Sergueï Lavrov, inamovible chef de la diplomatie de Vladimir Poutine

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Publié aujourd’hui à 02h19

Sergueï Lavrov à Moscou, le 14 janvier 2020.
Sergueï Lavrov à Moscou, le 14 janvier 2020. KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

La nuit est déjà bien avancée lorsque l’avion de Sergueï Lavrov se pose à Tachkent. Parti quelques heures plus tôt de New Delhi, en Inde, le chef de la diplomatie russe atterrit dans la capitale d’Ouzbékistan, lesté d’une information majeure : la démission inattendue – même pour lui – de tout le gouvernement de Dmitri Medvedev, et le remplacement de ce dernier par un quasi-inconnu, Mikhaïl Michoustine. Une gabardine bleu nuit sur les épaules, le col de chemise ouvert, Sergueï Lavrov, qui n’est plus, à cet instant, que ministre des affaires étrangères « par intérim », ne laisse rien paraître. Il peut être serein. Il rempile.

Tachkent n’a été qu’une escale de plus dans une carrière longue de seize ans, qui se poursuit. Quatre jours après l’annonce, mercredi 15 janvier, des réformes constitutionnelles voulues par Vladimir Poutine, « l’intérimaire » était encore au côté de Vladimir Poutine, lorsque ce dernier s’est entretenu en aparté avec Emmanuel Macron, à la conférence de Berlin sur la Libye. Encore quarante-huit heures et le voici redevenu, mardi 21 janvier, ministre de plein droit, le plus expérimenté, le plus ancien de l’équipe au pouvoir. Un diplomate permanent qui a déjà « épuisé » six secrétaires d’Etat américains, autant de ministres français ou bien encore sept homologues allemands.

Emmanuel Macron, Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov à Berlin, le 19 janvier 2020.
Emmanuel Macron, Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov à Berlin, le 19 janvier 2020. HANDOUT / REUTERS

A bientôt 70 ans – il est né le 21 mars 1950 –, Sergueï Viktorovitch Lavrov est un pilier de la politique extérieure russe, l’inusable voix du Kremlin sur la scène internationale. Un messager reçu par tous les grands du monde, qu’il s’agisse du roi saoudien Salman ou des présidents chinois, Xi Jinping, et américain, Donald Trump. Nommé par Vladimir Poutine en mars 2004, il a porté sur tous les fronts la vision présidentielle d’un nouvel ordre mondial « multipolaire », croisé le fer avec les Occidentaux sur tous les sujets, de la guerre éclair avec la Géorgie, en 2008, à l’annexion de la Crimée, en 2014, en passant par l’ingérence russe dans les affaires d’autrui (lors de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, en France, et sur le Brexit, au Royaume-Uni), sans oublier la Syrie, le Venezuela, l’Iran… Il a aussi couvert ses diplomates, qui n’ont jamais autant été expulsés de pays étrangers que ces dernières années.

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« C’est un vrai soldat, sans aucun état d’âme, quel que soit le sujet abordé », témoigne Jean-Maurice Ripert, ambassadeur de France à Moscou de 2013 à 2017. « Il terrorise tout le monde en négociant de façon brutale, poursuit-il, et, en même temps, il est plus chaleureux qu’il n’en a l’air. » Le diplomate français garde ainsi en mémoire deux séquences révélatrices du personnage. La première date de janvier 2015. Ce jour-là, devant un cercle d’ambassadeurs européens réunis à Moscou, le ministre russe, de retour de Paris après la marche de quarante-quatre chefs d’Etat et de gouvernement, organisée en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, déclare : « Voilà ce qui arrive quand on oublie ses racines chrétiennes ! » Puis il lâche d’un ton sec comme une rafale de kalachnikov : « Taisez-vous ! » au représentant français, interloqué, qui tentait de prendre la parole. A contrario, en juillet 2016, Sergueï Lavrov n’aura pas de mots assez chaleureux après l’attentat de Nice, lorsqu’il ira, avec le secrétaire d’état américain, John Kerry, signer le registre de condoléances ouvert à l’ambassade de France.

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