« Pour l’innovation technologique, s’appuyer sur un Etat autoritaire présente beaucoup d’avantages »

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La libre circulation des idées n’est pas une condition nécessaire à l’innovation technologique. Le développement accéléré de l’intelligence artificielle par la Chine en donne un exemple, estime le spécialiste de géopolitique Graham Allison.

Propos recueillis par Sylvie Kauffmann Publié aujourd’hui à 05h37

Temps de Lecture 8 min.

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Un microscope à intelligence artificielle développé par Google et présenté à Shanghaï, en septembre 2018.
Un microscope à intelligence artificielle développé par Google et présenté à Shanghaï, en septembre 2018. STR / AFP

Spécialiste des questions stratégiques, de la défense nucléaire et des relations sino-américaines, professeur à l’université Harvard où il a fondé et dirigé la Kennedy School of Government, Graham Allison a été secrétaire adjoint à la défense sous la présidence de Bill Clinton et conseiller spécial du secrétaire à la défense sous la présidence de Ronald Reagan. Son dernier livre, Vers la guerre : L’Amérique et la Chine dans le piège de Thucydide ? vient d’être publié en France (Odile Jacob, 2019, 416 p., 29,90 euros).

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Vous avez théorisé le concept du « piège de Thucydide » dans les relations internationales. En quoi cette théorie s’applique-t-elle à la rivalité actuelle sino-américaine ?

Lorsqu’une puissance émergente menace de détrôner la puissance dominante, comme ce fut le cas d’Athènes et de Sparte dans l’Antiquité ou de l’Allemagne et du Royaume-Uni au début du XXe siècle, tous les signaux d’alarme s’allument.

Ce qui est intéressant, c’est que la plupart des guerres qui ont résulté de cette rivalité, au cours des quelque cinq cents dernières années, n’ont pas été déclenchées par la puissance émergente, mais par un incident extérieur, qui n’avait parfois presque aucun lien, comme l’assassinat de l’archiduc Ferdinand à Sarajevo en 1914, qui, à l’époque, n’a même pas fait la « une » des journaux anglais.

Si Thucydide nous regardait aujourd’hui, il dirait que tout se passe comme prévu. On est en train de se préparer le parfait piège de Thucydide : la Chine est la puissance émergente par excellence et si vous cherchiez quelqu’un pour le rôle du leader de la puissance dominante dans le film, vous ne trouveriez pas mieux que Donald Trump.

Pourquoi ?

Parce qu’il a tout du leader qui s’alarme de l’ascension de la puissance émergente. Il l’accuse de violer les règles, de profiter de la situation, et il proclame être celui qui peut mettre fin à ce défi. Donald Trump affirme que, depuis qu’il est au pouvoir, la Chine a changé de comportement. Or si vous regardez la réalité de la croissance économique chinoise par rapport à la croissance américaine, l’avance de la Chine dans l’intelligence artificielle (IA), ou les activités de Pékin en mer de Chine méridionale, ce n’est pas du tout le cas : il s’agit de tendances longues.

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Alors peut-être qu’un crash économique va se produire en Chine, ou une sortie de route, tout est possible, mais, derrière tout cela, il y a une donnée arithmétique impitoyable : les Chinois sont plus de quatre fois plus nombreux que les Américains.

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