pénalisés par la fraude, les industriels appellent l’Uemoa à la rescousse – JeuneAfrique.com

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Les industriels burkinabè dénoncent la contrebande organisée aux frontières avec le Bénin et le Togo. Ils appellent l’Uemoa à agir pour leur survie. Selon eux, le manque à gagner pour l’industrie et l’État se chiffre à plusieurs centaines milliards de F CFA.


Alors que le Nigeria maintient contre vents et marées ses frontières fermées avec le Bénin depuis le 20 août dernier, pour circonscrire l’impact désastreux de la contrebande sur son économie, c’est au tour des industriels burkinabè de hausser le ton face au trafic illicite organisé autour des frontières avec le Bénin et le Togo.

Dans un courrier adressé au présidents de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le nigérien Abdallah Boureima, et consulté par Jeune Afrique, le Groupement professionnel des industriels (GPI) alerte l’Union sur la situation inacceptable subie par les manufacturiers burkinabè.

Financement du grand banditisme et du terrorisme

« En dépit des efforts de votre institution pour une intégration harmonieuse de nos économies, les industriels burkinabè souffrent des pratiques de certains acteurs véreux qui se servent du territoire togolais et de Porga, Kourou Koalou au Bénin comme base arrière, pour inonder le marché local en violation des dispositions du traité qui consacre la libre circulation des marchandises dans notre zone », interpelle le courrier signé par le président du GPI, l’homme d’affaires Mamady Sanoh.

Ces importateurs indélicats auraient érigé des entrepôts géants dans la localité frontalière de Cinkansé alimentant un circuit de fraude vers le Burkina et au-delà.

« Ces activités illicites qui tendent à transformer cette ville et ces environs en zone de non-droit, impactent fortement nos unités industrielles, désorganisant sérieusement le marché burkinabè ». Pointant du doigt les produits de grande consommation comme le sucre, l’huile, les cycles et cyclomoteurs, la pneumatique et les chambres à air, le GPI s’alarme du fait que ces trafics profitent au grand banditisme et même aux groupes terroristes.

Quelles sociétés sont les principales victimes de la fraude ?

Selon le groupement, la nature, la qualité et la quantité des produits objets de ce trafic connaissent une hausse exponentielle au point de menacer certaines unités industrielles. Le préjudice subi par le trésor public serait de l’ordre d’un milliard de F CFA par jour.

L’organisation professionnelle cite parmi les principales victimes de ces distorsions, le vendeur de deux-roues Watam Kaizers, le sucrier Sn Sosuco, le cigarrettier Mabucig ou encore l’unique fabricant de pneumatiques, Sap Olympic.

« Les containers  sont dépotés et transportés par petits lots dans des tricycles, sur des cyclomoteurs, des cars et bus vers les entrepôts frontaliers. Ceux qui empruntent l’axe Ouagadougou-Fada N’Gourma ou Ouagadougou-Ziniaré ont certainement déjà rencontré ces caravanes de motos chargées de sacs en direction de la capitale. Les motocyclettes servant au transport des marchandises de la contrebande sont elles-mêmes des produits de la fraude », détaille le courrier. Par cette voie,  des milliers de motocyclettes inonderaient le marché du Théâtre populaire à Ouagadougou et d’autres lieux.

Manques à gagner chiffrés

Selon un mémorandum du GPI datant de décembre 2018, le secteur de l’huilerie est, lui aussi, confronté depuis plus de deux ans à une grave crise commerciale. La raison ? Des importations d’huiles vendues à 11 000 F CFA le bidon de 20 litres contre 13 500 F CFA pour la production locale.

La Société nouvelle huilerie et savonnerie (SN-Citec), contrôlée par le groupe Geocoton (52,94 %) subit ainsi des pertes et souffre d’importantes quantités d’invendus. Elle disposait d’un stock estimé en juillet dernier à 5 760 000 litres, soit un manque à gagner de 3,230 milliards F CFA.

En 2015 déjà, l’entreprise dirigée par le français Alexandre Zanna s’était retrouvée avec 2 000 tonnes d’huile invendues – en plus des 1 000 t de l’année précédente, l’équivalent de deux mois de ventes.

70 % des pneus et chambre à air issus de trafics

Selon une estimation du GPI, le marché des pneus et chambres à air pour engins à deux-roues au Burkina est estimé à plus de 16 milliards de F CFA par an. Or, SAP Olympic, l’unique fabricant de pneumatiques détient moins de 28 % de parts de marché, le reste étant majoritairement pourvu par des produits frauduleusement importés pour une valeur estimée à plus de 11,6 milliards de F CFA.

Dans l’industrie de la cigarette, Mabucig est aussi confrontée aux mêmes difficultés avec 22 % des paquets en circulation issus de la contrebande. Les pertes fiscales, quant à elles atteindraient environ 8 milliards de F CFA par an.

Enfin, Sn Sosuco, l’unique producteur de sucre au Burkina Faso n’a pu bénéficier des effets attendus de son plan d’investissement et de redressement approuvé par le Fonds Aga Khan en 2017 (2,5 milliards de F CFA investis chaque année sur la période 2016-2021). L’entreprise se dit contrariée par la concurrence des produits importés et cumule désormais plus de 13 000 tonnes d’invendus. Le manque à gagner, lui, s’élève à 7,139 milliards de F CFA.



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JeuneAfrique

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