Oui, des multinationales privées financent bien des partis politiques européens

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Commuters walk past European Union flags outside the European Commission headquarters in Brussels, Thursday, March 7, 2019. Brexit negotiations between Britain with the European Union will continue through the weekend, the country's chief law officer said Thursday as the U.K. scrambled to secure changes to the divorce deal before a vote in Parliament next week. (AP Photo/Francisco Seco)
Commuters walk past European Union flags outside the European Commission headquarters in Brussels, Thursday, March 7, 2019. Brexit negotiations between Britain with the European Union will continue through the weekend, the country’s chief law officer said Thursday as the U.K. scrambled to secure changes to the divorce deal before a vote in Parliament next week. (AP Photo/Francisco Seco) Francisco Seco / AP

L’omniprésence des lobbys au sein des institutions européennes est de notoriété publique. Le fait que de grandes entreprises privées et des groupements industriels financent directement des partis politiques européens l’est moins. C’est une réalité qu’a rappelée Marine Le Pen, jeudi 7 mars, sur RTL, en dénonçant le financement par des « lobbys », et notamment par le géant de l’agrochimie, Bayer Monsanto, du « parti d’Emmanuel Macron au Parlement européen », l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (l’ALDE).

L’accusation de la présidente du Rassemblement national (RN) vise plutôt juste, à un détail près : La République en marche (LRM) n’est pas officiellement membre de l’ADLE, même si les deux partis sont très proches et se sont alliés en vue des élections européennes. Mais l’ADLE a effectivement reçu, ces dernières années, d’importants financements de la part de Bayer, Uber, Google ou encore du géant suisse des pesticides Syngenta.

Sur la seule année 2018, ce parti centriste libéral a reçu 122 000 euros de la part de huit multinationales et lobbies. Tous ont payé un droit d’entrée compris entre 7 000 et 18 000 euros pour pouvoir intervenir lors du congrès annuel du parti, organisé à Madrid en novembre 2018, ou lors de colloques. Des représentants de Bayer et de Walt Disney ont participé à un débat sur « l’avenir du commerce, des investissements et de l’innovation » avec une commissaire européenne, une ministre finlandaise et un député allemand ; Uber et Stuart figuraient dans une table ronde sur « la flexibilité et le futur du travail », tandis que le directeur général du lobby de l’agroalimentaire FoodDrinkEurope donnait son avis sur « le marché unique après 2019 ».

« C’est une pratique courante et parfaitement légale »

Interrogé par Le Monde, Bayer explique avoir cosponsorisé des congrès de l’ADLE pour « faciliter un large débat sur divers sujets tels que l’innovation, l’agriculture ou le commerce », mais aussi « pour organiser des événements en marge des congrès et présenter la société ». « C’est une pratique courante et parfaitement légale [contrairement à la France, où le financement politique est interdit pour les entreprises, ndlr] : nous ouvrons nos débats à ces entreprises, qui participent en retour aux frais d’organisation de ces événements », explique, de son côté, Didrik de Schaetzen, le directeur de la communication de l’ADLE. Dans un état d’esprit très bruxellois, où le rapport aux lobbys est beaucoup plus décomplexé qu’en France, le parti revendique son ouverture aux « parties prenantes ». « On a aussi des relations avec des ONG », s’empresse de souligner M. de Schaetzen –, mais aucune n’a eu son rond de serviette au congrès de Madrid.

Une forme de lobbying ?

S’ils ne représentent qu’une goutte d’eau par rapport à son budget total de 3,5 millions d’euros, ces 122 000 euros sont extrêmement importants pour l’ADLE. Ces donations d’entreprises privées qui, par le plus grand des hasards, frôlent chacune pour la plupart le plafond légal annuel de 18 000 euros, lui permettent de rester dans les clous des règles européennes. Celles-ci imposent aux partis d’avoir, aux côtés de leur financement public, au moins 15 % de ressources propres issues de donateurs privés, de contributions des élus ou d’activités annexes.

Les chèques de Bayer, Google et consorts mettent-ils pour autant en danger l’indépendance des soixante-huit élus de l’ADLE au Parlement européen ? « Non, assure Didrik de Schaetzen. Participer au congrès d’un parti est différent par rapport au fait de faire du lobbying auprès d’un député individuel. »

D’autres partis concernés

1 million en cinq ans

Le parti centriste n’est d’ailleurs pas le seul à bénéficier de ces largesses. Selon les calculs du Monde, au cours de la dernière législature, quelque 83 entreprises ont versé 1 034 506 euros à cinq grands partis politiques européens.

Le Parti populaire européen (PPE), mouvement de droite auquel Les Républicains sont associés, a reçu 61 000 euros pour l’accueil de quatre multinationales (AT&T, Walt Disney, Microsoft et UPS) à son congrès annuel d’Helsinki, en novembre 2018.

La même année, les eurosceptiques du groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) ont reçu plus de 102 000 euros de neuf sociétés (AT&T, Triple-A, Estiom, MTI, Wastech, Galerie Gema, Qed Systtems, Without Limites et AWS Holding) et 47 000 euros de divers lobbies et fondations.

Les multinationales contribuent aussi de façon plus indirecte à l’activité politique européenne. Le géant américain des télécommunications AT&T sponsorise ainsi chaque année à hauteur de 12 000 euros une étude menée par la Fondation européenne d’études progressistes, un think tank rattaché au Parti socialiste européen. Son secrétaire général Ernst Stetter n’y voit « aucun problème d’indépendance : je n’accepterai pas que quelqu’un interfère dans le contenu de nos études ».

Le problème ne se pose pas pour l’Europe des nations et des libertés (ENL) : le parti européen de Marine Le Pen, qui fédère quarante-deux députés dans huit pays, n’a reçu aucune contribution privée. Il vit uniquement de son financement public (543 000 euros) et de la générosité de ses militants (124 000 euros).

Maxime Vaudano

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