Peut-on être ambassadeur de France après l’avoir été pour le Bénin ?

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Jules-Armand Aniambossou, diplomate à la double nationalité, a été choisi par Emmanuel Macron pour le poste en Ouganda.

Par Marc Semo Publié aujourd’hui à 11h21

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L’ambassade du Bénin, à Paris, en mai 2018
L’ambassade du Bénin, à Paris, en mai 2018 Google Street View

C’est un cas pour le moins inédit dans les annales du Quai d’Orsay. Jules-Armand Aniambossou, 56 ans, franco-béninois, a été directement choisi par l’Elysée pour devenir ambassadeur de France en Ouganda, alors qu’il était trois ans plus tôt ambassadeur du Bénin en France. Sa nomination est encore suspendue à l’agrément des autorités ougandaises.

Ce haut fonctionnaire passé par le ministère de l’industrie et la préfectorale avait été, entre 2013 et 2016, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Bénin en France, avec juridiction sur la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Grèce et diverses organisations internationales basées à Paris. Depuis août 2017, l’ancien condisciple d’Emmanuel Macron à l’ENA était le coordinateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique, créé par le chef de l’Etat pour incarner un renouveau dans les relations franco-africaines et donner plus de voix aux sociétés civiles. Une structure restée en bonne part une coquille vide. Contacté par Le Monde, M. Aniambossou n’a pas donné suite à nos demandes.

Emmanuel Macron ne cache pas sa volonté de faire de l’Afrique une priorité bien au-delà du pré carré francophone. L’Ouganda est en outre un pays-clé à la charnière avec l’Est et les Grands Lacs. Le chef de l’Etat a le pouvoir de choisir des personnalités extérieures à la carrière diplomatique pour des postes d’ambassadeur. Outre ses compétences reconnues, Jules-Armand Aniambossou a aussi une bonne expérience dans le privé.

Ce choix provoque quelques grincements de dents au sein du ministère des affaires étrangères, même si la nouvelle s’est peu ébruitée. « Cette nomination est une première et elle va ouvrir un débat à la fois juridique mais aussi sécuritaire », relève un haut diplomate tout en reconnaissant que le Bénin est « un pays proche et ami ».

Lire aussi La nomination de Philippe Besson comme consul à Los Angeles annulée par le Conseil d’Etat

L’affaire risque aussi de relancer les polémiques sur le fait du prince déjà suscitées par la tentative de l’Elysée d’imposer l’écrivain Philippe Besson comme consul à Los Angeles avec un décret modifiant les règles de nomination d’un certain nombre d’« emplois supérieurs », dont vingt-deux postes de consul général. Une décision finalement cassée le 27 mars par le Conseil d’Etat.

Situation nouvelle

Le cas de Jules-Armand Aniambossou est différent mais sa nomination crée une situation nouvelle. Au regard du droit, un ambassadeur est l’incarnation de la souveraineté de son pays à l’extérieur. Et la souveraineté ne se partage pas. La France et l’Allemagne ont ainsi ouvert des ambassades « colocalisées » – c’est-à-dire dans les mêmes bâtiments – à Dacca et à Koweït, mais il n’y a pas d’ambassadeur commun franco-allemand.

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