« Pourquoi ces ultimatums typiques des époques impériales ? »

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Selon Boaventura de Sousa Santos, figure du Forum social mondial, le Venezuela est à la veille d’une intervention militaire américaine appuyée par l’Europe, alors même que les démocrates de ce pays réclament une solution négociée.

Publié aujourd’hui à 07h00 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Ce qui se passe au Venezuela est une tragédie annoncée, qui va entraîner la mort de beaucoup d’innocents. Le pays est à la veille d’une intervention militaire étrangère et le bain de sang pourrait atteindre des proportions dramatiques. Celui qui l’affirme sait de quoi il parle : c’est le plus connu des leaders de l’opposition à Nicolas Maduro, Henrique Capriles. Il assure que le président fantoche Juan Guaidó est en train de faire des Vénézuéliens de la « chair à canon ». Il sait qu’Hugo Chávez [président de 1999 à 2013] avait pris très au sérieux le précédent Salvador Allende [renversé par un coup d’Etat soutenu par les Etats-Unis en 1973] au Chili, et qu’il avait armé la population civile.

Les milices, bien sûr, peuvent être désarmées, mais cela ne se fera pas sans résistance. Capriles sait aussi que malgré l’immense souffrance à laquelle est soumis le pays par le mélange des fautes politiques internes et des pressions externes, notamment l’embargo (condamné par l’ONU), un sentiment d’orgueil nationaliste reste chevillé au corps du peuple vénézuélien, qui n’acceptera pas d’intervention étrangère.

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Face au risque de destruction de vies innocentes, les démocrates vénézuéliens qui s’opposent au gouvernement bolivarien posent un certain nombre de questions pour lesquelles ils ont bien du mal à obtenir une réponse claire. Pourquoi les Etats-Unis, suivis par plusieurs pays européens, adoptent-ils une position maximaliste qui empêche d’emblée toute solution négociée ? Pourquoi ces ultimatums typiques des époques impériales, dont mon pays, le Portugal, garde une mémoire amère ? Pourquoi la médiation proposée par le Mexique et l’Uruguay a-t-elle été refusée, alors qu’elle a comme point de départ le refus d’une guerre civile ? Pourquoi un jeune politicien, encore inconnu du peuple vénézuélien il y a quelques semaines, membre d’un petit parti d’extrême droite (Voluntad Popular) directement impliqué dans les violences de rue au cours des dernières années, s’auto-proclame-t-il président de la République après un coup de téléphone du vice-président des Etats-Unis, et pourquoi plusieurs pays ont-ils décidé de le reconnaître comme président légitime du Venezuela ?

Démocratie et ressources naturelles

Les réponses viendront, avec le temps. Mais on en sait assez pour prédire de quel côté elles vont pointer. Juan Guaidó, peu connu dans le pays, et son parti d’extrême droite, qui soutiennent ouvertement une intervention militaire, étaient depuis longtemps les favoris de Washington pour effectuer le « regime change » au Venezuela. Ceci nous renvoie à toute l’histoire des interventions nord-américaines sur le continent. C’est l’arme de destruction massive de la démocratie, quand celle-ci commence à coïncider avec la défense de la souveraineté nationale et menace le libre accès des entreprises nord-américaines aux ressources naturelles du pays. Il n’est pas difficile d’en conclure que ce qui est en cause aujourd’hui n’est pas la défense de la démocratie pour les Vénézuéliens. C’est le pétrole du Venezuela.

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