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Menacée de fermeture, l’association Lizie dan lame ne compte pas rendre les armes. Du moins, pas pour l’instant, confie son président, Reynolds Permal. Pourquoi a-t-il besoin de financement ? Explications.
Après 40 ans, vous alliez fermer boutique. Qu’est-ce qui vous a fait reculer ?
Lizie dan lame, c’est mon enfant. Je me sens blessé par cette situation. Nous aidons l’État et vice versa. Quand on n’y arrive plus, on demande de l’aide. N’est-ce pas légitime ? Après une réunion tenue mercredi dernier, notre comité va frapper à toutes les portes de la communauté pour chercher de l’aide afin de nous sauver. On va définir des stratégies de projet et trouver des solutions. Entre-temps, nous préparons ma relève. Notre bâtiment sera toujours là. On a juste besoin d’argent pour payer les occupants et rouler l’association qui est toujours en sursis.
Pourquoi cet urgent besoin de financement ?
D’abord, c’est pour former le personnel. Puis pour acquérir des équipements. Cela coûte très cher, d’autant plus qu’il n’y en a pas à Maurice. Il faut en chercher en Europe, en Afrique, etc. Le continent et l’océan Indien n’en disposent pas. Je ne peux pas tuer mon enfant. Nous avons toutes les facultés et capacités mais il faut se fortifier. On se bat pour survivre.
Votre situation financière traduit-elle un problème de gestion ?
Nos comptes sont audités. Avant, nous avions le soutien des entreprises, des sponsors, entre autres. Cela a commencé par un peu de financement pour croître davantage. Aujourd’hui, ce qui reste provient de l’État. Les autres donations ont drastiquement chuté. Les entreprises reversent les contributions à la Corporate Social Responsibility (CSR) Foundation. Les sponsors nous abandonnent car ils ne peuvent plus collaborer avec nous.
Par exemple, une entreprise nous finançait à hauteur de Rs 400 000 pendant des années. Puis, avec la CSR Foundation, elle nous a dit qu’on en avait bénéficié pendant des années et que maintenant, les donations allaient être distribuées à d’autres organisations non gouvernementales (ONG) aussi. D’autres compagnies trouvent plus facile de passer par la CSR Foundation.
Votre appel à assistance n’est-il pas une sorte de chantage, au final ?
Pas du tout. C’est vrai que l’État m’aide toujours. Mais cela ne suffit pas pour tout faire. D’ailleurs, je mesure bien ce que je dis en ce moment même. Nous sommes en pleine campagne électorale. Certains vont évidemment utiliser cela pour telle ou telle action. Ce n’est pas mon cas. Regardez donc mon budget…
Justement, quelles sont ces dépenses budgétaires qui vous accablent actuellement ?
C’est encore frais dans ma tête, je viens d’en discuter. J’ai prévu un budget de Rs 4,2 millions pour 2019. Avec le coût de la vie, les frais augmentent chaque année. J’ai soumis ce projet à la CSR Foundation, mais il a été refusé. J’ai reçu une lettre en mai 2019 mentionnant que celui-ci a été mal fait. Il indiquait simplement comment on allait faire fonctionner l’association, ce qu’on mangera aujourd’hui ou demain, combien on dépensera en huile, riz, farine, etc., le coût de l’électricité, entre autres. J’ai de nouveau soumis le projet et j’attends toujours.
En termes de dépenses, je n’ai que deux écoles, l’une à Forest-Side et l’autre à Flacq. Nous avons 40 élèves âgés de deux ans à monter et 25 membres du personnel. Les salaires mensuels s’élèvent à Rs 245 000. Ce qui constitue une des plus grosses charges budgétaires. Moi, je suis payé Rs 13 000 par mois. Sans oublier les dépenses liées aux activités sportives, à la mobilité, à l’enseignement du braille, à la rééducation ou encore à la vie en société.
Quels sont vos actifs ?
Nous sommes propriétaires du bâtiment à Forest-Side depuis l’an 2000. Par contre, à Flacq, nous disposons d’un espace au sein de l’école Rajcoomar Gujadhur qui appartient à l’État. Nous avons également deux fourgons.
Vous jouissez d’une notoriété internationale. Les donateurs étrangers ne vous donnent-ils pas un coup de pouce ?
Nullement. Nous n’y avons pas droit. Nous étions un pays en voie de développement. Bien que nous ayons atteint le statut de pays développé, nous ne sommes pas considérés comme prioritaires. Pourtant, nous avons essayé, et même en termes de développement, c’est difficile. À Rodrigues, par exemple, c’est un combat pour y créer une structure. Nous sommes pourtant membre de l’Union francophone des aveugles pour l’océan Indien, de l’Union africaine des aveugles et de l’Union mondiale des aveugles. Mais nous ne percevons aucune aide internationale.
Ne faites-vous pas de levées de fonds ?
Quand nous en avons l’occasion, nous faisons une quête annuelle. Avant, on collectait environ Rs 200 000. Maintenant, cela équivaut à Rs 100 000. Trop de gens font des collectes. En 2018, on a dû annuler la collecte de fonds. On ne fait aucun concert ni de bring and buy. Nous avons dû réduire la fabrication de paniers car après avoir formé des gens en la matière, ils ont ouvert leur propre entreprise.
Et les contributions des élèves ?
Tout est gratuit chez nous. Nous n’avons aucun revenu des parents. Même les uniformes sont offerts. Nous devons chercher un sponsor pour les concevoir.
Dans la presse, le président de la National Social Inclusion Foundation dit ne pas être au courant de vos difficultés financières. Vous ne communiquez donc pas avec lui ?
Vous me faites rire. Je l’ai appelé l’autre fois. Il se peut qu’il ignore nos difficultés mais bien sûr que je communique avec lui, notamment pour qu’il examine nos projets. Je ne sais pas pourquoi il dit cela. La récente réunion à laquelle a assisté un membre de Lizie dan lame visait à nous informer d’une reclassification des ONG pour la CSR Foundation, et pas pour évoquer les problèmes financiers. Bien sûr là, ils vont tâcher de tirer leur épingle du jeu. Je suis agacé de voir des fonctionnaires venir se défendre lorsqu’il faut donner des fonds.
Les ONG ne cessent d’évoquer les problèmes de financement liés aux règlements de la CSR Foundation. Ne verrontelles jamais la lumière au bout du tunnel ?
C’est un political issue. Je n’en dirai pas plus à ce sujet. Je ne veux avoir d’ennui avec personne. Je ne peux connaître les problèmes des autres.
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