retrouvailles un rien amères entre la Moselle et la Sarre

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Des retrouvailles, comme après de longues vacances. « Cela fait plaisir de pouvoir revenir ici », lance un grand gaillard en tenue de motard, qui repartira avec deux pots de tabac à rouler. « Vous nous avez manqué », enchaîne la cliente suivante, venue acheter dix canettes de whisky-coca. A la caisse, Usman Apedin réplique d’une voix enjouée laissant imaginer le large sourire caché derrière son masque : « Moi aussi, je suis content de vous revoir. Presque deux mois sans travailler, c’est long ! »

Mardi 19 mai. Usman Apedin a enfin été autorisé à rouvrir son bureau de tabac, situé juste à l’entrée du petit pont qui sépare la commune allemande de Grossrosseln (Sarre) à sa sœur française Petite-Rosselle (Moselle). Il était fermé depuis le 26 mars. Dans son smartphone, le buraliste a gardé la photo de l’arrêté municipal qui, ce jour-là, lui a appris qu’il devait baisser le rideau, comme deux autres tabacs de Grossrosseln. Une conséquence de la décision prise par l’Allemagne, le 15 mars, de fermer ses frontières avec la France, le Luxembourg, la Suisse, l’Autriche et le Danemark, sauf pour les travailleurs frontaliers et le trafic de marchandises. Etant donné que « 95 % des clients [de ces trois bureaux de tabac] sont des gens qui vivent en France et viennent en Allemagne pour acheter des cigarettes moins cher », la fermeture de la frontière justifie celle de ces trois points de vente, explique l’arrêté municipal.

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« Quand vous apprenez du jour au lendemain que vous ne pouvez plus ouvrir votre commerce pour aller travailler, ça fait un choc », confie Usman Apedin. « Jamais je n’aurais cru que ça m’arriverait, de même que je n’aurais jamais imaginé qu’on referme un jour cette frontière qui pour moi n’a pas d’existence », explique cet homme de 36 ans né en Turquie de parents kurdes venus s’installer à Grossrosseln peu après sa naissance. « Ici, je n’ai jamais fait vraiment attention à la frontière. J’ai toujours circulé d’un pays à l’autre sans que ce soit un sujet de préoccupation », explique-t-il, jonglant naturellement entre l’allemand et le français.

Nouvelle dissymétrie

La réouverture du tabac d’Usman Apedin est directement liée à la décision du gouvernement d’Angela Merkel d’assouplir les contrôles aux frontières. Depuis samedi 16 mai, les autorités allemandes ne contrôlent plus systématiquement tous les véhicules qui viennent de France. Les barrières rouge et blanche installées au mois de mars, qui empêchaient souvent tout passage, ont disparu. Désormais, la police circule d’un point à l’autre. Au passage entre Grossrosseln et Petite-Rosselle, les habitants ont remarqué, ces derniers jours, qu’elle avait tendance à faire des contrôles le matin, mais beaucoup moins l’après-midi.

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