Regards croisés sur la menace chinoise

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Dans leur essai « La Chine e(s)t le monde », les chercheurs Sophie Boisseau du Rocher et Emmanuel Dubois de Prisque voit Pékin comme une menace existentielle pour l’Occident et ses valeurs. Les éditions Allia republient, de leur côté, « Chine trois fois muette », du sinologue suisse Jean François Billeter.

Par Frédéric Lemaître Publié aujourd’hui à 05h00

Temps de Lecture 4 min.

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Livres. Quelques mois après avoir publié L’Occident face à la renaissance de la Chine (2018), de Claude Meyer, conseiller au centre Asie de l’Ifri (Institut français des relations internationales), les éditions Odile Jacob récidivent. Malgré un risque de cannibalisation évident, elles publient aujourd’hui La Chine e(s)t le monde, un essai rédigé par Sophie Boisseau du Rocher, également chercheuse associée à l’Ifri, et Emmanuel Dubois de Prisque, chercheur associé à l’Institut Thomas-More.

Principale différence entre les deux ouvrages : le second est encore plus alarmiste que le premier. Là où Claude Meyer évoquait un « défi », Sophie Boisseau du Rocher et Emmanuel Dubois de Prisque parlent de « risque ». Leur message est dépourvu d’ambiguïté : la Chine représente une menace existentielle pour l’Occident et ses valeurs. Compétition désormais explicite avec les Etats-Unis pour devenir la première puissance mondiale, dépenses militaires en forte hausse, nouvelles routes de la soie – que les auteurs rebaptisent « routes de l’entre-soi » – pour se créer un réseau d’obligés à travers la planète, tentative de transformer la mer de Chine méridionale en lac chinois, remise au goût du jour du tianxia, cette théorie selon laquelle l’empereur de Chine règne sur « tout ce qui est sous le ciel »… Les auteurs ne manquent pas d’arguments pour étayer une thèse désormais largement partagée par les spécialistes occidentaux.

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Mais ils vont au-delà sur deux aspects : le rapport de la Chine à l’Etat-nation et le classement des citoyens. Revenant sur les relations entre la Chine et l’Occident au XIXe siècle et la signature des « traités inégaux », ils notent que, « paradoxalement, ce qui a traumatisé la Chine dans les traités dits “inégaux” n’était pas leur nature inégale, mais, à l’inverse, d’être fondés sur l’égalité de principe des parties qui révélait, à ce moment donné de l’Histoire, une inconcevable infériorité de la partie chinoise ». Un traumatisme dont la Chine ne s’est pas totalement remise, si l’on en juge par le rappel encore fréquent de cet épisode par les médias chinois.

Fichage systématique

Autre point fort du livre : l’analyse du crédit social actuellement mis en place en Chine. Si les Occidentaux dénoncent le fichage systématique de chaque citoyen en fonction de son comportement social, les auteurs notent que « ce projet procède d’une conception de la vie commune qui fait du pouvoir politique le lieu d’un jugement sans appel sur les personnes », une conception que peu de citoyens semblent remettre en cause. Fascinés par la science, les dirigeants communistes peuvent, dans ce domaine comme dans d’autres, « prétendre agir scientifiquement sur la société dans une sorte d’extériorité objective ».

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