Selay Ghaffar, l’Afghane qui croit à une « troisième voie »

0
109

[ad_1]

La porte-parole du petit Parti de la solidarité d’Afghanistan, qui promeut la laïcité et les droits des femmes, boycottera la présidentielle du 28 septembre.

Par Publié aujourd’hui à 14h16

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Selay Ghaffar, porte-parole du Parti de la solidarité d’Afghanistan, dans le bureau du parti, le 17 août.
Selay Ghaffar, porte-parole du Parti de la solidarité d’Afghanistan, dans le bureau du parti, le 17 août. ANDREW QUILTY POUR “LE MONDE”

Lorsque Selay Ghaffar s’exprime, elle n’a pas peur d’élever la voix. Et lors de ses interventions télévisées, la porte-parole du Parti de la solidarité d’Afghanistan couvre rarement ses cheveux, s’exposant à des risques considérables dans ce pays patriarcal. « Nous nageons à contre-courant », revendique avec lucidité cette jeune femme de 35 ans, depuis son bureau, dans le sud-ouest de Kaboul.

Son parti, classé à gauche, reste une petite formation, mais ses prises de position pèsent sur la scène politique. Comme à son habitude, il boycottera l’élection présidentielle samedi 28 septembre. « Lors du dernier scrutin [en 2014], c’est [le secrétaire d’Etat américain de l’époque] John Kerry qui a décidé qu’Ashraf Ghani serait président, et Abdullah Abdullah, chef d’exécutif, s’indigne-t-elle. Ce sont les Etats-Unis qui décident pour notre pays. Nous ne souhaitons pas donner de la légitimité à ces élections de façade. »

« Il n’est pas possible de négocier avec les assassins »

La « troisième voie » que prône Selay Ghaffar adviendra, selon elle, « sans ce gouvernement corrompu, le jour où les Afghans arriveront enfin à la conclusion qu’il faut que l’OTAN et les occupants américains partent d’Afghanistan et que les talibans soient jugés. » « Il n’est pas possible de négocier avec les assassins », estime-t-elle, dans une allusion aux pourparlers qui ont eu lieu entre les talibans et Washington, stoppés début septembre par une décision du président américain Donald Trump. « Les talibans négociaient tout en menant des attaques terroristes, dit-elle. Pour le peuple, c’était une duperie. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Afghanistan : récit du pari diplomatique raté de Donald Trump

Quant aux Américains, « ils ont leur propre feuille de route et veulent montrer au monde qu’ils ont réussi à faire avancer l’Afghanistan, alors que c’est faux. Regardez le nombre d’écoles qui ferment dans tout le pays, et le nombre des victimes civiles des opérations américaines », s’indigne-t-elle. Selon l’Organisation des Nations unies, le gouvernement afghan et ses soutiens internationaux ont tué plus de civils (305 morts) au cours du premier trimestre de 2019 que les talibans et d’autres groupes d’insurgés (227 morts).

Selay Ghaffar, porte-parole du Parti de la solidarité d’Afghanistan, dans le bureau de son parti, le 17 août.
Selay Ghaffar, porte-parole du Parti de la solidarité d’Afghanistan, dans le bureau de son parti, le 17 août. ANDREW QUILTY POUR “LE MONDE”

Selay Ghaffar appelle à un éveil des consciences. « J’observe les mouvements nés au sein de la société civile afghane ces dernières années, par exemple après le meurtre de Farkhunda [une Afghane de 27 ans accusée à tort d’avoir brûlé un exemplaire du Coran avant d’être battue à mort par la foule]. Cela avait provoqué des manifestations, dont certaines lancées par nous », se souvient-elle.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: