seule une « euroguérilla des idées » pourra affaiblir le national-populisme

0
171

[ad_1]

L’Europe ne sera pas sauvée par de ternes conférences multilatérales, constate l’essayiste italien Giuliano da Empoli, dans une tribune au « Monde ». Pour la relancer, responsables politiques, artistes et intellectuels doivent se mobiliser et montrer ce qu’elle a de passionnant.

Publié aujourd’hui à 06h30 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Le ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini (à droite) et le premier ministre hongrois Viktor Orban à Milan, le 28 août 2018.
Le ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini (à droite) et le premier ministre hongrois Viktor Orban à Milan, le 28 août 2018. Luca Bruno / AP

Tribune. Matteo Salvini et Viktor Orban ne prendront pas le contrôle de l’Union européenne à la suite des élections du 26 mai. Sur le plan des idées, en revanche, le ministre de l’intérieur italien et le premier ministre hongrois risquent de rester longtemps les maîtres du jeu, donnant le ton et fixant l’agenda du débat. Car même leurs plus ardents adversaires ont désormais intégré leurs arguments et les emploient, de manière plus ou moins consciente, dans leurs discours.

En termes culturels, les nationaux-populistes sont devenus le nouvel establishment. Ce qui signifie que les pro-européens doivent devenir les nouveaux insurgés. Une position peu confortable, certes, et à laquelle nous ne sommes pas habitués. Il convient cependant d’en prendre acte et d’en tirer les conséquences. Seule une véritable euroguérilla des idées sera en mesure de remettre en cause l’hégémonie culturelle du national-populisme. Mais quelles sont les formes qu’un mouvement de ce genre pourrait revêtir ?

« Comprendre comment les leaders anti-européens combinent la colère de certains milieux populaires et les réseaux sociaux pour faire basculer l’opinion dans leur camp est une priorité absolue »

Certains des grands insurgés du passé peuvent nous donner quelques conseils. Le premier ingrédient de la guérilla est la surprise, dit Mao. « Les opérations de l’Armée rouge, écrit-il, se déroulent, d’une manière générale, sous la forme de coups imprévus. » Dans la pratique, cela signifie que les pro-européens n’ont plus besoin d’être ennuyeux.

Aujourd’hui, les seuls qui parlent de manière passionnante de l’Europe sont ses ennemis. Les Viktor Orban qui affirment incarner les vraies valeurs de l’Europe contre la décadence des dégénérés libéraux de l’Ouest. Les Steve Bannon qui rêvent de former des nouveaux gladiateurs du peuple. Les Philippe de Villiers qui reconstruisent l’histoire de l’Union comme un roman d’espionnage orchestré par la CIA. Si nous voulons être capables de combattre leur vision nous devons commencer à construire un récit qui soit au moins aussi palpitant que le leur.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment l’Europe centrale est devenue le laboratoire économique du populisme

Voilà pourquoi l’euroguérilla n’est pas un travail réservé aux politiques, mais aussi aux écrivains, aux réalisateurs, aux créateurs de jeux vidéo. Quand on a demandé à Adam Price, le créateur de Borgen, ce qui l’avait poussé à écrire une série télévisée sur la politique danoise, il a répondu qu’il voulait rendre plus humain et passionnant un processus mystérieux et très ennuyeux. C’est de cela qu’aurait besoin l’Europe pour prendre le contre-pied des nationaux-populistes : quelques bonnes séries télévisées en plus et quelques conférences sur le multilatéralisme en moins.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: