Pékin se prépare à imposer une loi de sécurité nationale à Hongkong

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Une bagarre entre manifestants et la police lors d’une marche contre les nouvelles lois sur la sécurité, à Hong Kong, Chine, le 22 mai 2020.
Une bagarre entre manifestants et la police lors d’une marche contre les nouvelles lois sur la sécurité, à Hong Kong, Chine, le 22 mai 2020. TYRONE SIU / REUTERS

La patience de Pékin a bel et bien atteint sa limite. « Nous établirons et perfectionnerons le système juridique et les mécanismes d’application des lois en matière de protection de la sécurité de l’Etat dans les régions administratives spéciales [Hongkong et Macao] et ferons endosser à leur gouvernement la responsabilité constitutionnelle », a déclaré, vendredi 22 mai, le premier ministre chinois, Li Keqiang, à l’ouverture de l’Assemblée nationale populaire (ANP). Autrement dit, « on s’en occupe ! » Pékin semble avoir pris acte du fait que, malgré ses appels du pied incessants, le gouvernement de Carrie Lam, la chef de l’exécutif, n’avait ni la volonté, ni la capacité politique d’adopter l’article 23 de la Basic Law, la mini-Constitution qui régit le fonctionnement des institutions hongkongaises.

Or, l’adoption de cet article dit de « sûreté nationale » censé punir la trahison, la sédition, la subversion et la sécession, toujours repoussée depuis la rétrocession de Hongkong à la Chine, en 1997, est, aux yeux de Pékin, urgente et indispensable : elle permettrait de doter Hongkong de l’arsenal juridique nécessaire pour contrôler toute forme de contestation. Pékin s’est donc lassé de supplier sur tous les tons. Le gouvernement central a pris les devants et a décidé d’imposer son propre arsenal juridique de lois de sécurité, de manière à court-circuiter en partie le Parlement de Hongkong. Une possibilité évoquée par les députés de Hongkong à l’Assemblée chinoise serait de parachuter la nouvelle loi dans l’annexe III de la Basic Law, qui concerne en principe les domaines de la défense et de la diplomatie, comme l’a été la loi punissant tout outrage à l’hymne national chinois, en cours de discussion au Parlement. Des juristes avaient prévenu en 2019 que l’annexe III avait déjà fonctionné comme une « porte de derrière » législative pour introduire cette loi très controversée, créant un dangereux précédent…

Ce nouveau geste d’hostilité à l’égard des Hongkongais est de loin le plus brutal depuis la rétrocession de l’ancienne colonie britannique

Jeudi soir, le porte-parole de l’assemblée nationale populaire, Zhang Yesui, avait déclaré à la presse que cette décision était « absolument nécessaire » pour protéger le principe-cadre « Un pays, deux systèmes », fondement de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la mère patrie, selon lequel, pendant au moins cinquante ans, jusqu’en 2047 donc, Hongkong jouirait d’un haut degré d’autonomie dans la gestion de ses affaires intérieures. La plupart des observateurs non chinois estiment pourtant que cette décision ébranle fortement au contraire le principe « Un pays, deux systèmes ».

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