« Si le monde d’après advient, nous devrons apprendre à repenser nos limites territoriales »

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Entretien. Géographe et ancien diplomate, Michel Foucher est titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au Collège d’études mondiales, à Paris. Spécialiste de la question des frontières, il analyse le retour de cette thématique à l’heure de la pandémie due au coronavirus. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Les Frontières (CNRS éditions, Documentation photographique, 64 pages, 9,90 euros).

Le président Emmanuel Macron a annoncé, lundi 13 avril, que « jusqu’à nouvel ordre, les frontières avec les pays non européens resteront fermées ». Cette décision vous paraît-elle justifiée, alors que le virus ne connaît pas de limites ?

Ce virus rappelle que les frontières ont aussi une fonction prophylactique et que les Etats exercent le monopole des moyens légitimes de circulation, illustrés notamment par le passeport et, parfois, le carnet jaune de vaccination. L’annonce présidentielle procède du constat, partagé par toute l’Union européenne, que dans les régions d’interactions fortes pour les Européens – Amérique du Nord, Proche-Orient, Afrique, Russie – le Covid-19 est apparu ou a été traité plus tardivement. Toute circulation pandémique a sa temporalité et sa géographie. Le temps de la diffusion a été allongé par sa prise en compte décalée selon les pays. L’espace est connu : parti de Wuhan, mégapole industrielle et scientifique internationalisée de la Chine centrale, il a gagné le reste du pays puis des lieux connectés avec lui : Corée du Sud, Hongkong, Taïwan, Thaïlande et Singapour, Seattle et la baie de San Francisco, New York, Europe des hautes densités démographiques et industrielles – Lombardie, Rhénanie, Ile-de-France et bassin de Londres. Il paraît donc efficace de fermer les frontières afin de ralentir les risques de transmission. Mais le front de lutte était, d’emblée, intérieur à chaque pays, maîtrisé par le confinement. Les dispositifs de filtrage frontaliers sont comme des masques collectifs rassurants.

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Les frontières sont-elles réhabilitées à travers ces mesures ?

Elles portent sur 35 frontières à l’intérieur de l’Europe ; le filtrage sanitaire est pratiqué sur 10 autres frontières intérieures. Ailleurs dans le monde, 50 pays ont adopté des dispositifs de fermeture, complète ou ciblée sur certains pays, et 30 ont opté pour des mises en quarantaine de personnes arrivant de l’étranger. Réhabilitation ou réaffirmation de la nécessité, même pour des sociétés démocratiques, d’exercer un contrôle provisoire de précaution sur les flux de personnes. Le dernier rapport de l’Organisation internationale de l’aviation civile indique le chiffre de 4,3 milliards de passagers en 2018, dont le tiers avec des voyagistes à bas coût ; le transport aérien représente désormais 35 % du commerce mondial en valeur. Touristes et pèlerins, travailleurs migrants et membres des diasporas, ingénieurs et chercheurs, conférenciers et diplomates, donneurs d’ordre et exécutants, tous sont mobiles.

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