rester ferme avec la Chine sans la provoquer

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Editorial du « Monde ». Washington et Pékin sont au moins d’accord sur un point : parmi leurs nombreux différends, la question taïwanaise est la plus sensible. C’est celle qui présente le plus grand risque de déboucher sur un conflit armé. Dans le climat actuel de grande tension, la perspective d’un tel conflit préoccupe les chancelleries bien au-delà des deux géants.

L’île où se sont réfugiés les nationalistes chinois en 1949 a toujours été un sujet complexe. En reconnaissant la Chine populaire dans les années 1970, les Etats-Unis ont cessé de reconnaître Taïwan, puisque, tant pour les communistes que pour les nationalistes, il n’y avait qu’« une seule Chine », que chaque camp estimait représenter.

Les Américains n’ont pas pour autant lâché leur allié démocratique en rase campagne. Ils lui ont promis, non de le défendre en cas d’attaque de la Chine communiste, mais de s’engager à lui donner « la capacité de se défendre ». Antony Blinken, secrétaire d’Etat du président Joe Biden, vient de réaffirmer cet engagement.

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Bien qu’à la tête d’un parti officiellement indépendantiste, la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, élue en 2016 et réélue en 2020, plaide pour un « statu quo » et s’est bien gardée de proclamer formellement l’indépendance de ce territoire de 23 millions d’habitants.

Un repoussoir

Mais ce statu quo est de plus en plus formel. Pour Xi Jinping, la « réunification » est légitime et ne saurait être « repoussée de génération en génération ». En 2019, le président chinois a même préconisé pour Taïwan le même principe que pour Hongkong : « un pays, deux systèmes ». Une formule dont ne voulaient pas entendre parler les Taïwanais avant l’adoption de la loi sur la sécurité nationale à Hongkong, le 30 juin 2020, et qu’ils redoutent encore plus depuis. Pour Pékin, Hongkong est un modèle. Pour Taïwan, c’est un repoussoir.

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Or l’image internationale de l’île s’est beaucoup renforcée ces derniers mois, grâce à ses propres atouts – une gestion remarquable du Covid-19, une économie prospère, une industrie des semi-conducteurs en pointe –, mais aussi sous l’effet de l’agressivité de la Chine. Les Occidentaux craignent la mise en œuvre d’une « doctrine Monroe chinoise » : comme le président américain au début du XIXsiècle, les Chinois jugent qu’ils sont les seuls légitimes à intervenir dans leur environnement proche. Hier la mer de Chine du Sud, aujourd’hui Hongkong, demain Taïwan… Pourquoi pas, après-demain, les îles du sud du Japon de l’archipel d’Okinawa ?

Un délicat exercice d’équilibre

En réaffirmant son engagement aux côtés de Taipei dès le début de son mandat, Joe Biden envoie un signal clair à Pékin. Cette fermeté est justifiée. Les Européens doivent aussi réaffirmer que la force n’est pas une option et s’engager davantage aux côtés de la société taïwanaise.

Il faut cependant éviter toute provocation susceptible de fournir à Pékin un prétexte pour imposer une réunification par la force. Xi Jinping est sans doute plus réticent à envahir Taïwan que ses discours belliqueux ne le laissent supposer. Il est de l’intérêt de tous, notamment des Taïwanais, que les Etats-Unis, l’Union européenne mais aussi le Japon et la Corée du Sud mettent en garde la Chine contre les graves conséquences qu’aurait pour elle une aventure militaire sans, pour autant, faire perdre la face aux dirigeants de Pékin.

C’est un délicat exercice d’équilibre, dans un contexte inflammable. Testés, parallèlement, sur le continent européen par les bruits de bottes russes à la frontière ukrainienne, les pays démocratiques n’ont pas le droit à l’erreur.

Le Monde

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