Rakka, meurtrie, peine à se reconstruire

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Raqqah, le 10  mars 2019. Ecole Meydan de Raqqah. L'école se situé juste à coté, d'un immeuble qui abritait la police islamique de Daesh( Hisba.) Pendant la récréation, les élèves se bousculent pour acheter leur gouter.

LAURENCE GEAI POUR “LE MONDE”

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Sur fond d’insécurité persistante, le ressentiment populaire gronde dans l’ancienne capitale de l’organisation Etat islamique, alimenté par le manque d’aides à la reconstruction et l’ingérence des nouveaux maîtres kurdes.

Dans un local modeste du quartier de Jaméli, au centre de Rakka, Abou Ibrahim tue le temps avec des amis, peintres en bâtiment comme lui. Quand il est revenu dans cette ville du nord-est de la Syrie en juillet 2018, ce père de famille de 46 ans a découvert son appartement, à une centaine de mètres de là, détruit à la suite d’un bombardement. Menée à grand renfort de frappes aériennes et d’artillerie lourde, la reconquête de l’ancienne capitale de l’organisation Etat islamique (EI) par les Forces démocratiques syriennes (FDS) arabo-kurdes, soutenues parla coalition internationale, a détruit la ville à 80 %, tuant, selon les ONG Amnesty International et Airwars, plus de 1 600 civils, de juin à octobre 2017.

Il faudrait 20 millions de livres syriennes (34 500 euros) à Abou Ibrahim pour reconstruire son appartement. Or, les petits boulots sont rares. « Je ne pense pas que je reconstruirai ma maison : je n’ai pas d’argent, aucune aide des ONG, ni des autorités locales », dit-il, fataliste. Pour l’instant, il loue un autre logement. Dans sa rue, vingt familles sont dans la même situation. Toutes bataillent pour trouver les quelque 10 000 livressyriennes nécessaires à alimenter chaque mois le générateur électrique. « La vie sous l’Etat islamique était bien meilleure : il y avait plus de sécurité, pas de racisme entre les gens et pas de pillages », résume, cinglant, son ami Abou Baker, âgé de 21 ans.

Rakka, le 10 mars 2019 : dans une rue commerçante, une robe est à vendre. Ces boutiques étaient interdites dans l’ancienne capitale de l’organisation Etat islamique.
Rakka, le 10 mars 2019 : dans une rue commerçante, une robe est à vendre. Ces boutiques étaient interdites dans l’ancienne capitale de l’organisation Etat islamique. LAURENCE GEAI POUR “LE MONDE”

A Rakka, dont la population est en majorité arabe, la lenteur de la reconstruction a renforcé les griefs contre les nouveaux gouverneurs kurdes. Les forces de sécurité et le Conseil civil de la ville ont certes intégré des Arabes, mais ils restent dominés par des représentants du Parti de l’union démocratique (PYD). Ce parti kurde, qui a proclamé, fin 2016, le Système fédéral démocratique de Syrie du Nord sur les trois « cantons » kurdes d’Afrin, de Kobané et de la Djézireh, a étendu son contrôle aux provinces à majorité arabe de Rakka et de Deir ez-Zor, libérées par les FDS. « Si vous êtes kurde, vous pouvez tout obtenir ; sinon vous pouvez crever !, dénonce Abou Baker. Les responsables de quartiers ne donnent rien aux habitants, ils les volent. Les services sont très mauvais. On doit demander de l’aide aux ONG, mais elles aussi volent. Les pillards sont relâchés par les chefs des FDS en échange d’une partie de leur butin. »

Colère

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