Résolution aux Nations Unies sur les Chagos: 32 nouveaux pays s’engagent aux côtés de Maurice

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Karen Pierce, représentante permanente du Royaume-Uni à l’ONU, et Pravind Jugnauth ont croisé le fer, hier, à la tribune, à New York, mercredi 22 mai.

Karen Pierce, représentante permanente du Royaume-Uni à l’ONU, et Pravind Jugnauth ont croisé le fer, hier, à la tribune, à New York, mercredi 22 mai.

Le Royaume-Uni perd des alliés. En 2017, Maurice avait récolté 94 votes en faveur de sa demande pour un avis consultatif sur l’excision des Chagos de son territoire. Hier, mercredi 22 mai, l’Assemblée générale des Nations unies a été appelée à voter pour une résolution fixant un délai de six mois au Royaume-Uni pour le respect de l’avis consultatif. Cette fois, 116 votes pour ont été recueillis.

En décortiquant la position adoptée par chaque membre des Nations unies, l’on arrive à la conclusion que Maurice a eu 22 nouveaux votes en sa faveur, mais le pays a surtout rallié à ses côtés 32 nouveaux États, en comptant les pays qui s’étaient abstenus de vote en 2017 et qui ont, hier, voté en faveur ainsi que ceux qui étaient absents de l’exercice deux ans de cela et qui ont maintenant voté pour la résolution. Dix pays qui étaient en notre faveur en 2017 se sont abstenus ou n’étaient pas présents. D’où le différentiel entre 22 et 32.

Au total, 24 des 65 pays qui avaient opté pour l’abstention en 2017, ont à présent voté pour la résolution. Parmi l’on retrouve la Chine et le Mexique. Serait-ce les relations tendues qu’entretiennent ces deux pays avec les États-Unis de Donald Trump qui expliqueraient le changement de position. C’est ce que suggéraient les spéculations à quelques heures du vote du mercredi 22 mai.

La Chine fait le pas

Du moins dans le cas de la Chine qui, en choisissant de se ranger du côté de Maurice, s’oppose ainsi à l’Angleterre mais aussi aux États-Unis avec qui le géant chinois de téléphonie mobile Huawei est en conflit. Pour la première fois, la République populaire de Chine a décidé de supporter la cause mauricienne pour retrouver sa souveraineté sur les Chagos, malgré le litige au sujet de la souveraineté de Taïwan, et bien que cela aille à l’encontre de la One China policy. 

Dans une déclaration à l’express, le chargé d’affaires de l’ambassade de Chine, le conseiller Gong Yufeng déclare : «The Chinese government is a consistent and firm supporter of the world decolonization process. We fully understand and support the legitimate claims of African States including Mauritius in the issue of decolonization. We support the UN to play its role in fulfilling its decolonization responsibilities in accordance with the UN Charter and taking reference from the advisory opinion of the International Court of Justice. That’s why China voted in favor of this resolution.»

Echec du Brexit

Si le constitutionnaliste Milan Meetarbhan, interrogé à la veille du vote, affirmait que l’empire du Milieu voterait par principe et ne changerait pas sa posture par peur de créer un précédent qui lui porterait préjudice à l’avenir, le Leading Counsel de Maurice sur le dossier Chagos, Philippe Sands, soutient, lui, que le contexte international n’y est pas pour grand-chose. Il est d’avis que le changement dans le nombre de votes en faveur de Maurice résulterait plutôt de l’échec du Brexit mais aussi de l’avis consultatif délivré par la Cour internationale de justice en février dernier. «C’est ce qui a fait la différence.»

«Le Royaume-Uni n’a pu convaincre que cinq pays cette fois-ci, contre 14 en 2017. Cela démontre un respect pour le Principle of law et pour la décolonisation, mais aussi pour le rôle des Nations unies et la Cour internationale de justice», indique-t-il, en faisant ressortir que les résultats de l’exercice de vote sont «impressionnants».

Comment le Brexit pourrait avoir fait pencher la balance en faveur de Maurice ? «Très peu de pays de l’Union européenne, ont apporté leur soutien au Royaume-Uni. La politique étrangère du Royaume-Uni ne marche pas. Le Brexit est un échec total.»

Sécurité des pays amis et dangereux précédent

Nous avons sollicité, de nouveau Milan Meetarbhan, à l’issue du vote d’hier. À présent, ce qui l’étonne, ce sont les arguments avancés par le Royaume-Uni et les États-Unis pour justifier le non-respect de l’avis consultatif. L’argument principal des deux pays était que ce vote viendrait créer un dangereux précédent.

Karen Pierce, Permanent Representative du Royaume-Uni, a expliqué que le British Indian Ocean Territory joue un rôle crucial pour assurer la sécurité des pays «amis» dans la région de l’océan Indien. «The issue with Mauritius is fundamentally a bilateral sovereignty dispute. If the resolution is passed, it will be a dangerous precedent. The resolution goes beyond the advisory opinion of the ICJ. Advisory opinions may carry weight from time to time in international law, but they are not legally binding. The ICJ does not take into ac- count that the agreement of 1965 was legally binding. UK remains committed to respect this agreement. And this is not an issue of colonisation. But about using advisory opinions for the purpose with which they were made. To conclude, the UK believes this matter should remain a bilateral dispute.»

Du côté des États-Unis, Jonathan Cohen, United States Deputy Representative to the United Nations, a affirmé que «les modalités de la base militaire reposent sur la coopération UK-US. La cour n’a pas dit que Maurice est souverain et ne suggère pas que les États membres doivent le reconnaître. Cette résolution créera un précédent dangereux.»

Qu’importent les arguments du Royaume-Uni et des États-Unis, dans les milieux proches de l’Union africaine, l’on accueille les nouveaux résultats du vote comme un symbole de victoire contre la colonisation. «La colonisation qui continue est un anachronisme qui devrait être aboli. Le dossier des Chagos est très intéressant du point de vue légal et politique. L’avis de la CIJ a donné une nouvelle légitimité au combat de Maurice», fait-on ressortir.

Les Affaires étrangères donnent la réplique aux Maldives 

Autre pays qui s’est opposé à Maurice hier (et en 2017), mais pour de toutes autres raisons ce sont les Maldives. Les Maldives ont toujours soutenu les processus de décolonisation et ne priveront aucun peuple de la liberté. Elles acceptent la compétence de la CIJ. Mais il n’y a pas de clarté sur la question du plateau continental qui les concerne Puis il y a la sécurité. C’est pour cela que les Maldives votent contre. Mais ce n’est pas un vote contre les coauteurs, a dit le représentant mercredi.
 
Le ministère des Affaires étrangères a répondu, dès hier, par biais de communiqué, adressé à l’ONU: “I wish to refer to the statement made this morning by the distinguished representative of Maldives in which she has made reference to their submission to the Commission on the Limits of the Continental Shelf, to which Mauritius has objected. Mauritius wishes to clarify this matter which has been misrepresented. Mauritius and Maldives engaged in discussions on the maritime boundary in October 2010 on the basis of equidistance. However, the discussions were not conclusive. I wish to recall that in July 2010 when Maldives made its submission, Mauritius drew their attention to the fact that the submission did not take into account the potential equidistant boundary line since the claim clearly overlapped with our potential EEZ.”

What’s next? 

À présent que la résolution a été votée, quelle sera la prochaine étape ? «Le gouvernement est en train d’explorer différentes possibilités que cette résolution rend possible. On va voir où ça va aller», laisse entendre Philippe Sands. D’ajouter espérer que les relations changent pour le meilleur entre le Royaume-Uni et Maurice. 

En attendant, explique Jagdish Koonjul, représentant permanent de Maurice à l’ONU, cette résolution, puisque adoptée, donne six mois, à compter d’hier, au Royaume-Uni pour se plier à l’avis consultatif de La Haye.

Lobby au Conseil des ministres ACP à Bruxelles

Une délégation officielle des Affaires étrangères se trouve actuellement au Conseil des ministres du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), où se tient la 44e session du Conseil des ministres. Il nous revient qu’une résolution, demandant aux 79 membres de l’ACP de soutenir la motion de Maurice sur les Chagos a été passée, précédant le vote à l’ONU.

Ces autres États qui pourraient en profiter

La résolution suivant l’avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ), relative aux Chagos a été votée. Bien que ce vote constitue une autre victoire à Maurice et vient donner une nouvelle force à notre bataille en vue de récupérer cet archipel, d’autres États pourraient s’appuyer sur la démarche de Maurice dans le cadre des combats qu’ils mènent aussi par rapport à des disputes territoriales. C’est un signal fort: les Nations unies ont légitimé notre revendication sur la souveraineté des Chagos. La communauté internationale s’aligne sur ce qu’a dit la CIJ. C’est-à-dire, que le processus de décolonisation de Maurice n’a pas été complété et que les Britanniques ont mal agi. Ainsi, ces derniers devraient nous restituer l’archipel des Chagos dans les plus brefs délais.

Impérialisme et domination 

Plusieurs pays du continent Africain pourraient bien prendre exemple sur Maurice. D’où la volonté de l’Union africaine (UA) de présenter cette résolution au nom du Sénégal. Car le continent a subi l’impérialisme, le néocolonialisme voire la domination.

D’autres pays, tels que Chypre, comptent beaucoup sur cette résolution. Au moment de son indépendance, une partie du territoire a été excisée par les Britanniques, pour en faire une base militaire. L’autre cas est le litige entre l’Argentine et le Royaume-Uni par rapport aux Îles Malouines. Celui-ci, qui porte sur la souveraineté de ces îles, date de 1833. Autre pays qui compte à peu près la même bataille que Maurice est le Belize, dont la moitié du pays est sous le contrôle du Guatemala.

Cette résolution vient sans doute donc apporter de l’eau au moulin de ces autres nations qui militent pour les mêmes raisons que Maurice.


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Lexpress

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