Pour l’avocate chinoise Wang Yu, « la situation des droits de l’homme ne fait qu’empirer »

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Arrêtée à plusieurs reprises, cette militante aguerrie s’inquiète pour les générations futures et regrette que les Chinois réclament peu de droits.

Par Publié le 06 juin 2019 à 01h04

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La militante et avocate chinoise Wang Yu à Pékin, en mars 2014.
La militante et avocate chinoise Wang Yu à Pékin, en mars 2014. KIM KYUNG HOON / REUTERS

LETTRE DE PÉKIN

Certains opposants au régime de Pékin ont préféré décliner l’invitation et on les comprend : rencontrer un journaliste occidental au moment du 30e anniversaire de Tiananmen comporte un risque évident. Wang Yu, elle, a tout de suite accepté. Fidèle à sa réputation. Agée de 48 ans, cette avocate symbolise depuis longtemps le courage des défenseurs chinois des droits de l’homme.

Le pouvoir ne s’y est pas trompé. Le 9 juillet 2015 – cette sombre journée à l’issue de laquelle plus de 200 avocats seront emprisonnés, acmé de la répression qui s’abat sur le pays depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir fin 2012 –, elle sera la première arrêtée, dès 3 heures du matin. La voir entrer librement dans un café de Pékin est donc réconfortant. Mais l’écouter parler est terrifiant. Le terme revient d’ailleurs sans cesse dans sa bouche dès le début de la conversation.

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Chaînes aux pieds et aux mains

Interrogée sur sa vie, elle préfère commencer par dire ce qui lui paraît l’essentiel. En bonne avocate, mais aussi en militante aguerrie qui sait que la conversation peut être interrompue à tout moment. « La situation est horrible. Terrifiante. Et ne fait qu’empirer. Dans tous les domaines, pas seulement les droits de l’homme », explique d’emblée cette femme, sobrement vêtue de bleu et de blanc et qui ne porte aucun bijou.

D’abord avocate en droit commercial, sa vie a basculé en 2008, à la suite d’un banal contrôle dans une gare. Alors qu’elle possède le ticket nécessaire pour se rendre sur le quai, la police et les employés des chemins de fer l’en empêchent. Elle porte plainte mais, contre toute attente, les juges la condamnent à trois ans de prison pour coups et blessures à agents.

L’affaire fait grand bruit. La police des chemins de fer sera réformée. Mais surtout, la femme qui sort de prison en 2011 n’est plus la même. Bien qu’abattue, elle décide de consacrer sa vie aux persécutés du régime, notamment les membres de l’organisation Falun-gong, qualifiée de secte par le pouvoir.

En 2013, elle défend deux fillettes violées par un directeur d’école et un cadre du Parti communiste (PCC), une histoire dont est tiré le film chinois Les Anges portent du blanc (de Vivian Qu) interdit en Chine et que Wang Yu n’a jamais vu.

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En mars 2015, elle prend la défense de militantes féministes, arrêtées uniquement pour avoir projeté de distribuer des tracts dans le métro de Canton afin de dénoncer le harcèlement sexuel dans les transports. Un de ses derniers dossiers avant d’être elle-même interpellée. « Ces arrestations ont vraiment marqué un tournant. En 2008, on ne m’a jamais demandé de me déshabiller. En 2015, les femmes ont subi des traitements dégradants. Pendant cinq jours et cinq nuits, j’ai eu des chaînes aux pieds et aux mains, sans pouvoir ni boire ni manger ni aller aux toilettes. Et cela continue. En octobre 2018, une autre avocate a dû se déshabiller intégralement pour être fouillée. On se décivilise. »

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