Rene Silva, la voix des favelas de Rio

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Dans le Complexo de Alemão qui regroupe treize favelas et 70 000 habitants, dans le nord de Rio de Janeiro, en août 2017.
Dans le Complexo de Alemão qui regroupe treize favelas et 70 000 habitants, dans le nord de Rio de Janeiro, en août 2017. APU GOMES / AFP

LETTRE DE RIO

Il ne peut pas faire 100 mètres dans les rues de sa favela que, déjà, on l’arrête. « Rene !, interpelle cette femme en t-shirt bleu, rentrant des courses avec son fils. Il y a ce trou plein d’eau et de déchets, dans la rue, là-bas… Une voisine a attrapé la dengue. Est-ce que tu pourrais y jeter un œil ? » Rene opine, la femme sourit, remercie et s’en va. « Les gens ici me font confiance, ils pensent que je peux les aider », s’excuse le jeune homme, un peu gêné.

Car dans le Complexo de Alemão, tentaculaire ensemble de briques et de tôles regroupant treize bidonvilles et 70 000 habitants, dans le nord de Rio, Rene Silva n’est pas n’importe qui. A 26 ans, le fondateur du journal Voz das Comunidades (« Voix des communautés ») est l’une des figures les plus connues de ce quartier, mais aussi des autres nombreuses favelas de la ville, dont il est devenu au fil des années l’un des plus importants porte-voix.

Qu’on en juge : avec seulement cinq journalistes à temps plein 30 000 euros de budget annuel, la Voz est consultée chaque mois par 2 millions d’internautes et imprime 15 000 exemplaires. Le journal, gratuit, traite exclusivement des problèmes des quartiers populaires de Rio, où le journal dispose d’un réseau sans pareil de dizaines de volontaires, de centaines de sources et informateurs.

« Autre chose que la violence »

« On veut montrer autre chose que la violence et la mort, qui sont les obsessions des grands médias », insiste Rene Silva, qui reçoit par un brûlant matin de mars dans les locaux de son journal, petite maison à demi-vide, bâtie au pied du morro (la « colline ») do Alemão. Education, propreté, drogue, mais aussi changement climatique, violences sexistes et aujourd’hui coronavirus : aucun sujet n’échappe à la Voz.

T-shirt rose, blue-jean, dreadlocks coupées courtes et barbe finement taillée : le « red-chef » est un jeune homme noir, urbain et branché, un peu coquet même. Malgré le succès, il n’a jamais quitté sa voix timide et son rugueux quartier. « Je suis né dans l’Alemão, et j’habite toujours à deux rues du journal », précise d’emblée Rene Silva.

Car c’est ici que tout a commencé – plutôt très mal. Rene grandit dans le sous-quartier d’Adeus (« adieu »), disputé par plusieurs gangs de trafiquants de drogue : régulièrement, les balles traversent le salon familial et endommagent le mobilier. Son père, balayeur de rue et alcoolique, meurt quand il a 6 ans. Sa mère, couturière, trouve un nouveau conjoint, qui la bat et tape dur sur les enfants ; Rene a un frère, aujourd’hui reporter à la Voz.

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