pourquoi l’accord prévoit-il un seuil maximal d’enrichissement de l’uranium ?

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Téhéran vient d’annoncer la reprise d’enrichissement en représailles à la défection des Etats-Unis de l’accord de Vienne de 2015.

Par Publié aujourd’hui à 13h51, mis à jour à 13h53

Temps de Lecture 3 min.

Un réacteur de la centrale nucléaire de Bouchehr, dans le sud de l’Iran, en octobre 2010.
Un réacteur de la centrale nucléaire de Bouchehr, dans le sud de l’Iran, en octobre 2010. HAMED MALEKPOUR / AFP

« Ce matin, l’Iran a passé le seuil de 4,5 % pour l’enrichissement de l’uranium », a écrit l’agence semi-officielle Iranian Students News Agency (ISNA, Agence de presse des étudiants iraniens) en citant, lundi 8 juillet, un porte-parole de l’organisation iranienne de l’énergie atomique. Ce dépassement est en violation manifeste de la limite de 3,67 % imposée par l’accord de Vienne.

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Arraché de haute lutte en juillet 2015 après douze années de tractations diplomatiques, le plan d’action conjoint (JCPoA, Joint comprehensive plan of action) avait pour objet de garantir le caractère pacifique (comprendre civil) du programme nucléaire iranien. Cependant, l’objectif principal du « P5 + 1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) était d’abord de mettre en place de sévères restrictions pour garantir que le breakout time, le temps nécessaire pour produire assez d’uranium enrichi permettant de fabriquer une arme atomique, soit d’au moins un an pendant une durée de dix ans. Avant la signature, il était estimé à quelques semaines.

Déjà fortement fragilisé par la défection unilatérale des Etats-Unis qui, en mai 2018, avaient préféré réinstaurer des sanctions économiques, l’accord pourrait devenir caduc si des solutions entraînant une détente des relations ne sont pas trouvées.

En dépassant d’un point le seuil de pourcentage d’enrichissement de l’uranium, l’Iran enfonce un nouveau coin qui porte fortement préjudice au JCPoA. C’est le point central de toute cette affaire, qui menace l’équilibre régional : les membres du P5 + 1 craignent que l’Iran puisse parvenir à se doter de la bombe atomique en redémarrant ses activités d’enrichissement d’uranium.

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Du « yellow cake » à l’uranium enrichi

Relativement abondant, l’uranium est indispensable à différentes techniques nucléaires civiles et militaires. L’atome d’uranium existe sous deux formes, qui diffèrent seulement par le nombre de neutrons dans leur noyau : ce sont des isotopes. A l’état naturel, l’uranium que l’on extrait est composé à plus de 99 %, en masse, d’uranium 238 (que l’on écrit 238U) et à 0,7 % d’uranium 235 (235U). Or, seul ce dernier isotope est fissile et permet donc une réaction de fission nucléaire.

Pour être employé comme combustible dans une centrale nucléaire et produire de l’énergie – et plus encore pour entrer dans la fabrication d’une bombe – l’uranium doit être enrichi. Extrait des mines, l’uranium est broyé et mélangé à différents produits pour le dégager sous forme plus concentrée et plus facilement transportable, appelée « yellow cake » (gâteau jaune). C’est ensuite que la phase d’enrichissement peut commencer.

La méthode la plus courante consiste à injecter de l’uranium sous forme gazeuse dans une centrifugeuse. L’isotope 235U étant plus léger que 238U plus lourd de trois neutrons, la séparation entre les deux isotopes peut s’opérer. Mais pour que la teneur en 235U atteigne la proportion désirée, le procédé doit être répété de très nombreuses fois. C’est la raison pour laquelle les centrifugeuses sont montées en cascade : le gaz passe dans des machines successives et augmente sa concentration.

Un procédé long

Si la théorie est simple, le procédé n’en reste pas moins long et fastidieux, notamment pour atteindre la barre des vingt premiers pourcents d’uranium enrichi. « Enrichir de l’uranium de 20 % à 90 % – qui est le niveau requis pour une arme nucléaire – c’est beaucoup plus facile et rapide que d’enrichir de 3 % à 20 % », résume François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran et spécialiste des questions iraniennes.

Par ailleurs, pour obtenir une quantité suffisante d’uranium enrichi, il faut posséder plusieurs milliers de centrifugeuses. C’était le cas de l’usine de Natanz, au centre du pays. Les accords de Vienne avaient prévu que l’Iran ne garde que 5 000 des quelque 19 000 centrifugeuses qu’elle alors avait en sa possession : les 14 000 restantes sont sous scellés de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). « C’est un vieux modèle de centrifugeuse, qui est obsolète », affirme M. Nicoullaud, bien que Téhéran ait annoncé avoir lancé des essais de centrifugeuses plus perfectionnées, « à titre de recherche et développement, ce qui était d’ailleurs prévu dans l’accord de Vienne ».

En tout état de cause, l’Iran ne dispose actuellement pas du nombre critique de centrifugeuses montées en cascade pour la fabrication d’un uranium de qualité militaire dans un temps relativement court. Si les signaux lancés par les Iraniens restent préoccupants, la diplomatie a encore le temps de régler la situation avant qu’elle n’atteigne un point de non-retour. Pour François Nicoullaud, « les Européens sont clairement sous pression » pour éviter la mort du JCPoA.

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