alors qu’elle s’apprêtait à prendre l’avion pour la Réunion et son opération nécessite des frais conséquents. À envoyer de suite si on ne veut pas qu’elle trépasse. 

Plus c’est gros, plus ça passe“, assure une Réunionnaise qui a eu l’occasion de collaborer à la réalisation d’un Guide anti-arnaques sur Internet, lors d’un stage en métropole. Les victimes sont convaincues de vivre un conte de fées et même quand on essaye de leur ouvrir les yeux, elles s’obstinent à rester dans leur délire. D’ailleurs, plus on les met en garde, plus elles se raccrochent à leur rêve“. 

Jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Ces deux amies, qui ont vu une de leurs proches sombrer, peuvent en témoigner : “On a eu beau la prévenir, elle est allée au bout de son histoire. Mais elle l’a fortement regretté, une fois qu’elle s’est retrouvée seule avec ses dettes et rien d’autre que ses deux yeux pour pleurer“. 

 

 

Revenge Porn

 

Au-delà de l’argent perdu et de la confiance bafouée, certaines victimes payent en effet très cher leur naïveté. Surtout si, durant leur pseudo-relation à distance, elles ont eu le malheur d’envoyer des photos d’elles nues. Car une fois la supercherie révélée, les brouteurs n’hésitent pas à s’en servir comme moyen de pression pour les obliger à continuer à leur verser de l’argent et lorsqu’ils n’ont pas satisfaction, ils les étalent publiquement sur Internet.

Porter plainte ? Certaines victimes le font, mais à quoi bon ? Les brouteurs opérant depuis l’Afrique, les plaintes n’aboutissent jamais. 

 

Nathalie Techer

[email protected]

 


5 à 10% des escroqueries en ligne

On trouve toutes sortes d’escroqueries sur le web : le phishing ou hameçonnage  (le fraudeur se fait passer pour un organisme connu, CAF, service des impôts… et vous demande de lui communiquer vos coordonnées bancaires) ; l’escroquerie à la loterie (un mail vous fait croire que vous avez gagné une importante somme d’argent) ; l’escroquerie à l’offre d’emploi, etc. 

Le love scam, qui met en scène un brouteur, représente 5 à 10% de toutes les escroqueries en ligne répertoriées par la Gendarmerie de la Réunion. 

 

 

Il m’avait promis le mariage, je me suis retrouvée interdit bancaire”  

4 000 euros. C’est la somme que Justine*, 51 ans, a perdu en croyant aux belles paroles d’un brouteur africain qui lui a fait miroiter le mariage et le grand amour sur Internet. Quand elle a voulu mettre un terme à ces abus, il a partagé des photos d’elle nue avec tout son réseau d’amis sur Facebook. 

L’histoire s’est déroulée il y a cinq ans mais elle en garde encore un douloureux souvenir. Si elle a décidé d’en parler aujourd’hui, c’est parce que d’autres personnes de son entourage ont été victimes de ce type d’arnaques et qu’elle veut alerter le public sur les dangers que représentent les brouteurs africains. 

À l’époque je vivais seule avec mon garçon de 7 ans et je désespérais de trouver l’âme sœur“, raconte-elle. “Un homme sorti de nulle part m’a demandé en amie sur Facebook et nous avons commencé à échanger sur Messenger. Il avait un faux profil, bien sûr, mais ça, je l’ignorais. Il me disait qu’il vivait en métropole, qu’il était papa d’une petite fille et qu’il travaillait dans la restauration. Je suis tombée amoureuse très rapidement. Il semblait tellement sincère…

Dès les premiers jours, l’homme a commencé à lui parler de ses difficultés financières et lui a demandé un premier versement. 

Il voulait organiser une fête pour l’anniversaire de sa fille, mais se plaignait de ne pas avoir assez de moyens“, poursuit-elle. “Il m’a demandé de l’aider et je lui ai donné 300 euros“.

Endettée jusqu’au cou

Une somme conséquente pour cette femme qui ne travaille pas et vit du RSA ! Ce ne sera pourtant pas la dernière. Au fil des semaines, puis des mois, l’homme va continuer à lui demander de l’argent. Pour l’aider à payer ses courses, son loyer, sa voiture, ses impôts… Afin d’endormir sa méfiance, il lui répétait qu’elle était la femme de sa vie, qu’il allait venir la retrouver à la Réunion, l’épouser et vivre pour toujours à ses côtés… 

Dans ma tête, à ce moment-là, nous formions un couple, même si nous ne nous étions jamais vus en vrai. Il était donc normal que je l’aide“, explique-t-elle pour justifier son aveuglement. 

Plusieurs indices auraient pu lui mettre la puce à l’oreille : l’homme ne voulait jamais lui parler au téléphone ou par vidéo. Les échanges, bien que nombreux, ne se faisaient que sur Messenger. Dès qu’elle faisait des réflexions sur le sujet, d’ailleurs, il se fâchait et lui reprochait de douter de lui. Alors elle n’insistait pas. Son manque de discernement lui a au final coûté très cher : durant les quelques mois qu’a duré leur histoire, elle a perdu près de 4 000 euros. 

 “Pour pouvoir l’aider, j’avais arrêté de payer mon loyer, l’eau et l’électricité, avoue-t-elle, honteuse. À la fin, je n’étais même plus en mesure de payer la cantine pour mon fils. Je me suis retrouvée étranglée par les dettes, au point de devenir interdit bancaire“. 

Nue sur les réseaux sociaux

Deux de ses meilleures amies ont fini par se rendre compte de ses difficultés et ont pris les choses en main. L’une d’elles raconte : “On savait qu’elle fréquentait un homme sur Internet, mais on n’avait pas de détails sur leur relation”, dit-elle. “À un moment, nous avons remarqué qu’elle était toujours à sec et qu’elle n’avait plus rien à manger en début de mois. Un jour, alors qu’elle avait le dos tourné, nous avons fouillé dans son téléphone et nous sommes tombées sur les messages qu’elle échangeait avec cet homme sans scrupules. Nous avons tout de suite compris l’arnaque et nous lui avons ouvert les yeux sur son soi-disant prince charmant“.

Le pire était encore à venir. Lorsque Justine a prévenu l’homme qui lui soutirait de l’argent que désormais elle ne lui verserait plus un centime, il s’est vengé en piratant son compte Facebook et en diffusant toutes les photos de nu qu’elle lui avait envoyées durant leur correspondance. 

“J’habite dans une cité où tout le monde se connaît. Tous ont vu ces photos intimes. Vous imaginez la violence psychologique que ça a été pour moi ? La honte qui s’abattait sur moi à chaque fois que je mettais un pied dehors ?”, souffle-t-elle. “J’étais d’autant plus désemparée que je n’arrivais plus à avoir accès à mon compte pour enlever les photos. Il m’a fallu l’aide d’un cousin qui s’y connaît en informatique pour pouvoir le faire. Après ça, j’ai fermé mon compte, mais le mal était fait“.

Après la honte, la reconstruction

Épaulée par ses amies, Justine est allée porter plainte à la gendarmerie. C’est là qu’elle a découvert que dans la même semaine, trois autres femmes de sa commune avaient porté plainte pour les mêmes faits. C’est là aussi qu’on lui a révélé que derrière son restaurateur français se cachait un brouteur africain, qui officiait comme tant d’autres, depuis la Côte d’Ivoire. La photo qu’il avait utilisée pour la berner était celle d’un écrivain qu’il avait volée sur le web. 

Tout n’avait été que mensonges ! Je m’en suis voulue pour ma naïveté. Il m’a fallu du temps, d’ailleurs, pour pouvoir tourner la page tout en sachant que ma plainte n’aboutirait jamais. Heureusement, j’ai pu compter sur le soutien de mes amis notamment durant ces cinq années où j’ai été interdit bancaire. Aujourd’hui cette histoire est derrière moi mais je veux mettre en garde tous ceux et celles qui pourraient être tentées de croire aux belles paroles d’un inconnu ou d’une inconnue sur le net. Peut-être que si j’avais eu vent de l’existence de ce type d’arnaques, je me serais méfiée. Ça n’a pas été le cas. Que cette histoire serve donc de leçons à d’autres !“.

Après cette terrible mésaventure, Justine a tout de même trouvé l’amour. Son nouveau compagnon, elle a d’abord appris à le connaître, ici, à la Réunion, avant de s’engager avec lui. 

* Prénom d’emprunt

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clicanoo

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