Pourquoi l’Arménie et l’Azerbaïdjan s’affrontent dans le Haut-Karabakh

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Des civils dans un abri de Stepanakert, la capitale de la république du Haut-Karabagh, le 28 septembre 2020.

Pour le troisième jour consécutif, des combats meurtriers ont eu lieu, lundi 28 septembre, entre les forces du Haut-Karabakh, soutenues par l’Arménie, et les troupes d’Azerbaïdjan dans la région séparatiste du Haut-Karabakh, peuplée de 150 000 habitants, majoritairement arméniens.

Comme lors des flambées de violence de ces dernières années (2008, 2010, 2012, 2014, 2016 et 2018), ni l’Arménie ni l’Azerbaïdjan, qui se disputent ce territoire montagneux enclavé dans la République d’Azerbaïdjan, n’ont donné de détails sur les affrontements.

Malgré les appels à la retenue, aucun signe d’apaisement n’apparaît entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, deux anciennes républiques soviétiques qui s’opposent depuis des décennies au sujet de cette zone de 4 400 km2, grande comme la Haute-Savoie.

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  • Conflit ethnique de la fin de l’URSS

L’Azerbaïdjan rejoint l’URSS en avril 1920, l’Arménie en novembre 1920. Staline décide alors du rattachement du Haut-Karabakh, peuplé en majorité d’Arméniens chrétiens, à l’Azerbaïdjan, à majorité musulmane, le 4 juillet 1921.

A la faveur de la perestroïka, l’« ouverture » entamée par Mikhaïl Gorbatchev en 1985, qui offre plus d’autonomie aux Républiques soviétiques, les dirigeants du Karabakh votent, en 1998, l’unification de la région avec l’Arménie. Ils dénoncent notamment la tentative de la part des autorités d’Azerbaïdjan d’augmenter leur influence au Haut-Karabakh. Pendant des mois, les escarmouches se multiplient, forçant la majorité des Arméniens d’Azerbaïdjan à se réfugier en Arménie et la majorité des Azéris d’Arménie à en faire de même en Azerbaïdjan.

A la fin de l’été 1991, la désintégration de l’Union soviétique devient une réalité et l’Azerbaïdjan déclare son indépendance, le 30 août 1991. Elle supprime les pouvoirs exercés par le gouvernement de la région sur l’enclave. Le 2 septembre 1991, la majorité arménienne vote sa séparation de l’Azerbaïdjan et proclame la République du Haut-Karabakh. Indépendance qui n’est reconnue par aucun Etat membre de l’ONU.

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De sporadiques, les incidents entre Arméniens et Azéris s’intensifient. Entre 1992 et 1994, des combats de grande ampleur vont faire près de 30 000 morts. Les forces arméniennes s’approprient des régions à l’extérieur de l’enclave, soulevant des menaces d’intervention d’autres pays de la région.

En mai 1994, un cessez-le-feu est obtenu, des négociations pour la résolution du conflit sont organisées dans le cadre du Groupe de Minsk, une instance créée en 1992 par l’OSCE et coprésidée par la France, la Russie et les Etats-Unis. Sur le terrain, les violences cessent, exceptées quelques accrochages, notamment du 2 au 5 avril 2016, lors de guerre des Quatre-Jours, causée par une attaque azerbaïdjanaise.

Mais après plusieurs mois de montée des tensions ponctués d’incidents le long de la frontière, des combats éclatent le 27 septembre 2020, provoquant la mobilisation générale et l’instauration de la loi martiale dans ces pays.

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  • Affrontements par procuration

Ces affrontements font craindre une déstabilisation de cette région du sud du Caucase, zone traversée par des oléoducs essentiels à l’approvisionnement des marchés mondiaux du pétrole et du gaz.

Parmi les nombreuses réactions diplomatiques, la France, médiatrice dans ce conflit dans le cadre du Groupe de Minsk, qu’elle copréside avec la Russie et les Etats-Unis, a appelé à une cessation immédiate des hostilités. A Washington, Donald Trump a déclaré qu’il regardait la situation de très près. L’escalade des combats au Haut-Karabakh est « très préoccupante » et toute ingérence est « inacceptable », a déclaré le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Un conflit majeur impliquant l’Arménie et l’Azerbaïdjan pourrait entraîner l’intervention des puissances en concurrence dans la région du Caucase, la Russie et la Turquie. Le porte-parole Josep Borrell a dit avoir pris connaissance des accusations sur l’implication de « milices syriennes » proches de la Turquie et « d’autres forces » au Haut-Karabakh, prenant soin d’ajouter : « Nous n’avons pas vu des faits pour justifier ou soutenir ces allégations. »

Le Kremlin, qui se positionne en arbitre dans la région, livre des armes aux deux pays et, depuis près de trente ans, est jusqu’ici parvenu à éviter une guerre ouverte. Le président russe, Vladimir Poutine, s’est entretenu par téléphone avec le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, tandis que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a parlé avec son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliyev.

La Turquie a annoncé qu’elle soutiendrait l’Azerbaïdjan, son allié traditionnel. L’ambassadeur d’Arménie en Russie, cité lundi par les agences de presse russes, a accusé la Turquie d’avoir déplacé environ 4 000 combattants du nord de la Syrie vers l’Azerbaïdjan pour prendre part aux affrontements dans le Haut-Karabakh. L’Azerbaïdjan a démenti cette affirmation.

Le Monde

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