Quand l’Europe faisait de l’Audimat

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Par Pierre Sorgue

C’était avant 2005, avant la victoire du « non » au référendum sur le traité constitutionnel européen. Un temps où l’Europe était célébrée dans des émissions comme « Union libre » ou « Continentales »… Aujourd’hui, l’Union a moins la cote et les chaînes ne font plus l’effort de la promouvoir.

C’est la télé de Papa. Un générique digne de l’ORTF, les silhouettes en néon de la tour Eiffel, d’un moulin hollandais et de la tour de Pise pour décor, le ton est donné : « Bons baisers d’Europe », qu’anime depuis l’automne 2018 Stéphane Bern, le samedi sur France 2, n’évite aucun sentier battu du tourisme.

Deux animatrices passent vingt-quatre heures dans une capitale filmée au téléphone portable pour collectionner les clichés : la panse de brebis farcie écossaise n’est pas si mauvaise ; les Irlandais fêtent la Saint-Patrick et boivent de la bière ; la visite à Budapest vante le miel de moutarde et les dentistes pas chers (mais ne dit mot des conceptions de la démocratie portées par le premier ministre Viktor Orban).

Un troisième « explorateur » survole les gastronomies nationales (le Portugal n’échappe pas à la morue, Berlin à la Currywurst), des chroniqueurs étrangers déballent des objets typiques (oui, oui, les castagnettes pour l’Espagne et le sabot pour les Pays-Bas…)

Soixante-deux ans après la signature du Marché commun, malgré deux décennies de vols low cost qui ont rapproché les grandes villes du Vieux Continent, pour France 2, l’Europe se résume encore à ce pittoresque de pacotille.

Quand Stéphane Bern veut « parler d’une autre Europe que celle des institutions et des réglementations qui divisent », il avance deux références : le concours Eurovision de la chanson, créé en 1956, et le film L’Auberge espagnole, sorti en 2002. Que du neuf…

Un pâle remake d’« Union libre »

Vingt ans après « Union libre », l’émission qu’anima Christine Bravo de 1998 à 2002, France 2 tente paresseusement d’en faire un remake. Mais la copie est plus fade ; on en apprend toujours aussi peu et on s’y amuse moins.

L’heure n’est plus à la kermesse qui voyait Nikos Aliagas – dont c’était les premières apparitions sur une chaîne française – rivaliser avec l’Italien Ilario Calvo dans le rôle du séducteur méditerranéen, ou les pétillantes chroniqueuses allemande, néerlandaise et espagnole trouver tous les prétextes européens mais anecdotiques pour se dévêtir (légèrement).

La gaudriole semblait être le trait culturel le mieux partagé du continent. En guise de pédagogie, le prix d’une nuisette servait à convertir les francs en euros, quelques classements répondaient à des questions essentielles : qui sont les plus propres ou les plus célibataires des Européens ? Dans quel pays mange-t-on le plus de glaces ? L’Europe, avait dit Christine Bravo en ouvrant l’émission le 3 octobre 1998, « c’est génial : pas celle des ronds de cuir et des sommets qui nous font périr d’ennui, mais notre Europe à nous (…), l’Europe village comme le Beaujolais… »

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