« Quand le prince héritier d’Arabie saoudite rêve de Norvège »

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En faisant racheter la société de pétrochimie Sabic par la major pétrolière Aramco, Mohammed Ben Salman entend, comme les Norvégiens, préparer le déclin de l’or noir. Mais les mœurs politiques du pays sont loin de rassurer les investisseurs, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 11h26, mis à jour à 11h32 Temps de Lecture 2 min.

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Le prince Mohammed Ben Salman (à droite), à Pékin, le 22 avril.
Le prince Mohammed Ben Salman (à droite), à Pékin, le 22 avril. HOW HWEE YOUNG / AFP

Pertes & profits. Ah ! la Norvège, ses fjords profonds, son climat vivifiant, ses citoyens écolos, son pétrole… De même que l’historien politique Francis Fukuyama voyait dans le Danemark l’optimum démocratique à atteindre, le prince Mohammed Ben Salman, l’homme fort de Riyad, considère la Norvège comme l’avenir des pétromonarchies. Son plan est donc clair et s’appelle Vision 2030. Désormais, comme les rudes Vikings de la mer du Nord, les fiers Bédouins du désert vont regarder sans peur l’après-pétrole.

Pour s’en donner les moyens, le prince a décidé de transformer et d’enrichir le Fonds public d’investissement de l’Arabie saoudite en une machine à inventer le futur, comme le fait le Fonds souverain norvégien. Il a donc fait racheter sa plus belle participation, l’entreprise de pétrochimie Sabic, par la compagnie pétrolière Saudi Aramco. Résultat de l’opération : 69 milliards de dollars (61 milliards d’euros), pour 70 % du capital, vont passer directement de la poche du géant pétrolier à celle du fonds.

Un habile tour de passe-passe entre deux sociétés d’Etat, qui a la vertu de transformer en liquidités une participation dormante dans une entreprise de raffinage et de chimie qui emploie 34 000 personnes dans cinquante pays. Tout cela sans perdre le contrôle de l’entreprise. Le fonds saoudien pourra alors renforcer ses participations dans des stars de la high-tech, comme Uber ou Tesla, et lancer le pays dans l’aventure du tourisme, de la ville du futur et même des énergies alternatives, bref anticiper le déclin de l’or noir, qui, à défaut d’être une réalité tangible, est déjà dans la tête de tous les financiers du monde.

Attirer les capitaux

Voilà une opération qui devrait faire rêver le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, contraint de vendre au privé Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), pour financer son fonds pour l’innovation. Le prince Ben Salman, lui, n’a eu qu’à claquer des doigts pour se faire obéir. Saudi Aramco n’était pas très chaude pour dépenser autant d’argent. Elle aurait largement préféré le plan initial d’introduction en Bourse de près de 5 % d’Aramco, qui aurait alors été la plus grosse société cotée au monde. Mais les investisseurs n’ont pas montré un enthousiasme débordant, et l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en Turquie, en octobre 2018, a ruiné les tentatives du royaume de se présenter comme un Etat moderne dans lequel il fait bon investir.

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