Quand élection rime avec prison et réinsertion

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Une ancienne détenue, condamnée pour complicité d’assassinat, postule en Espagne aux municipales du 26 mai. Une réinsertion que défend son parti, Podemos, dans un pays plus habitué aux candidatures d’ex-prisonniers politiques, basques ou catalans.

Par Sandrine Morel Publié aujourd’hui à 03h31

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Des ombres se reflètent dans la vitrine d’un magasin de Madrid, le 25 octobre 2017.
Des ombres se reflètent dans la vitrine d’un magasin de Madrid, le 25 octobre 2017. SUSANA VERA / REUTERS

LETTRE DE MADRID

Jusqu’à quel point une société est-elle capable de croire en la réinsertion ? La question se pose en ce moment en Espagne. A Avila, ville médiévale de Castille-et-Leon, Pilar Baeza a remporté les primaires de Podemos.

Propriétaire sans histoire d’un gymnase de la cité fortifiée, cette ancienne porte-parole locale de la plate-forme des victimes des « actions préférentielles » – des produits bancaires abusifs qui ont provoqué la faillite de milliers de petits épargnants –, est la candidate à la mairie du parti de la gauche radicale aux élections du 26 mai.

Depuis le mois de mars, et les révélations du site d’information El Español, tout le pays sait aussi que cette femme de 56 ans a été condamnée à trente ans de prison pour complicité d’assassinat lorsqu’elle en avait 23.

Menaces de mort

C’était en septembre 1985 à Leganès, dans la banlieue de Madrid. Selon elle, Manuel Lopez, jeune boulanger de 24 ans l’avait violée. En représailles, la jeune femme, son fiancé et un ami du couple, ont prémédité son meurtre. Un soir, ils ont conduit le violeur présumé dans un terrain vague et l’ont criblé de six balles avant de jeter son corps dans un puits.

Pilar Baeza avait fourni l’arme du crime, qu’elle s’était procurée dans l’armurerie de ses parents. Pendant trois mois, ils ont gardé le secret et feint de s’inquiéter auprès des parents de la victime, avant finalement de se rendre à la police.

Pilar Baeza est sortie de prison en 1992, après sept années passées derrière les barreaux, grâce à des remises de peine. Elle a refait sa vie à Avila, où elle se considère « réinsérée » et a déclaré à la radio Cadena Ser être « une femme différente ».

Cependant elle admet craindre que « la société ne soit pas préparée » à accepter que des personnes avec un lourd passé pénal fassent de la politique. Ce n’est pas qu’un pressentiment. Des graffitis contenant des menaces de mort sont apparus sur le mur de son gymnase. Et les médias ont fait grand bruit de cette candidature, appelant son ancien fiancé pour l’accabler sur les plateaux de télévision, ou le frère de la victime, pour exprimer la douleur ravivée par le fait qu’elle se présente aux élections.

Pilar Baeza, elle, a appelé les gens à vaincre leurs « préjugés », et à se comporter « comme des personnes du XXIe siècle ». « Elle est le meilleur exemple de réinsertion sociale », a assuré le secrétaire général de Podemos en Castille-et-Leon, Pablo Fernandez, qui essaie de faire de ce handicap une vertu. « Cette personne a payé largement sa dette à la société », a-t-il ajouté, sans parvenir à calmer la polémique.

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