« Pour combien de temps encore l’Amérique est-elle notre partenaire stratégique ? »

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Dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », analyse la solidité des liens entre l’Amérique et l’Europe, fragilisés actuellement par les attaques répétées de Donald Trump.

Publié aujourd’hui à 07h12 Temps de Lecture 4 min.

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Emmanuel Macron et Donald Trump, à Colleville-sur-Mer (Calvados), le 6 juin.
Emmanuel Macron et Donald Trump, à Colleville-sur-Mer (Calvados), le 6 juin. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

Chronique. Donald Trump s’est acquitté du minimum syndical. Venu le 6 juin célébrer l’anniversaire du débarquement américain en France, le président a salué le caractère « indestructible » du « lien transatlantique ». Ces mots sonnaient étrangement. Plus qu’aucun de ses prédécesseurs depuis 1945, Trump a laissé planer le doute sur la durabilité de l’alliance scellée entre les Etats-Unis et l’Europe au lendemain de la guerre.

Vu du Vieux Continent, le trumpisme est d’abord une interrogation : pour combien de temps encore l’Amérique est-elle notre partenaire stratégique ?

Le 3 juin à Londres, Trump s’était employé à défendre le Brexit – ce méchant coup porté au projet européen. Il ne s’est entretenu qu’avec des brexiters en chef. Il a conseillé au Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne (UE) sans accord avec Bruxelles. Chantre d’un Brexit dur, il recommande aux Britanniques de ne pas régler leur ardoise auprès de l’UE. Difficile d’être plus hostile.

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L’Amérique de 1945, celle de Franklin Roosevelt puis de Harry Truman, avait décidé d’être une puissance européenne. Sortie victorieuse du deuxième conflit mondial, elle ne se replie pas comme au lendemain de la guerre 1914-1918. Cette fois, elle reste sur le continent. La guerre froide va consolider cette option. Parallèlement à l’alliance militaro-politique conclue en 1949 (l’OTAN), le soutien au projet européen naissant va faire partie de cette politique. Cette Amérique est pro-européenne.

Trump et le temps long

Aujourd’hui, Trump, avec la constance d’un joueur de bowling cherchant à faire tomber toutes ses quilles, s’interroge sur la pertinence actuelle de l’OTAN et présente l’UE comme un « ennemi » (économique) des Etats-Unis. Il vise plus large. Il cible « l’ordre libéral international » – pas si « libéral » ni si ordonné par ailleurs – mis en place par Washington à la même époque et dont les deux piliers sont dans sa ligne de mire : libre-échange commercial et multilatéralisme international.

Dans cette affaire, quelle est la part de Trump, cet étrange président qui juge le monde à l’aune de critères strictement comptables ? Et quelle est la part du temps long, de l’histoire en marche, d’un glissement d’une Amérique à l’autre dont Trump ne serait que le symbole ? L’avenir de l’Europe dépend de la réponse que l’on donne à ces questions – mieux vaut ne pas se tromper.

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Directeur de l’Atlantic Council, un centre de recherche washingtonien, le Français Benjamin Haddad exhorte les Européens à regarder le monde en face. Comme il est, pas comme ils le rêvent ; un terrain d’affrontement, pas un club de juristes lecteurs d’Emmanuel Kant. « Glissement historique inévitable », les Etats-Unis sont en passe de « s’éloigner durablement de l’Europe », dit-il dans un essai passionnant – Le Paradis perdu. L’Amérique de Trump et la fin des illusions européennes (préface d’Hubert Védrine, Grasset, 288 p., 19 €).

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