Privée du poumon libanais, l’économie syrienne suffoque

0
98

[ad_1]

A Damas, le 17 mai.

« Je suis dans le brouillard, incapable d’entrevoir une issue. Tout va de mal en pis : la flambée du dollar, le confinement qui a ralenti l’activité… », souffle au téléphone un Syrien engagé dans l’action humanitaire à Alep. L’appauvrissement sans fin de la population, l’inquiétude de perdre son travail, la fermeture de la frontière avec le Liban à la suite de l’épidémie de Covid-19… tout est source d’inquiétude. « Nos financements passaient par le Liban, qui est la soupape de la Syrie : si elle s’est grippée, on se retrouve asphyxiés, rappelle-t-il. Depuis la crise financière de l’automne dernier à Beyrouth, c’est la dégringolade. »

Les économies des deux pays sont intimement liées, de longue date. L’activité libanaise a lourdement pâti de la guerre en Syrie, son corridor régional. De son côté, Beyrouth a été le « principal moteur du secteur privé syrien » durant les hostilités, souligne l’économiste Samir Aita. Jusqu’à l’automne 2019, une grande partie des importations étaient réglées à travers les comptes syriens dans les banques libanaises, et le marché local permettait aux entrepreneurs de s’approvisionner en dollars. Une situation gelée, à la suite du blocage des dépôts en devises, des limitations des importations et de la pénurie de billets verts.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les nouvelles sanctions américaines, pression maximale sur la Syrie d’Assad

« La crise libanaise n’est pas résorbable à court terme, et les pressions politiques s’accentuent sur le Liban et la Syrie : on va vers l’inconnu pour ces deux pays, vers un effondrement des sociétés », s’inquiète Samir Aita. En Syrie, l’économie a été durement affectée par la guerre : les infrastructures ont été bombardées par les forces prorégime, les usines pillées par les rebelles ou les miliciens loyalistes, et l’exploitation des ressources compliquée par la fragmentation du territoire. Dans ce paysage de décombres restent l’agriculture – même si la production a chuté – et la survie de certains industriels.

« La page de la guerre ne se tourne pas »

L’impact de la crise financière à Beyrouth se mesure dans la chute de la livre syrienne depuis l’hiver : « De façon exceptionnelle pour un pays en guerre, l’Etat était parvenu à maintenir le taux de change relativement stable entre mi-2016 et mi-2019. On voit une même tendance dans le décrochage des monnaies libanaise et syrienne, car les deux pays s’alimentaient en dollars essentiellement sur le même marché », souligne M. Aita.

A Damas, la livre syrienne a plongé début juin, pour franchir le seuil de 3 000 pour un dollar sur le marché noir. Le règlement de comptes au sommet du régime, entre Bachar Al-Assad et son cousin Rami Makhlouf, pèse aussi sur la confiance. « La chute vertigineuse de la livre a créé des scènes de panique à Damas. De nombreux magasins ont fermé. Je venais d’augmenter mes employés, je les ai prévenus : je ne pourrai pas suivre le dollar. La machine va trop vite », rapporte un entrepreneur de la capitale qui, comme les autres Syriens dans le pays ou faisant la navette vers Beyrouth contactés par Le Monde, souhaite témoigner sous le couvert de l’anonymat.

Il vous reste 57.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: