Sébastien Mahomet: «Beaucoup de personnes sont Mauriciens le 12 mars uniquement»

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Sébastien Mahomet, étudiant en histoire.

Sébastien Mahomet, étudiant en histoire.

Il a 21 ans. Et cet étudiant en histoire à l’université de Maurice est un patriote qui s’intéresse au passé et au futur de son île. À l’aube du 51e anniversaire de l’Indépendance, comment ce jeune homme voit-il son avenir et celui de son pays ?

Est-ce que l’histoire de Maurice t’intéresse ?

Oui. Je sais qu’on le répète tout le temps mais pas assez. Nous avons bien de la chance d’être un de ces rares pays où les gens de différentes cultures et religions vivent ensemble en harmonie, malgré quelques bémols ici et là. Ek nou tou inn gard nou lanprint. Personne ici ne peut dire qu’il est à 100 % Indien, Africain, etc. Nous avons du sang mélangé. Nous sommes des Mauriciens quoi ! Je suis moi-même la preuve vivante de cette mixité et de ce métissage qui existe dans notre pays. Cela me rend fier. De plus, je pense que c’est vraiment important de connaître notre histoire pour comprendre à quel point nous sommes chanceux.

«Je rêve que maurice se développe davantage. Que la corruption disparaisse, le communalisme aussi.»

Beaucoup de jeunes disent qu’on aurait été mieux si nous étions toujours colonisés par les Anglais. Partages-tu cet avis ?

Non ! Parce que l’Angleterre aurait toujours eu son mot à dire sur toutes nos décisions. Nous serions sous l’emprise des Anglais et n’aurions pas eu notre autonomie. Cette autonomie que nous devons célébrer car elle nous rend différents des autres.

Est-ce que tu aimes Maurice ?

Bien sûr que j’aime mon pays ! Et je crois fermement qu’en tant que Mauricien, j’ai le devoir d’être patriotique. Mais j’avoue qu’il y a des choses qui existent ici qui sont dégoûtantes et alarmantes.

Lesquelles ?

Des choses comme la corruption, le communalisme et le manque de méritocratie dans le secteur public.

Mais encore ?

Ben… le manque de représentativité qu’on peut voir dans la fonction publique. Et au Parlement aussi. Partout quoi. De plus, ce qui m’agace aussi, ce sont des compatriotes eux mêmes. Sur les réseaux sociaux, par exemple, les gens critiquent ouvertement d’autres religions sans se soucier du mal que cela peut causer. Après, ça m’agace de voir que beaucoup de gens sont Mauriciens uniquement le 12 mars. Les autres jours, ils critiquent, zot met lager. Ils ne font pas la différence entre religion et mauricianisme. Et ils existent dans toutes les communautés. Ces gens – heureusement qu’ils ne sont pas nombreux – font partie de cette catégorie de personnes qui ne réfléchissent pas, n’ont pas conscience que leurs actions peuvent dégrader l’image de notre pays. Et mettre en péril ce «vivre-ensemble» pour lequel nous sommes réputés à travers le monde.

Tu penses que les jeunes peuvent changer la donne ?

Oui, les jeunes peuvent changer ce problème, c’est certain. S’ils ne se laissent pas influencer par le système de politique archaïque présent à Maurice.

Et toi, comment vis-tu ta vie en tant que jeune Mauricien ?

J’ai beaucoup d’incertitudes par rapport à ces problèmes dont j’ai parlé plus tôt justement. À titre d’exemple, quand j’étais à l’école primaire, j’avais des amis de différentes religions, nous jouions ensemble, rigolions tout le temps et il n’y avait pas de barrière. Nous n’étions que des enfants et le racisme n’existait guerre. Cependant, au fur et à mesure que j’ai gagné en maturité, j’ai constaté que ce n’était plus pareil. Le communalisme a commencé à s’installer sans que l’on s’y attende. Et vous ne savez pas à quel point ce que j’ai pu voir m’inquiète pour mon avenir. Quand j’aurai terminé mes études, y aura-t-il ce système de hiérarchie fondé sur mon mérite individuel ? Est-ce que je vais aussi devoir me tourner vers le «backing» pour avoir un travail ? Des questions qui agacent et qui font mal.

Quels sont tes rêves et tes aspirations pour Maurice ?

Je rêve que Maurice se développe davantage. Que la corruption disparaisse, le communalisme aussi. Autre facteur très important : qu’il y ait plus de femmes au Parlement. Je le souhaite sincèrement.

Que veux-tu faire plus tard ?

Tout d’abord, compléter mes études. Par la suite, faire mon Master et réaliser ce rêve que je chéris : devenir archéologue.

Et si tu avais la chance de pouvoir faire des choses pour ton pays, que ferais-tu ?

Ce serait à propos de notre histoire. Je ferai des choses afin de la préserver et aussi faire comprendre pourquoi c’est important de préserver notre patrimoine, notre culture, notre passé. Maurice reste un pays phare dans l’océan Indien. Et je pense que mettre l’accent sur notre histoire multiculturelle peut changer la mentalité de tous.


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Lexpress

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