Nouveau danger dans le Golfe

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Editorial. Si les prix du brut continuent de s’envoler après l’attaque contre l’industrie pétrolière saoudienne, les assaillants auront réussi leur pari : rendre la tension dans le golfe Arabo-Persique subitement palpable à travers la planète.

Publié aujourd’hui à 11h20

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De la fumée s’échappe du site pétrolier d’Abqaïq, en Arabie Saoudite, le 14 septembre.
De la fumée s’échappe du site pétrolier d’Abqaïq, en Arabie Saoudite, le 14 septembre. HAMAD I MOHAMMED / REUTERS

Editorial du « Monde ». Les cerveaux de l’attaque contre le centre névralgique de l’industrie pétrolière saoudienne, samedi 14 septembre, ont réussi un coup diabolique, que ni Saddam Hussein et ni Al-Qaida ne sont parvenus à faire en leur temps. En une salve de missiles ou un raid de drones – les modalités de l’opération demeurent incertaines –, ils ont fait chuter la production de pétrole mondiale de 5 %. Un effondrement d’une brutalité jamais vue dans l’histoire de l’extraction et du commerce de l’or noir.

Pendant la première guerre du Golfe, en 1991, les forces de l’Irakien Saddam Hussein avaient mis le feu à plus de six cents puits koweïtiens, pour masquer leur retraite, face aux chars de la coalition internationale sous commandement américain, et se venger de l’émirat pétrolier qu’elles voyaient leur échapper. Ces incendies avaient causé de gros dégâts environnementaux mais n’avaient eu guère d’impact sur le marché pétrolier.

Au milieu des années 2000, au plus fort de la vague d’attentats commis par Al-Qaida en Arabie saoudite, les djihadistes avaient semé la terreur dans plusieurs cités emblématiques de l’industrie pétrolière saoudienne, un secteur qui procure à l’Etat 80 % de ses revenus. Notamment le port de Yanbu sur la mer Rouge, et celui de Dhahran, sur la côte est, qui abrite le siège d’Aramco, la compagnie nationale pétrolière et la vache à lait du royaume, ainsi que de nombreuses bases de vie d’expatriés.

La répression de fer, mise en place par les autorités, leur avait permis d’endiguer cette quasi-insurrection. En février 2006, triste ironie de l’histoire, les forces de sécurité saoudiennes avaient réussi à déjouer un attentat contre le port d’Abqaïq, là même où est implantée la méga-usine de transformation de brut, la perle de l’empire Aramco, qui a été touchée samedi.

L’attaque atteste de la violence du choc encaissé le 14 septembre par le royaume saoudien. Le centre névralgique du pays, sa salle des machines, se retrouve à découvert. Le royaume s’était prémuni ces dernières années contre le risque d’attaque aux véhicules-suicides, bourrés d’explosifs, la principale menace planant sur ses infrastructures pétrolières dans les années 2000. Mais ces fortifications ne peuvent rien contre un drone kamikaze tombé du ciel. A supposer que l’attaque ait émané d’un missile, le système de défense antimissiles américain Patriot dont le pays s’est doté a eu, pour le moins, un dramatique raté.

Les ennemis de l’Arabie saoudite et de son allié américain semblent avoir trouvé la faille dans l’armure. Si les prix du brut continuent de s’envoler, les assaillants auront réussi leur pari : rendre la tension dans le golfe Arabo-Persique subitement palpable, pour des centaines de millions d’automobilistes à travers la planète. Plutôt que de mener à une nouvelle escalade verbale, toujours susceptible de dégénérer en affrontement direct, ce nouvel épisode de la crise, d’une gravité inédite, devrait inciter les parties à ouvrir enfin le dialogue. A force de jouer avec des allumettes, la région va finir par s’embraser pour de bon.

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