« Quand les Chinois ouvrent les vannes, c’est un geste politique »

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Le niveau du Mékong, ici le 1er août 2020, est moins élevé que d’ordinaire pendant la saison des pluies.

La multiplication des ouvrages hydroélectriques en Chine et au Laos perturbe le cours du Mékong, plus gros réservoir de poissons d’eau douce au monde. Or, le bassin inférieur du fleuve, qui inclut Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos et Vietnam, a connu en 2019 sa pire sécheresse en quarante ans. Pour Chainarong Setthatchua, expert du Mékong, professeur d’anthropologie et de sociologie à la faculté des sciences humaines de l’université de Maha Sarakham (nord-est de la Thaïlande), ces barrages illustrent un « choix idéologique » de Pékin.

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La Chine est accusée par un grand nombre d’experts d’être responsable de la sécheresse qui a sévi dans les provinces bordant le Mékong, au nord de la Thaïlande. Partagez-vous cette analyse ?

Oui ! Et ce n’est pas nouveau. Tout a commencé il y a vingt-cinq ans avec la mise en service du barrage de Manwan [construit très en amont dans la province chinoise du Yunnan] : c’est à ce moment que nous, en Thaïlande, avons ressenti les premiers effets des fluctuations du niveau du Mékong. Ensuite, il y a une quinzaine d’années, les Chinois ont commencé à faire exploser les rochers qui restreignaient la circulation sur le fleuve afin, précisément, de faciliter transport et commerce fluvial. A cette époque, ils n’avaient déjà pas hésité à bloquer l’écoulement du fleuve durant trois jours.

Mais cette fois les Chinois sont passés à la vitesse supérieure : après avoir retenu l’eau à l’automne 2019, ils ont brutalement ouvert les vannes à la fin de l’année, provoquant des inondations. Ça, ils ne l’avaient encore jamais fait…

De quels moyens de pression disposent les pays du bassin inférieur du fleuve, comme la Thaïlande ?

Je me souviens d’une anecdote au début des années 2000. J’avais été invité à une réunion avec le ministre de l’environnement thaïlandais de l’époque, Praphat Panyachartrat. Il m’avait confié en aparté : « Personne n’a envie de devoir négocier avec les Chinois… » Quand on pense que les Chinois osent affirmer : « Nos barrages bénéficient aux pays frères, en aval. » Eh bien, je peux vous dire qu’on pourrait rêver mieux comme démonstration de “fraternité”.

Les Chinois mentent. Tout le monde sait bien que les barrages, contrairement à ce qu’ils affirment, ne servent pas à irriguer les pays en aval, c’est-à-dire les nations du bassin inférieur du Mékong : les barrages construits par les Chinois [en Chine ou au Laos] servent avant tout à produire de l’électricité.

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