Samar Yazbek, la voix des Syriennes

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Publié aujourd’hui à 02h04

Elle brûle, Samar Yazbek. Et le feu qui, à la fois, la consume et l’anime, vous captive, vous atteint. Elle brûle des souvenirs atroces rapportés de Syrie, son pays tant chéri, aujourd’hui moribond. Elle brûle de colère, d’indignation, d’écœurement. Et de fatigue aussi.

Les larmes affleurent fréquemment, et elle s’agace quand il arrive qu’un sanglot mal contenu interrompe ses phrases saccadées. Elle s’en excuse. Et reprend d’une voix forte, cherchant des mots qui claquent, des mots de journaliste qui cernent la vérité, des mots de romancière qui savent la faire vibrer, agacée qu’ils ne coulent pas aussi facilement en français qu’en arabe, sa langue natale, alors que des torrents d’images, d’histoires rugissent dans sa tête, qu’elle voudrait partager.

Comment faire ? Elle sait que les gens détournent désormais la tête quand on évoque la Syrie, trop complexe et si déprimante. Mais quand même, dit-elle, ce qui s’y est passé depuis 2011 et les débuts d’une révolution qui se voulait pacifique est si « dantesque » qu’on n’a pas le droit de le laisser sombrer dans un de ces trous noirs de l’histoire qu’on renonce à comprendre et expliquer. « Pas le droit ! », répète-t-elle d’une voix brune probablement acquise au fil de ses nuits blanches en fumant clope sur clope devant l’ordinateur qui la relie, depuis Paris, lieu de son exil, à ses frères et sœurs syriens.

« Il y a tant d’autres éléments à montrer des Syriens que cette image de victimes fracassées, minées par l’amertume. Ils se sont battus. Ils ont agi. Ils ont espéré. Et la cause était noble », dit Samar Yazbek

Il ne faut pas laisser se dissoudre la mémoire des événements survenus depuis les premières manifestations de mars 2011 pour demander plus de démocratie. La mémoire de ce qui fut vécu par les Syriens ébahis, piégés à la fois par un régime dictatorial et le fanatisme religieux. La mémoire de leur lutte, au quotidien, pour résister, survivre sous les bombes, s’organiser sous les décombres, rechercher les cadavres sous la mitraille en continuant d’éduquer les enfants dans les caves et en militant pour la vie.

« Il s’est passé tant de choses, dit-elle, magnifiques et cruelles, qu’il faut arracher à l’oubli. Et il y a tant d’autres éléments à montrer des Syriens que cette image de victimes fracassées, minées par l’amertume. Ils se sont battus. Ils ont agi. Ils ont espéré. Et la cause était noble. Il faut leur rendre justice. Dire la vérité ! Vite, avant que nous ne sombrions dans une amnésie collective. J’ai si peur que nous perdions tous la mémoire ! »

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