« Que l’Espagne et la France s’excusent pour les victimes du franquisme »

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Quatre-vingts ans après la prise de pouvoir par Franco, la France n’a pas endossé sa responsabilité dans le mauvais traitement réservé aux réfugiés sur son sol, estiment trois universitaires dans une tribune au « Monde ».

Publié le 01 avril 2019 à 01h15 Temps de Lecture 7 min.

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Pedro Sanchez rend hommage à Manuel Azana, président espagnol mort en exil en France en 1940, le 24 février à Montauban (Tarn-et-Garonne).
Pedro Sanchez rend hommage à Manuel Azana, président espagnol mort en exil en France en 1940, le 24 février à Montauban (Tarn-et-Garonne). ERIC CABANIS / AFP

Quatre-vingts ans. Il aura fallu attendre quatre-vingts ans pour que, d’Espagne, vienne un chef de gouvernement pour demander « pardon ». Ce qu’a fait, avec éloquence, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, le 24 février. « Pardon » pour l’exode de centaines de milliers d’hommes, femmes, enfants, civils et combattants qui durent quitter, au début 1939, la péninsule ibérique en train de tomber sous le joug franquiste. Un voile noir allait recouvrir l’Espagne jusqu’en 1975, date de la mort du dictateur Francisco Franco.

La Retirada (« la retraite ») : ce mot résonne-t-il toujours en Espagne ? Signifie-t-il toujours l’exil forcé, le désespoir, l’humiliation ? Quelles images surgissent encore aujourd’hui à l’esprit des Espagnols à sa seule évocation ? Le geste historique et hautement symbolique accompli par Pedro Sanchez exprime une ferme opposition à son oblitération. Une oblitération allant de pair avec les manœuvres de ces dernières années pour édulcorer le régime dictatorial franquiste. Manœuvres révisionnistes dont on ne peut dissocier les propos récurrents sur la « guerre fratricide » et la « folie collective » qui se seraient emparées de l’Espagne entre 1936 et 1939. Ainsi ce récit revient-il à balayer et le contenu idéologique de cette guerre et la cause de celle-ci : un coup d’Etat contre un gouvernement de front populaire légitimement élu.

Un hommage au peuple espagnol

Dans son discours, Pedro Sanchez a inscrit avec vigueur l’Espagne exilée dans la continuité de l’Espagne démocratique. Une Espagne démocratique qu’il a fait remonter aux Cortes de Cadix [Assemblée constituante, 1810-1814] et à la Constitution de 1931, c’est-à-dire à une Espagne républicaine. Ce n’est pas le moindre des aspects de son allocution.

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Avant la parole, il y eut le geste. Se recueillir – à Montauban sur la tombe de Manuel Azaña, président de la République espagnole [jusqu’en 1939], écrivain, gauche modérée ; à Collioure sur celle d’Antonio Machado, poète, antifasciste, républicain convaincu – a constitué un acte politique éloquent. Ces deux personnalités mortes de ce côté-ci de la frontière symbolisent en effet la perte intellectuelle connue par l’Espagne lors de la Retirada. Transformer leur oraison tardive en un hommage au peuple espagnol et à diverses autres personnalités, tels Federica Montseny, ministre de la santé, anarchiste, ou Francesc Boix, militant communiste déporté, « photographe de Mauthausen », ne peut être attribué à un simple effet de manches oratoire.

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