« Pendant l’ère Heisei, le Japon a connu une dégradation profonde des conditions de travail »

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Depuis trente ans, le marché de l’emploi au Japon est marqué par l’allongement du temps de travail et l’explosion du nombre de travailleurs irréguliers, relève l’économiste Sachiko Kuroda dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 12h35 Temps de Lecture 3 min.

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Le bilan de l’ère Heisei

« Reiwa » : tel est le nom de la nouvelle ère impériale qui commencera le 1er mai au Japon, avec l’avènement de l’empereur Naruhito à la suite de l’abdication de son père, Akihito. Le premier ministre Shinzo Abe a expliqué la signification de cette appellation : « Quand les cœurs sont en harmonie, la culture peut fleurir ». C’est le gouvernement qui a décidé du nom de l’ère, sans consulter le monarque. Reiwa succède à l’ère actuelle Heisei, ou « accomplissement de la paix ». Celle-ci avait commencé le 8 janvier 1989 avec le début du règne de l’empereur Akihito, au lendemain de la mort de son père, l’empereur Hirohito, et a duré trente ans. Chaque ère du Japon moderne et contemporain – associée à un empereur – correspond à une certaine période du développement du pays. Quatre chercheurs dressent un bilan de la grande transformation qu’ont connue la société et l’économie japonaise en trois décennies.

Tribune. Après l’éclatement de la bulle spéculative au début des années 1990, le taux de chômage au Japon a augmenté pendant dix ans pour atteindre, en 2002, 5,5 %, son niveau le plus haut depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ces chiffres sont peu élevés au regard des pays européens mais, pour les Japonais qui n’ont connu qu’un taux de chômage extrêmement bas de 1 à 3 % pendant cinquante ans, c’est un vrai choc. Les travailleurs, par peur du licenciement, ont accepté une diminution de leur rémunération et des primes d’heures supplémentaires.

La stagnation des salaires a conduit à celle de la consommation. En réaction, un nombre important d’entreprises ont baissé leurs prix, ce qui a favorisé un comportement attentiste des consommateurs japonais. A cause de la stagnation des ventes, le revenu des entreprises ne s’est pas rétabli, ce qui a eu de nouveau un effet négatif sur les salaires. Ce cercle vicieux est la principale cause de la déflation chronique à partir de la fin des années 1990, et de la stagnation de longue durée qu’a connue le Japon pendant Heisei.

Deux faits majeurs ont traduit pendant cette période une dégradation profonde des conditions de travail. Le premier concerne l’accroissement du nombre des emplois irréguliers. Il y a en effet deux formes majeures d’emploi au Japon : le travail régulier, qui est un peu l’équivalent des CDI français, et le travail irrégulier, qui prend des formes variées, dont le point commun est la durée déterminée et une forme de précarité. A l’aube de l’ère Heisei, le pourcentage de travailleurs irréguliers au sein de la population active était d’environ 20 %. Ce pourcentage a augmenté pendant trente ans pour atteindre aujourd’hui environ 40 %.

« Au cours de Heisei, beaucoup de Japonais, quels que soient leur âge ou leur sexe, ont été obligés de travailler sous une forme irrégulière »

De plus, jusqu’aux années 1980, la plupart des travailleurs irréguliers étaient des femmes qui souhaitaient travailler à mi-temps. Mais au cours de Heisei, beaucoup de Japonais, quels que soient leur âge ou leur sexe, ont été obligés de travailler sous une forme irrégulière. En outre, comme ce type de contrat n’est pas codifié de manière stricte, il est possible de le renouveler plusieurs fois. Cette tendance explique la montée des inégalités de revenus au Japon. Le salaire horaire d’un travailleur irrégulier ne représente en effet qu’environ 60 % de celui d’un travailleur régulier.

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