« Pour Poutine, Zelensky est un ovni, un spécimen comme il n’en a jamais croisé dans l’ex-URSS »

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Comédien renommé, le vainqueur de l’élection ukrainienne ne fait pas rire au Kremlin, dont le chef était habitué à traiter avec des adversaires qui partagent ses codes et sa culture, explique dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 02h14 Temps de Lecture 4 min.

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Volodymyr Zelensky sort de l’isoloir le 21 avril lors de l’élection présidentielle en Ukraine.
Volodymyr Zelensky sort de l’isoloir le 21 avril lors de l’élection présidentielle en Ukraine. GENYA SAVILOV / AFP

Minsk, février 2015. Angela Merkel et François Hollande tentent d’amener à la raison, et accessoirement au cessez-le-feu, deux présidents ennemis dont le premier, Vladimir Poutine, a annexé une partie du territoire du second, Petro Porochenko, puis envahi une autre. « Plusieurs fois, racontera le président français dans ses Mémoires, Les Leçons du pouvoir (Poche, 2019), le ton monte entre Porochenko et Poutine, lequel s’énerve soudain et menace d’écraser purement et simplement les troupes de son interlocuteur. »

Bref, l’atmosphère est tendue. Pourtant, un diplomate présent nous dira sa surprise d’apercevoir, pendant une pause, les deux ennemis échanger des plaisanteries en russe d’un air entendu… Ce moment de complicité inattendu trahit la réalité post-soviétique : les présidents russe et ukrainien ont beau être en guerre, ils sortent du même moule, dont ils partagent les codes et la culture – le vivier de la défunte URSS. Avant que son pays ne devienne indépendant en 1991, Petro Porochenko l’Ukrainien a fait son service militaire dans l’armée soviétique, au Kazakhstan.

Volodymyr Zelensky, lui, avait 13 ans lorsque l’URSS a disparu. Le futur président, comédien néophyte en politique mais talentueux manager d’une importante société de show-business, élu le 21 avril par plus de 70 % des voix, n’incarne pas seulement un saut de génération dans l’espace post-soviétique, il représente aussi une rupture politique. Pour Vladimir Poutine, au pouvoir depuis dix-neuf ans, c’est une expérience nouvelle : le successeur de Petro Porochenko n’est pas lié par la même histoire, ne partage pas les mêmes codes.

Il est, certes, russophone, de cette catégorie d’Ukrainiens plus à l’aise en russe qu’en ukrainien. Mais cela le rend presque plus dangereux pour le Kremlin que son prédécesseur qui, en choisissant de mener une campagne nationaliste sur la religion, l’armée et la langue ukrainienne, jouait sur les divisions d’un pays qu’il a pourtant contribué à changer. Volodymyr Zelensky, lui, prétend unir les Ukrainiens, ceux de l’est et ceux de l’ouest, en jouant la carte de l’apaisement des tensions et en misant sur la lutte contre la corruption. Or comme chacun sait, un pays uni est plus fort qu’un pays divisé.

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