« On dirait que quelque chose est déréglé »

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En Inde, les habitants du village de Komic, 4 587 mètres d’altitude, s’efforcent de survivre à la fonte des glaciers, à la multiplication des sécheresses et aux caprices de la météo.

Par Publié aujourd’hui à 11h42

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Dans le village de Komic (Inde), le 24 juillet.
Dans le village de Komic (Inde), le 24 juillet. GUILLAUME DELACROIX

Cette nuit-là, un léopard des neiges s’est aventuré près des maisons pour attaquer un bébé yack. Au petit matin, le bovin aux longs poils noirs a été retrouvé à demi-mort dans son enclos, et son propriétaire a passé plusieurs heures à le soigner devant sa porte. L’animal sera finalement sauvé. D’après le paysan de la ferme voisine, Tanpa Chhering, qu’un félin ose chasser dans le hameau est nouveau. « Avant, les léopards des neiges ne descendaient jamais aussi bas, on dirait qu’il y a quelque chose de déréglé », chuchote-t-il.

« Aussi bas », dans l’esprit de notre interlocuteur à la peau caramel et aux yeux bridés, caractéristiques des peuples tibéto-birmans, c’est 4 587 mètres. L’altitude de Komic, le village prétendument « le plus haut du monde desservi par une route carrossable ». Nous sommes en Inde, dans cette frange occidentale de l’Himalaya que les amoureux des motos Royal Enfield parcourent en meutes quand arrive l’été.

Komic est perché au-dessus de la vallée de Spiti, un joyau géomorphologique de 31 000 âmes, accessible en une douzaine d’heures harassantes depuis la piste vertigineuse qui relie la station thermale de Manali, à Leh, capitale du Ladakh, la province bouddhiste du Cachemire. La Chine est à 80 kilomètres à vol d’oiseau.

Tanpa Chhering est né là-haut et il y mourra… si le climat et ses sautes d’humeur lui en laissent le choix. « J’ignore si on est plus près que les autres des étoiles mais ce que je sais, c’est que c’est dur », nous confie-t-il en allant inspecter ses plantations en terrasses, au moment précis où un soleil ardent apparaît au-dessus des crêtes enneigées, qui culminent à plus de 6 000 mètres. « Pendant sept mois de l’année, il fait – 30 °C avec un vent à rendre fou, on est enfermés à crever de froid. Il nous reste ensuite cinq mois tempérés, entre les semis d’avril et la récolte de septembre, pour cultiver nos champs, avec des problèmes d’eau de plus en plus fréquents. »

« On est tributaires des précipitations »

Pour notre homme et sa femme, Lamo, tous deux quadragénaires, le souci est d’arriver à payer les études de leurs quatre enfants, trois filles et un garçon scolarisés dans de lointaines vallées. Ils ont besoin d’abreuver leur cheptel, douze moutons, deux vaches, deux yacks et deux ânes. Et surtout, d’irriguer l’hectare de terre hérité des parents, sur lequel ils cultivent, comme tous les paysans de cette partie du « toit du monde », l’orge et le petit pois. La seule chose qui les intéresse vraiment, c’est qu’il neige assez en hiver. « On est complètement tributaires des précipitations. Si le temps est sec à la saison froide, c’est très simple, on n’a plus d’eau à la saison chaude », expliquent-ils. Aucune réserve, aucun plan B.

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