revanche sur le traité de Sèvres

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Publié aujourd’hui à 14h09

Un pacte de cette importance ne pouvait être scellé n’importe où. Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son nouvel allié libyen, Faïez Sarraj, le chef du gouvernement d’accord national (GAN), avaient besoin d’un lieu solennel et chargé d’histoire pour signer un accord mémorable, une alliance susceptible de changer la donne stratégique en Afrique du Nord et en Méditerranée.

Le palais de Dolmabahçe, sur la rive européenne d’Istanbul, résidence de six sultans jadis et dernière demeure de Mustafa Kemal Atatürk, qui y est mort le 10 novembre 1938, était le lieu tout indiqué. Dans le vieux palais bercé par les eaux du Bosphore, les deux hommes ont, à quatre reprises, entre novembre 2019 et février 2020, façonné le double accord – sécuritaire et maritime – qui les unit.

Tout a commencé le 27 novembre 2019 sous les lourdes tentures de velours rouge à Dolmabahçe. Entre Erdogan et Sarraj, réunis à huis clos, des cartes ont été déployées, celles de la Libye et de la Méditerranée, dotées de nouvelles lignes de partage. A ce moment précis, Faïez Sarraj est en mauvaise posture. Acculé en Libye par l’offensive lancée par le maréchal dissident Khalifa Haftar sur son fief de la Tripolitaine, abandonné par les Occidentaux, il n’a d’autre issue que de s’accrocher à la bouée de sauvetage que lui tend son nouvel allié.

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Les ambitions d’Ankara

En contrepartie d’une aide militaire et logistique en Libye, le gouvernement de Tripoli accepte le principe d’une délimitation maritime censée satisfaire les ambitions d’Ankara en Méditerranée orientale. Une fois son hôte parti, M. Erdogan savoure sa victoire. « Grâce à cette coopération militaire et énergétique, on a renversé le traité de Sèvres », dira-t-il lors d’une intervention télévisée juste après la deuxième rencontre de Dolmabahçe avec Sarraj, le 16 décembre. Erdogan est habité par l’histoire. Il pense avoir une revanche à prendre sur elle.

Pourquoi sinon évoquer Sèvres ? Signé il y a cent ans, le 10 août 1920, ce traité censé organiser le dépeçage de l’Empire ottoman au sortir de la première guerre mondiale, bien que nul et non avenu, est resté comme une plaie dans l’inconscient collectif turc. L’humiliation de Sèvres va rapidement servir de ferment au mouvement de résistance emmené par Mustafa Kemal, plus tard connu sous le nom d’Atatürk, un général dissident de l’armée ottomane qui organise un gouvernement national à Ankara.

Bientôt, les victoires remportées par les forces kémalistes contre les Français, les Grecs et les Italiens lors de la guerre gréco-turque de 1919-1922 vont obliger les occupants à négocier un nouveau traité, signé à Lausanne le 24 juillet 1923. En opposition à Sèvres, Lausanne symbolise la victoire sur les forces occidentales, l’honneur retrouvé, le combat national. Un Etat turc laïque succède alors à l’empire musulman multinational.

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