Patricia Supparayen Laverdure : «Met for, gagn for»

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Il n’y a pas de sot métier et encore moins de métier déshonorant. C’est avec cette idée en tête que Patricia Supparayen Laverdure a pris un emploi de cleaner à la Vallée de Ferney, rebaptisée depuis quelques semaines Ferney la Vallée. Une décision qu’elle n’a pas eu à regretter car en 13 ans, elle a connu une progression professionnelle extraordinaire. Elle est aujourd’hui Operations Coordinator, soit quatrième dans la hiérarchie de la société.

«Il y a des gens qui me disent que je n’aurais pas dû dire que j’ai débuté comme cleaner à La Vallée de Ferney. Or, je considère que si je n’avais pas accepté cet emploi, je n’aurais pas connu une telle progression professionnelle. Fodé aret lev néné lor bann métiers», déclare cette quadragénaire, originaire de Le Vallon, petit village sur la propriété de Ferney.

Elle est la cadette de trois enfants issus d’une famille très modeste. Son père était laboureur sur la sucrerie et sa mère travaillait comme employée de maison. Les Supparayen habitent une maison sur le camp sucrier où vivent une cinquantaine de personnes. Patricia Supparayen Laverdure reconnaît que son enfance a été difficile. Comme ses parents ne pouvaient leur payer le trajet en autobus au quotidien, les enfants Supparayen marchaient du camp sucrier jusqu’à l’école primaire située à une demi-heure de là et refaisaient le trajet inverse à pied l’après-midi. «Il y avait certes toujours à manger sur la table pour nous les enfants, mé nou pa ti viv alez. Je savais que mes parents faisaient de leur mieux et je n’osais donc rien leur demander.» On la comprend car les rares fois où elle l’avait fait, elle s’était entendue répondre qu’il fallait attendre la fin du mois qu’ils touchent leur salaire.

Les enfants Supparayen sont encadrés scolairement par leur père car leur mère est analphabète. Mais cela n’empêche pas cette dernière de les encourager à étudier. Après une scolarité jusqu’en Form V au collège Hamilton à Mahébourg, Patricia Supparayen Laverdure, qui souhaite devenir nurse, doit remiser cette idée et arrêter l’école pour pouvoir travailler et soutenir financièrement sa famille, d’autant plus qu’il y a sa soeur après elle.

«Pendant trois mois, elle chôme et frappe à toutes les portes possibles dans la région en quête d’embauche. En vain. »

Elle trouve donc un emploi comme machiniste à l’usine Floréal Knitwear à Mahébourg. C’est à 16 ans qu’elle commence à travailler. Au début, elle trouve le travail de machiniste fatiguant et monotone puis elle finit par s’y habituer. Entretemps, elle se marie et donne naissance à une fille. En raison de ses longues heures de travail, c’est son époux et son père qui s’occupent surtout de sa fille. Au bout de 12 ans, l’usine est délocalisée et elle ne peut suivre. Pendant trois mois, elle chôme et frappe à toutes les portes possibles dans la région en quête d’embauche. En vain. «J’avais besoin de travailler», dit-elle.

Une amie l’informe que la Vallée de Ferney (qui depuis peu se nomme Ferney La Vallée et qui, avec le restaurant La Falaise Rouge, situé à quelques encablures de là, tombent sous l’appellation Ferney – Reconnect with Nature) va ouvrir ses portes et lui conseille d’envoyer son curriculum vitae. Comme elle n’a rien à perdre, elle s’exécute. Elle est alors convoquée pour un entretien avec Oumesh Rummun, le manager de l’Étoile à l’époque, qui veut connaître ses prétentions professionnelles. Patricia Supparayen Laverdure qui n’en a aucune, réplique que n’importe quel emploi ferait l’affaire car elle a besoin de travailler. Peu après, on l’appelle pour lui dire que le seul emploi disponible est celui de cleaner. Elle accepte le poste et après une formation, elle se voit affectée au nettoyage des bureaux, des toilettes et du restaurant qui se trouvait à l’époque en haut sur la montagne. Elle ne s’épargne aucune peine dans son travail.

Au bout de six mois, on lui demande de remplacer la réceptionniste, qui s’est absentée et elle se plie à la demande. Elle accepte aussi lorsqu’on lui demande si elle veut bien être polyvalente. Elle commence par suivre les guides qui emmènent touristes et Mauriciens visiter la vallée.

François Rousset, le directeur d’alors, lui propose un jour d’être guide. Elle dit qu’elle n’est pas sûre d’être à la hauteur. «Il m’a dit : Patricia, ler met for, gagn for. Cela m’a motivée à le faire et c’est devenu mon leitmotiv.» Elle se met à suivre les guides lors de leurs déplacements avec les groupes, à prendre des notes. Si au départ, cela ne l’intéresse pas de connaître les plantes endémiques, les explications des guides Giovanni et Sandy sont si passionnantes et le cours qu’on lui fait suivre à l’université de Maurice sur les plantes et les effets du changement climatique lui ouvrent les yeux quant à l’héritage qui sera laissé aux enfants. «Là, un déclic s’est produit dans ma tête lorsque j’ai réalisé qu’avec les effets catastrophiques du changement climatique, si on ne fait rien, mon enfant ne connaîtrait pas la flore et la faune de son pays.».

Elle accompagne aussi Jean-Claude Sevathian, à l’époque botaniste à la MauritianWildlife Foundation (MWF), qui agit comme conseiller à La Vallée de Ferney lorsque celui-ci se rend dans la nature. Elle suit aussi un cours d’horticulture animé par Vikash Tataya de la MWF, formation qui est sanctionnée par un examen qu’elle réussit. Elle est très émue et son mari et ses parents très fiers d’elle lorsqu’elle reçoit son certificat. Et un jour, on la prend par surprise en lui attribuant un groupe de quatre Mauriciens à guider dans la vallée. Elle se souvient avoir écrit des notes importantes sur son bras en cas d’oubli. Elle n’a pas besoin d’y recourir et le tour guidé se passe très bien. À la fin, elle réalise qu’elle a affaire à quatre employés du Domaine du Chasseur à Anse Jonchée. Impressionnés par ses explications, ils veulent la débaucher. Elle refuse. Pendant six ans, elle agit comme guide.

«Si on m’avait dit lorsque je suis entrée comme cleaner qu’en 13 ans, j’allais Devenir operations Coordinator, je ne l’aurais jamais cru. »

Et lorsque certains des employés trouvent leur bonheur ailleurs, on lui offre le poste de responsable des guides. Là, ses tâches sont nettement plus administratives. Poste qu’elle a occupé jusqu’au rebranding de la Vallée de Ferney en Ferney La Vallée. On lui a alors proposé le poste d’Operations Coordinator, qu’elle a accepté. Elle travaille en collaboration avec Analine Bax, la Restaurant et Events Manager à La Falaise Rouge. Patricia Supparayen Laverdure supervise aussi les opérations des guides à Ferney La Vallée et se charge aussi du transport, de la logistique, des achats. Elle fait au quotidien la navette entre le restaurant La Falaise Rouge et Ferney La Vallée où aura lieu le CIEL FerneyTrail le 7 septembre prochain.

Bien qu’elle soit très contente de sa promotion, elle n’en revient pas. «Le management m’a fait confiance et a cru en moi. Cela m’a motivée à donner le meilleur de moi. Si on m’avait dit lorsque je suis entrée comme cleaner qu’en 13 ans, j’allais devenir Operations Coordinator, je ne l’aurais jamais cru. Il n’y a vraiment pas de métier dégradant. Une personne peut être recrutée comme cleaner et grimper les échelons pour devenir superviseur par exemple. Je connais le cas d’une camarade qui a commencé comme cleaner et qui est aujourd’hui à la tête de sa compagnie de nettoyage. Si vous travaillez honnêtement, vous serez tout le temps récompensé; c’est ce que me montre le groupe CIEL, qui est là pour ses employés et qui reconnaît leur valeur. Ne l’oubliez pas : un petit job peut vous mener bien loin…»


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Lexpress

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