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Promise par le gouvernement, l’application StopCovid devrait être lancée le 2 juin prochain. Cette technologie, qui a pour objectif de tracer les malades du Covid et de limiter la propagation du virus, a soulevé le débat sur la protection de nos libertés individuelles et de nos données. Retour sur un projet controversé.
L’application StopCovid a été annoncée pour la première fois par les ministres Olivier Véran et Cédric O au début du mois d’avril, dans un entretien accordé au journal Le Monde. Selon les termes employés par le ministre de la santé et le secrétaire d’État au numérique, ce projet a pour but de “limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission” et en “prévenant les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif”. Le fonctionnement de l’application est assez simple : lorsque deux personnes se croisent leurs téléphones portables enregistrent leurs références dans l’historique. Si une personne découvre qu’elle est malade du Covid, celles qui auront été en contact avec elle, seront automatiquement prévenues et pourront se faire dépister ou se confiner. Ce système de “contact-tracing” a déjà fait preuve dans d’autres pays. En France, c’est l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) qui pilote le développement de l’application. Après plusieurs embûches, Cédric O a confirmé qu’elle serait prête pour le 2 juin, après une phase de test prévue pour la deuxième quinzaine de mai suivi d’un débat et d’un vote à l’Assemblée le 27 mai. “Le contact-tracing permet de limiter la transmission du virus, sans surveiller vos déplacements”, explique Me Sulliman Omarjee. L’avocat chargé du département droit du numérique dans le cabinet Fidal se dit favorable à cet outil, s’il est utilisé dans la lutte contre la Covid. Son cabinet accompagne d’ailleurs le collectif d’entrepreneurs Ansamb qui est à l’initiative d’Alertanoo, une appli d’alerte péi (voir cadre). Me Omarjee précise toutefois que tous les espoirs de fin de crise ne doivent pas reposer uniquement sur la technologie. “Ce virus est particulièrement contagieux. L’application peut alerter les gens qui ont été en contact avec une personne infectée et les protéger”, insiste-t-il. De plus, s’appuyant sur l’avis favorable émis par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), la robe noire rappelle que Stopcovid fonctionnera sur la base du volontariat et le “consentement éclairé” de l’utilisateur. En outre, toujours selon la CNIL, elle est conforme au règlement général sur la protection des données (RGPD), “le baromètre de la confiance”, dans l’univers du numérique.
Protocole ROBERT
En effet, saisis par le gouvernement, les membres du collège de la CNIL se sont prononcés le 24 avril dernier sur le recours à grande échelle de StopCovid. Ils ont émis un avis favorable, mais sous conditions. “La CNIL estime que l’application peut être déployée, conformément au RGPD, si son utilité pour la gestion de la crise est suffisamment avérée et si certaines garanties sont apportées”, écrit-elle dans son rapport. La commission insiste notamment sur le caractère temporaire de son utilisation et demande à ce que les données des utilisateurs ne soient conservées que pour une “durée limitée”. Car c’est bien la question de la sauvegarde des données personnelles qui inquiète ses détracteurs. Lors du développement de l’application, l’Inria a utilisé le protocole ROBERT (Robust and Privacy-Preserving Proximity Tracing). Celui-ci n’utilise pas les données de géolocalisation des smartphones mais le Bluetooth. Avec ce protocole, chaque utilisateur sera référencé dans une base de données centrale avec un identifiant unique. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer un système trop “centralisé” facilement contrôlable par son propriétaire, à savoir l’Etat. C’est pourquoi, plusieurs acteurs se sont positionnés contre l’application, comme la ligue des droits de l’homme. En avril, la ligue avait cosigné une tribune exhortant les parlementaires à rejeter le projet. Aujourd’hui, elle invite les citoyens à ne pas la télécharger. “StopCovid soulève trop de questions : sur son efficacité et sur la menace qu’elle représente pour nos libertés individuelles et nos données privées”, explique Dominique Rivière, président de la branche locale de la ligue. Ce dernier s’interroge également sur l’ampleur des moyens mis en œuvre par le gouvernement, par rapport à la menace réelle. Pour lui, le traçage numérique comme la vidéosurveillance ou encore les drones sont “une solution de facilité pour rassurer les gens”, sans régler le problème.” On est en train d’installer un gouvernement par la peur où le Français est invité à accepter les choses. C’est le moment de se demander si on veut être des sujets ou des citoyens”, clame-t-il. Une enquête Harris Interactive pour l’Observatoire Data Publica, réalisée en ligne le 7 mai auprès d’un échantillon national, a montré que 59% des Français approuvent StopCovid. Toutefois, 54% des interrogés ont déclaré ne pas avoir confiance dans l’utilisation qui pourra être faite des données, par l’Etat. Or, pour que l’application soit efficace, les scientifiques estiment qu’il faut que 60 à 70% de la population l’utilise.
“Ansamb”, un collectif d’entrepreneurs réunionnais est à l’initiative d’une appli péi de notifications d’expositions au risque Covid-19. Baptisée Alertanoo, elle a été développée par la société Medialight et utilise le bluetooth, ainsi qu’internet et des ultrasons. L’outil s’appuie sur le logiciel Google Nearby, développé par le géant du web il y a quelques années pour du street marketing, mais abandonné depuis. Son fonctionnement est assez simple : quand des utilisateurs se croisent, des identifiants cryptés sont enregistrés sur leurs smartphones. Si l’un d’entre eux est déclaré positif au Covid19, son médecin pourra lui fournir un code pour déverrouiller la fonction lui permettant de prévenir toutes les personnes qu’il aura croisées les trois semaines précédentes, sans révéler son identité. Celles-ci seront averties par un “push” et pourront agir en conséquence. Une étape imaginée par les concepteurs pour éviter les utilisations malveillantes. Le projet, qui a bénéficié d’une subvention du ministère des Outre-Mer à hauteur de 50%, n’a pas recours à un fichier centralisé, contrairement à StopCovid.
L’opposition entre liberté et sécurité est au cœur de deux reportages chocs, diffusés sur Arte. Le premier, intitulé “Chine : le monde d’après”, dévoile les coulisses du déconfinement au sein du premier pays confiné. Là-bas, on ne parle pas de tracing mais bien de tracking, où chaque citoyen est obligé de montrer patte blanche, via son smartphone, avant d’entrer dans un bâtiment public. Le second, “Tous surveillés : 7 milliards de suspects”, aborde le problème à l’échelle planétaire. A voir en replay sur Arte ou sur Youtube.
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