« Sans les Kurdes qu’il a trahis, Trump ne célébrerait pas sa “victoire” sur l’EI »

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En se félicitant de la mort d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le président américain veut faire oublier qu’il a livré les Kurdes à la Turquie et aux exactions des supplétifs arabes syriens d’Ankara, écrit, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 03h28 Temps de Lecture 4 min.

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Cérémonie funéraire en hommage à la militante kurde Havrin Khalaf et son chauffeur, tous deux assassinés, au cimetière de Derik en Syrie, le 13 octobre.
Cérémonie funéraire en hommage à la militante kurde Havrin Khalaf et son chauffeur, tous deux assassinés, au cimetière de Derik en Syrie, le 13 octobre. LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »

Donald Trump table sur son succès contre l’organisation Etat islamique (EI) pour faire passer sa trahison des Kurdes. Le procédé est gros – « énorme », dirait-il. Mais il ne gommera pas cette vérité : sans les Kurdes, le chef de l’EI, Abou Bakr Al-Baghdadi, n’aurait pas été localisé. La joie enfantine manifestée par le président américain, dimanche 27 octobre, annonçant l’élimination du « calife » autoproclamé, n’en était que plus indécente.

Trump se trompe. La mort du fondateur de l’EI ne nous fera rien oublier. Ni le retrait des troupes américaines du Kurdistan de Syrie. Ni le feu vert donné à la Turquie pour occuper cette région. Ni le martyre de la jeune militante kurde Havrin Khalaf, devenue l’image iconique de ces événements.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les exactions des miliciens pro-Turcs sèment le chaos dans le Nord-Est syrien

L’opération réussie des forces spéciales américaines contre l’EI souligne deux choses : l’inconséquence stratégique de Trump et son ingratitude à l’égard de ses seuls alliés en Syrie. « Les Kurdes de Syrie et d’Irak, dit un responsable américain cité par le New York Times, ont fourni plus de renseignements pour ce raid qu’aucun pays en particulier. »

La séquence est connue. Le 6 octobre, le président américain rapatrie ses troupes de Syrie, celles qui collaboraient avec les forces kurdes locales – la milice YPG. Il autorise son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, à s’emparer du nord-est de la Syrie. L’invasion commence le 9 : l’armée d’Ankara et ses supplétifs arabes syriens prennent le contrôle, en territoire syrien, d’une bande d’une trentaine de kilomètres de profondeur le long de la frontière entre les deux pays.

Une soldatesque de ruffians

C’est la fin de la coopération entre les Etats-Unis et les Kurdes de Syrie – une coopération dont le raid contre le chef de l’EI a, a posteriori, montré l’importance. C’est le début d’une occupation turque du pays kurde syrien dont l’assassinat d’Havrin Khalaf est le symbole.

Ce crime raconte, à lui tout seul, le sort qui est réservé aux Kurdes de Syrie. Après un barrage d’artillerie, l’armée turque fait donner ses chars, puis cède le terrain à ses supplétifs. Le mot rend mal compte de ce que sont ces bandes armées – la plupart du temps gangsters ou djihadistes ou les deux à la fois, Arabes sunnites syriens détestant les Kurdes et les chrétiens, anciennes recrues de la branche locale d’Al Qaida, voire de l’EI, passées au service de l’armée turque. « Ils constituent le pire du pire », confie un proche du Pentagone au New York Times.

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