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Oui, la description de la situation politique en Israël, dressée récemment par le professeur Samy Cohen dans les colonnes du Monde, est exacte. A peu près. La différence entre « tout à fait » et « à peu près » tient à la perspective qui est la sienne.
Car si on élargit l’objectif, à tous les sens du terme, à la société israélienne, la photo devient, comme partout, plus contrastée. D’un côté, une apathie de la population juive, endormie par le magnétiseur en chef « Bibi » (Benyamin Nétanyahou), avec, là aussi, comme partout, une majorité de droite (dont 80 % des Franco-Israéliens !), appuyée par l’éventail des communautés religieuses, dont une partie ouvertement extrémiste. Plus les inégalités, plus le sous-investissement vers les minorités arabes, plus le pourrissement de la question palestinienne et autres…
De l’autre, quand même, un dynamisme économique hors norme, marqué par la créativité décomplexée, l’accélérateur high-tech pied au plancher, un goût de vivre débridé, une force de contestation obstinée, mobilisant des dizaines de milliers d’Israéliens un an durant, réclamant la fin de la prévarication, le respect du droit, le soutien aux perdants des confinements successifs, la réalité d’une intégration de plus en plus étendue des populations druzes, arabo-israéliennes et même bédouines dans toute une série de secteurs (médecine, pharmacie, transports, construction), réalité non perçue hors des frontières, une vitalité culturelle et autres…
Tout ceci pour dire qu’à côté du noir de la situation politique démocratique, il y a du gris et même du bleu. Tout ceci étant dit, chaque pays a son balagan (bazar en hébreu). En Israël, celui du coronavirus est en bonne voie de résolution. Celui de la politique et de la démocratie, Samy Cohen a raison, on est en plein dedans. Mais, le pire n’est pas sûr. D’abord le cadavre de la gauche remue de nouveau, c’est une des bonnes surprises de cette antépénultième élection. Ensuite, l’axe central d’opposition qu’est le parti « en même temps » de Yaïr Lapid, constamment décrié, s’affirme, de fait, solide sur ses bases et ferme sur les principes.
Enfin, une double évidence s’impose. D’une part, le constat que les partis arabes doivent participer activement au jeu politique national devient évidence. D’autre part, les partis extrémistes religieux, racistes, fascisants, constituent une tâche sur le paysage politique, le pire étant qu’ils ont indéniablement (ou diablement, en humour juif) leur électorat, une tâche dont la responsabilité incombe à « Bibi », mais qui peut lui être fatale.
Car le maître sorcier de la politique israélienne, par ailleurs bientôt assigné sur les bancs d’un tribunal par la même justice qu’il tente éperdument de délégitimer, peut perdre cette bataille. Ce qui, non seulement trahirait la règle qui fait que, comme au football, à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne, et donc, qu’aux élections, à la fin, c’est toujours « Bibi » le vainqueur, mais surtout débloquerait la vie politique et ouvrirait la société à une revitalisation des principes démocratiques.
Beaucoup de perdu, beaucoup à gagner, mais rien d’impossible : c’est l’équation d’un petit pays, normal mais également hors norme à beaucoup de points de vue, et beaucoup caricaturé.
Claude Meillet, Paris
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