« Si la haine continue comme ça, on va tout droit vers la guerre civile »

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A Khandak el-Ghamik, des immeubles vétustes jouxtent des bâtiments abandonnés pendant la guerre (1975-1990). Des habitations insalubres font face à un cimetière, dans ce quartier populaire, attenant au centre-ville de Beyrouth. « Le bidonville de la capitale », commente Fatima Issa, une trentenaire revenue de l’étranger y vivre il y a près d’un an. « Les choses y seraient différentes si les gens avaient des opportunités. » Le quartier n’est pas situé à l’épicentre de la double explosion au port de Beyrouth, mais la déflagration y a aussi fait des dommages : des vitres ont été soufflées, des portes arrachées, des murs fissurés. Le traumatisme est ancré. Chacun raconte spontanément ce qu’il faisait le 4 août, lors de la déflagration.

Le portrait d’Ali Abbas Ismaïl, qui a trouvé la mort lors de l’explosion du 4 août, sur les murs de Khandak el-Ghamik.

A l’entrée du domicile de Mohamad Abbas Ismaïl, un portrait de son frère Ali, tué au port, a été accroché, avec cette mention, « martyr de la nation ». Mohamad s’apprête à rejoindre sa famille, partie dans leur région d’origine, le Sud, pour les funérailles : « Nous n’avons reçu aucune visite de gens de l’Etat. Seuls les partis du quartier sont venus en signe de solidarité. » Il s’agit principalement du mouvement Amal, dirigé par Nabih Berri, le très critiqué président du Parlement, puis du Hezbollah, deux formations chiites.

La colère est lancinante, dans ces ruelles où travaillent au ralenti petits artisans et commerçants, crise oblige. « Je veux que l’enquête aboutisse, je veux savoir pourquoi mon frère est mort », dit Mohamad. Ici aussi, on déplore que l’Etat soit réduit à une peau de chagrin. Même les deux partis influents, qui conservent une base populaire, essuient des critiques : « Seuls ceux qui sont affiliés bénéficient de services », répète-t-on.

Fatima Issa, 34, dans le quartier de Khandak el-Ghamik à Beyrouth, le 15 août.
Le mur dessiné d’un immeuble abandonné dans le quartier de Khandak el-Ghamik, le 15 août à Beyrouth.

Mais la peur l’emporte aujourd’hui. « Tout le monde est sous le choc au Liban. Mais le pays n’est pas uni dans le deuil, il est divisé », regrette Fatima Issa, qui espère « des jours meilleurs ». Elle veut pour preuve de cette division que « les associations ont tardé à venir ici constater les dégâts sur les immeubles : on a retroussé nos manches nous-mêmes ». « Des amis m’ont renvoyée à mon appartenance communautaire, comme chiite, comme si je n’existais pas comme individu », déplore-t-elle.

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« Jeu dangereux »

Les accusations contre le Hezbollah, force politico-militaire la plus puissante au Liban et alliée de Téhéran, sont dénoncées par beaucoup, y compris par ceux qui critiquent le parti. Ses opposants accusent la milice chiite d’avoir eu un dépôt d’armes à proximité du lieu de l’explosion. « Le débat est en train de se focaliser autour de ces armes, déplore Jaafar (pseudonyme d’un résident de la banlieue sud, bastion du Hezbollah), venu en visite à Khandak el-Ghamik, et qui affirme n’être affilié à aucun parti. Pour moi, il est responsable de ce qui s’est passé au port au même titre que les autres partis. »

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