Quand un pasteur nigérian promet un remède au Covid-19 à des fidèles en transe

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Les fidèles sont dispersés lors de l’office dominical à l’église Living Faith World Outreach Ministries à Abuja, capitale du Nigeria, dimanche 22 mars 2020.
Les fidèles sont dispersés lors de l’office dominical à l’église Living Faith World Outreach Ministries à Abuja, capitale du Nigeria, dimanche 22 mars 2020. Afolabi Sotunde / REUTERS

« Rentrez chez vous, le coronavirus n’est pas une blague ! » Mégaphone à la main, la police de Lagos, ville tentaculaire de 20 millions d’habitants, tentait comme elle le pouvait dimanche 22 mars d’empêcher les fidèles de se rendre dans les églises, d’habitude bondées au Nigeria.

Les rassemblements de plus de cinquante personnes sont désormais interdits et des patrouilles armées sillonnent les rues de Lagos pour faire respecter les consignes. Mais la tâche est herculéenne dans le pays le plus peuplé d’Afrique qui enregistrait dimanche officiellement vingt-sept cas de Covid-19 et où les rassemblements religieux, chrétiens ou musulmans, attirent souvent des dizaines de milliers de personnes.

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Devant les grilles cadenassées de la Celestial Church of Christ de Makoko, un bidonville insalubre et flottant sur la lagune, une foule compacte s’était rassemblée en début de matinée et la tension montait alors que les policiers en uniforme distribuaient des tracts avec des petits dessins décrivant les symptômes du Covid-19.

« Seul Dieu peut sauver l’Afrique »

« Personne ne nous a dit que les églises étaient fermées, nous ne savions pas ! » crie Judith, une jeune femme endimanchée dans une robe sertie de faux diamants et coiffée d’une charlotte en satin blanc. « Nous voulons prier, le corona n’est pas ici, c’est les Blancs qui nous l’ont amené », affirme-t-elle à l’AFP, tandis que le pasteur tente malgré tout de disperser ses fidèles.

Florence Uche, une fidèle de l’église méthodiste de la Trinité dans le quartier de Lagos Island, n’aurait manqué la messe pour « rien au monde », même si elle n’« embrasse plus » ses coreligionnaires et accepte de se faire prendre la température à l’entrée. « Dieu me l’a dit il y a trois jours et je diffuse son message : l’esprit du coronavirus est mort. Nous allons bientôt assister à ses funérailles », dit-elle avec dévotion, tout en brandissant son petit flacon de gel hydroalcoolique.

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A environ 30 kilomètres de Lagos, dans l’Etat d’Ogun, des bus entiers ont quant à eux acheminé des fidèles par milliers jusqu’à l’une des plus grandes églises pentecôtistes du Nigeria, Living Faith World Outreach Ministries, avec une capacité de 50 000 places. « Nos marchés sont ouverts, donc il n’y a aucun moyen de freiner cela. Seul Dieu peut sauver l’Afrique de cette pandémie », tonnait à l’intérieur le révérend pasteur David Oyedepo, applaudi par un auditoire en transe. Assurant que le remède serait trouvé d’ici à une semaine, il a demandé aux chrétiens de ne pas « se laisser distraire » d’ici là : « Les fléaux ne peuvent pas nous arrêter. Le coronavirus ne peut pas arrêter les enfants de Dieu. »

Autre leader religieux à avoir défié le gouvernement, l’émir de Daura, dans le nord majoritairement musulman du Nigeria, a même organisé une « prière spéciale contre le coronavirus » samedi, rassemblant quelque 5 000 personnes dans son palais, selon les médias locaux.

Eglises évangéliques en sommeil

A Kinshasa, dans la capitale de la République démocratique du Congo, autre pays très religieux et densément peuplé, la grande majorité des lieux de culte sont en revanche restés fermés dimanche matin à la suite de l’interdiction faite par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi. Le pays de 80 à 90 millions d’habitants, dont une grande majorité de chrétiens, a jusque-là enregistré un total de trente patients infectés, avec deux décès dont un annoncé dimanche. Plusieurs médias confessionnels ont retransmis les cultes en direct à la radio ou sur Internet.

Du « jamais vu » de mémoire de Congolais, selon le père Michel, curé de la paroisse catholique Notre-Dame de Fatima à Kinshasa : « Nous avons fermé l’église. Depuis que nous sommes nés, on ne se souvient pas de telles mesures. C’est pour notre bien, pour notre santé. » « Ça choque un peu. Dimanche, c’est une journée consacrée à Jésus. Mais on comprend que ce sont des mesures de sécurité », commente Déborah, lycéenne de 16 ans, qui s’est repliée avec son amie Naomie, 18 ans, devant une statue de la vierge Marie à côté de l’église fermée.

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Un peu plus loin, la grande église protestante dite du centenaire est fermée également. Un homme prie seul sous un arbre. Dès jeudi, les responsables confessionnels avaient invité les fidèles « à considérer la nouvelle épidémie aussi dangereuse que celle d’Ebola », en les invitant « à suivre scrupuleusement les mesures prescrites par le gouvernement ».

Même les églises évangéliques dites du réveil ont dû pour la plupart mettre en sommeil leur très lucrative activité, qui va de pair avec le prélèvement de la dîme et des offrandes. La grande église évangélique Philadelphie de Kinshasa a posté sur YouTube son culte dominical, avec cette conclusion : « Bien aimés, nous vous rappelons que les donations peuvent être faites par les canaux électroniques habituels », via des comptes bancaires, des paiements par téléphonie mobile ou « notre application mobile ».

Le Monde avec AFP

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