Payée 3 000 euros de moins par émission qu’un collègue homme, une présentatrice attaque la BBC

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Dénonçant une discrimination salariale, Samira Ahmed estime que la chaîne publique britannique lui doit des centaines de milliers d’euros.

Publié aujourd’hui à 14h54

Temps de Lecture 3 min.

Samira Ahmed en 2018.
Samira Ahmed en 2018. Andrew West / CC-BY-SA-4.0

Depuis sept ans, Samira Ahmed présente tous les vendredis soir « Newswatch » sur la BBC. Dans cette émission, les téléspectateurs sont invités à poser des questions aux journalistes de la chaîne publique britannique sur leur traitement de l’actualité. De par son format – quinze minutes chaque semaine – et le fait qu’il donne la parole aux auditeurs, l’émission est assez proche de « Points of View », un autre programme de la BBC. A la différence près que Samira Ahmed est payée 440 livres (510 euros) par émission, quand son collègue de « Points of View », Jeremy Vine, touchait 3 000 livres (3 470 euros) pour le même travail, de 2008 à 2018.

Après avoir en vain tenté d’obtenir une paye équivalente à celle de son collègue homme, Mme Ahmed a décidé de porter l’affaire devant les tribunaux afin de réclamer les centaines de milliers d’euros qu’elle estime que son employeur lui doit. Le procès, qui a débuté lundi 28 octobre à Londres, risque de ternir un peu plus l’image de la BBC, déjà peu reluisante quand il s’agit d’égalité femmes-hommes. Soutenue par le National Union of Journalists (NUJ), le principal syndicat de journalistes, la célèbre présentatrice va tenter de prouver que son poste était équivalent à celui de son collègue masculin et qu’elle aurait dû être payée comme Jeremy Vine, et non pas 85 % de moins.

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Leurs programmes sont similaires en tous points, assure la journaliste de 51 ans. A une exception près, souligne le New York Times : son émission « Newswatch » attire chaque semaine entre 1,5 et 2 millions de téléspectateurs, tandis que celle de M. Vine est regardée par 800 000 personnes. Après avoir « appris » la disparité de salaires entre hommes et femmes au sein de l’entreprise, le présentateur avait accepté en janvier 2018 de voir sa paye diminuer à 1 300 livres par émission.

Une chaîne souvent critiquée pour ses écarts de salaires

Si la BBC avait déjà accepté de revaloriser le salaire de Mme Ahmed pour des émissions qu’elle présentait sur Radio 3 et Radio 4 – reconnaissant qu’elle avait été rémunérée entre 33 % et 50 % de moins que ses collègues hommes sur les radios publiques –, l’entreprise publique réfute les arguments soulevés par Samira Ahmed concernant « Newswatch ». Dans un communiqué diffusé avant le procès, la BBC nie toute discrimination salariale liée au sexe. Pour l’employeur, le programme de M. Vine est « une émission de divertissement avec une longue histoire et un nom connu du public » tandis que « “Newswatch” – bien qu’il s’agisse d’un programme important – ne l’est pas ». La BBC ajoute, par ailleurs, que la présentatrice a bénéficié du même salaire que son prédécesseur masculin lorsqu’elle a repris « Newswatch ». « L’actualité et le divertissement sont des marchés très différents, et cela se reflète dans les salaires », fait encore valoir la chaîne.

Ce n’est malheureusement pas la première fois que la BBC est critiquée pour ses différences de salaires entre hommes et femmes. En janvier 2018, Carrie Gracie, rédactrice en chef en Chine pour la BBC, avait démissionné pour protester contre la « culture salariale secrète et illégale » au sein de la télévision britannique. En mars 2018, l’ex-joueuse de tennis Martina Navratilova avait accusé la chaîne de discrimination salariale. Consultante lors du tournoi de Wimbledon, la légende du tennis féminin avait dénoncé des écarts de salaires « choquants », son collègue masculin John McEnroe étant payé au moins dix fois plus qu’elle.

Selon le Guardian, le procès qui s’est ouvert lundi pourrait être le début d’une longue série : une douzaine d’autres employées de la chaîne ont attaqué la BBC pour avoir été moins bien payées que leurs collègues masculins. Lundi, plusieurs personnalités des médias britanniques sont d’ailleurs venues soutenir Samira Ahmed à l’ouverture du procès. « Les femmes veulent l’égalité, elles veulent que leur travail soit respecté, a lancé Mme Gracie, venue épauler son ex-collègue. Elles ne veulent pas que leur travail soit sous-estimé. Cela affecte tout dans leur vie, ce n’est pas seulement une question d’argent… c’est aussi une question de respect de soi et d’évolution de carrière. »

Depuis 2017, le gouvernement britannique impose à toutes les entreprises de plus de 250 salariés de publier les écarts de salaires au sein de leurs effectifs. Pour de nombreuses femmes, cela avait été l’occasion de prouver les grandes disparités de salaires entre les deux sexes. Selon les données du Bureau des statistiques nationales (ONS) publiées mardi, les femmes employées à temps plein au Royaume-Uni ont gagné 8,9 % de moins que les hommes en 2019. Un écart qui n’a que très faiblement reculé ces dernières années. Pour l’ensemble des personnes employées, qu’elles soient à temps plein ou temps partiel, l’écart de salaires entre les femmes et les hommes a atteint 17,3 % cette année.

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